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Balades Cosmiques

critiques bc (cinema)

Joker - Folie à Deux : la critique

6 Octobre 2024, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Joker - Folie à Deux : la critique

Peut-être avez-vous lu ou entendu, ici ou là, des avis mitigés concernant ce Joker : Folie à Deux. Pour ma part, autant vous dire tout de suite que je l’ai trouvé à la hauteur du premier film.

L’intrigue prend sa suite directe. Arthur est incarcéré, dans l’attente de son jugement. C’est en prison qu’il va faire la rencontre, par un concours de circonstances, d’une autre détenue. Il s’agit bien sûr d’Harley Quinn.

Sur le fond, Folie à Deux parvient à surprendre (dès son intro... étonnante), car cette histoire n’est pas tout à fait celle à laquelle on s’attendait. Dans cette espèce de Silence des Agneaux sauce DC, Harley semble en effet davantage influencer Arthur que l’inverse. La conclusion nous apportera un semblant d’explication à cette drôle de relation, qui ne relève finalement pas de l’origin story. Qui manipule qui ?

Todd Phillips reste un esthète et, sur la forme, Folie à Deux s’avère aussi beau dans sa photo sinistre que Joker. Joaquim Phoenix renouvèle sa performance, paré d’une maigreur affolante, et Lady Gaga n’est pas en reste, dans son rôle de groupie psychotique. Sa maîtrise du chant et de la danse apporte un plus aux délires fantasmés d'Arthur, qui donnent lieu à de jolies séquences de comédie musicale.

Ce concept s’impose d'ailleurs assez naturellement car bien amené, par petites touches. Quelques notes de musique, des personnages qui chantonnent... avant de passer à des shows hauts en couleur. On comprend toutefois assez vite que tout ce barnum ne se passe que dans la tête d’Arthur, afin d’échapper à l’enfer de l’univers carcéral.

Le film s'oriente dans sa deuxième partie vers un genre très américain : le film de procès. L'enjeu consiste à savoir si Arthur est responsable de ses actes. On l'aurait espéré un peu plus fou, avec un Joker prenant le pouvoir et dézingant tout le tribunal, mais au final il sert surtout de prétexte à une relecture du premier film via ses témoins. Le soufflet retombe, le Joker se dégonfle comme un ballon de baudruche.

MÉGA SPOILER

Dans la conclusion de Folie à Deux, Todd Philips nous confirme qu’il n’a jamais eu l’intention de raconter les origines du Joker. Il souhaitait en réalité aborder la question des problèmes mentaux et de l’absence d’empathie dans nos sociétés modernes, à la façon d’un Martin Scorsese.

Dans la dernière scène, nous voyons ainsi un détenu suriner Arthur. Ce jeune homme à l’air juvénile nous est montré via quelques plans durant le métrage, toujours souriant, visiblement fasciné par Arthur. Il finit par se tailler un sourire sur le visage, dans le flou de l'arrière-plan après avoir "tué le père", qui agonise au premier plan.

Arthur n’est donc pas le véritable Joker. Il renonce d’ailleurs à sa double personnalité en plein procès, au grand dam d’Harley. Celle-ci n’était finalement qu’un alibi à sa vengeance sur une société qui l’a martyrisé.

Le vrai Joker est, lui, un réel psychopathe. Son jeune âge laisse à penser qu’il s’agit bien de la némésis qu’affrontera Bruce Wayne, encore enfant, plus cohérent qu’un Joker quarantenaire. Un authentique fou influencé par un mentor, donc. L'apparition d'un Harvey Dent, alors substitut du procureur, très jeune également, accrédite cette thèse. Les verra-t-on dans le prochain The Batman ? Le film se déroulant de nos jours, et Joker dans les années 80, ce serait étonnant. Notons d'ailleurs que la chronologie des films Batman est assez chaotique.

Folie à Deux apparaît finalement comme un travail de déstructuration, de déconstruction du premier film, un peu comme l’a été Matrix : Resurrections avec la trilogie, ou la dernière saison de X-Files. La boucle est tristement bouclée, et laisse à penser que nous avons assisté à un théâtre de faux semblants. Cela ne plaira pas à tout le monde, sûrement pas aux fans de DC. Après s'être identifiés à Arthur, sans doute espéraient-ils voir le Joker s'affirmer et semer le chaos dans Gotham comme l'Épouvantail dans Batman Begins. Au lieu de ça, Arthur retourne à la case départ, et son histoire finit comme elle devait se terminer : mal. Un peu comme lorsque Lana Wachowski nous montre Néo dans un miroir, pour dévoiler un geek bedonnant perdant ses cheveux. Voilà qui nous renvoie à la réalité, et ça fait mal.

Todd Philips nous aura finalement adressé un joli pied de nez en nous amenant sur une mauvaise piste, comme l'aurait fait le Joker. Au fond, il adresse une douche froide à tous ceux qui ont vu dans le Joker un héros, un révolutionnaire prêt à déboulonner le système. Il n’y a pas de Joker, juste un malade mental produit par une société inhumaine dénuée d'empathie, et le système restera tel qu’il est, et il y aura d'autres Arthur. Décidément, je ne peux m’empêcher de repenser à Matrix : Resurrections...

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Mégalopolis : la critique (assassine)

30 Septembre 2024, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Performance d'acteur : "J'AI PEUR DE TOMBER !"

Performance d'acteur : "J'AI PEUR DE TOMBER !"

Alors, Mégalopolis, ça vaut quoi ?
Je ne saurais pas trop dire, j’ai quitté la salle avant la fin de la première heure, ponctuée de micro siestes.

Nanar cosmique à la photo dégueulasse (c’est jaune pisse et flou), le film est incompréhensible, sans queue ni tête, et enchaîne les dialogues complètement surréalistes dignes d'Au Théâtre ce Soir. Personne ne parle comme ça ! Alors certes, c’est une fable (c’est marqué sous le titre au début : UNE FABLE, pour bien qu’on comprenne), mais l’ensemble m’a rappelé les Farfadets de Limoge d’Elie Seimoun.

Je n’en pouvais plus, de ça des gros plans sur le visage boutonneux d’Adam Driver et des sourcils broussailleux de Nathalie Emmanuel, de leurs gesticulations... Parfois, ils remuent les bras et tournent sur eux-mêmes, on ne sait pas trop pourquoi, si c’est improvisé ou si on leur a demandé... Coppola multiplie les plans de coupe pour montrer les réactions, sans intérêt, du casting... Giancarlo Esposito sourit bêtement sans raison... En l’absence de direction d’acteur, sans doute s’est-il dit : "Je vais sourire, je donnerai l’impression d’être sûr de moi". Lawrence Fishburne est relegué au rang de majordome, comme dans une comédie de boulevard... Shia Leboeuf ressemble à Michael Youn sous acide, j’ai un moment cru que c’était lui. John Voight est en mode mort-vivant... Tout le monde est en roue libre, en fait des caisses, ce qui semble confirmer les rumeurs autour d’un tournage désastreux où Coppola était aux abonnés absents. Ce film est juste gênant. J’ai eu l’impression de voir des gens bourrés faire une impro théâtrale devant moi.

J’ai en fait quitté la salle au moment où (spoiler) Adam Driver rend visite à sa femme défunte, et dont on l’accuse du meurtre pour servir de « carburant » à ses créations architecturales. Si j’ai bien compris.
Ce que j’ai bien saisi, c’est qu’il s’agit d’une référence à l’épouse de Coppola, récemment décédée. A la rigueur, ça aurait pu faire une bonne scène. Driver s’éloigne du centre ville, le jaune laisse place à la noirceur, on découvre une banlieue déliquescente où des statues symbolisant la justice s’effondrent. Au milieu, une oasis de lumière abrite le souvenir précieux de son épouse, endormie telle la Belle au Bois Dormant.

Là où le bât blesse, c’est que ce genre de scène doit être amené. Or les personnages ne sont pas exposés, en fait rien n’est exposé, si ce n’est par des textes et une voix off très explicatifs. Au final, on comprend plus ou moins que la ville est endettée et qu’il existe une rivalité entre le maire et son architecte de génie qui la reconstruit (comme dans Robocop 2, où c’est mieux exposé 😊). L’intrigue est intéressante, pourquoi la noyer sous une avalanche de dialogues et monologues grotesques où Driver se prend les pieds dans le tapis et parle à sa maîtresse comme s’il jouait une pièce de Shakespeare ?

Un dernier mot sur les effets spéciaux, immondes (le studio de SFX a été remplacé en cours de tournage, on ne sait pas pourquoi). Où sont passés les 120 millions de dollars ? Coppola a vraiment hypothéqué son vignoble pour ça ? Même le ciel nuageux semble faux !

Bref, ça fait quarante ans que Coppola nous parle de son Mégalopolis, l'oeuvre d'une vie selon lui. Auto-produit et sans regard extérieur, on se rend compte que les producteurs ne sont pas forcément les ennemis des réalisateurs.

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Alien - Romulus : la critique

25 Août 2024, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Alien - Romulus : la critique

Romulus a le mérite de s’inscrire dans l’esprit Alien, aussi bien sur le fond que sur la forme. De sa technologie rétrofuturiste où les ordinateurs ressemblent à des moniteurs Amstrad CPC à son exposition contemplative, l’intention est là. Fede Álvarez (Evil Dead, Don’t Breath) est de cette génération de réalisateurs qui prennent le temps d’installer leur décor, et son style colle parfaitement à Alien.

Logiquement, le film reprend bon nombre d’éléments à la saga, mais aussi à la mythologie injectée par Prométheus dans la franchise. Parfois de façon un peu trop appuyée et lourdingue (le résumé du premier film, sans doute destiné au jeune public), mais les références à la Weyland-Yutani, l’apparition de têtes connues ou des mitrailleuses d’Aliens ne font que renforcer la cohérence de l’ensemble.

Le film nous embarque avec une bande de jeunes mineurs de la Weyland-Yutani (majeurs, mineur c’est leur métier) en quête d’un ailleurs. Un mauvais choix les entraînera dans une fuite en avant sur un vaisseau en orbite, sans possibilité de retour. L’intrigue prend ainsi la forme d’un slasher, sans doute un peu trop. Il use et abuse des facilités avec son groupe de jeunes qui prennent les mauvaises décisions, ses portes qui ne s’ouvrent pas et ses jump scares aux airs de pétard mouillé. Restent quelques bonnes idées qui sauvent la mise, comme son androïde « autistique » qui se déshumanise en s’upgradant et en devenant plus cynique (et non pas plus intelligent). Ou bien cette scène empruntée à Don’t Breath où les personnages doivent traverser une salle sans un bruit.

On connaît la formule, aussi bien celle d’Alien que des slashers, et on devine rapidement comment ce cauchemar va finir. Les personnages martyrisés ont le charisme de la chair à canon, excepté l’androïde, et globalement on se désintéresse autant de leur sort que dans un Vendredi 13. Le tout ressemble un peu trop à un jeu de massacre où le réalisateur essaye de meubler l’intrigue avec des morceaux (voire des plans entiers) des films Alien, Prometheus ou Alien Covenant, et même le jeu vidéo culte Alien Isolation.

Le cahier des charges est rempli, mais sans l’effet de surprise d’un Aliens, Alien 3, ou même Prometheus et Alien Covenant, malgré leurs maladresses. Disons que tout cela reste convenu, et n’apporte pas grand chose à la saga (la créature finale est une idée reprise à Alien Resurrection).

Au final, ce que l'on nous avait vendu comme une relecture mythologique de la saga n'est donc qu'un banal slasher regorgeant de fan-service et enrobé, il est vrai, de belles images et de quelques bonnes idées.

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Dune, deuxième partie : la critique

3 Mars 2024, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Dune, deuxième partie : la critique

La première partie de Dune nous avait laissés avec Paul et sa mère, Dame Jessica, recueillis par une tribu fremen après la destruction de leur famille par les Harkonnen et leur fuite dans le désert. Cette deuxième partie débute au même point pour nous relater la suite du roman, lui-même découpé en deux volumes dans son édition poche.
Trois actes, étalés sur deux heures quarante, prennent le temps d’exposer l’intégration de Paul et Jessica chez les Fremen, les manigances politiques menées par l’Empereur, les Harkonnen et le Bene Gesserit, et la conclusion théâtrale de cette épopée.

Si vous ne connaissez rien du roman, ça risque de spoiler un peu (en même temps, l'affiche révèle la scène finale...).

 

Acte 1 : touaregs et religion bidon

Nous retrouvons vite le même style éthéré, presque hypnotique, évoquant un mauvais rêve, porté par la musique planante de Hanz Zimmer, du premier épisode. Villeneuve prend le temps de nous décrire les Fremen, sans édulcorer l’influence orientale de Dune. Le film affiche un souci du détail dans la description de leurs tenues, tatouages, rituels, langage (sous-titré), et même de leurs prières, en évoquant irrémédiablement une imagerie « flaubérienne » issue d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ou plutôt National Geographic, diront les mauvaises langues). Il corrige là une tare – et cela n’est pas la seule, nous y  reviendrons – du premier film où l’on voyait surtout les Fremen vêtus de leur distille (combinaison) et parlant le langage commun. Une présence trop appuyée, selon les critiques négatives du film, mais rappelons que cette histoire est racontée du point de vue de Paul, en évitant la narration partagée et alternée du roman.

Autre point positif : il n’élude pas non plus la critique de la religion, très virulente chez Frank Herbert. Dans Dune, celle-ci est clairement décrite comme un outil de manipulation des masses. Dame Jessica développe ainsi les germes semés par son ordre depuis des millénaires sur Arrakis, en confirmant la rumeur instaurant son fils en tant que messie. Une intoxication subtilement menée par Villeneuve, qui installe un changement de comportement progressif chez ses personnages contraints à s’adapter pour survivre, après « avoir vu l’avenir » (ou les avenirs, pour être précis).

Globalement, ce premier acte est donc très audacieux, à l’image du roman, car il assume l’idée d’une guerre sainte (sans toutefois utiliser le terme de « Jihad » du bouquin) menée par des rebelles d’inspiration moyen-orientale, sur fond d’exploitation de ressource naturelle (l’Épice). Un concept effrayant étant donné le contexte géopolitique actuel (comme quoi, Herbert était décidément un visionnaire). Nous apprenons à cette occasion que les Fremen du Sud, beaucoup plus nombreux, sont également plus farouches, mais également des fondamentalistes plus sensibles à la prophétie du messie (référence aux Chiites et aux Sunnites ?). Ils représentent donc des cibles toutes indiquées pour la propagande de Dame Jessica.

Ainsi, le film ne rend pas ses personnages principaux – prêts à manipuler des indigènes pour servir leur soif de vengeance – spécialement sympathiques. Toute l’ambiguïté et le cynisme de Dune sont donc respectés.

 

Acte 2 : le grand échiquier

Le sujet des Fremen traité, dans une partie qui représente un film à elle seule, Villeneuve nous décrit le monde industriel fascisant des Harkonnen. Accordons-lui le mérite d’aller au bout de ses concepts, en nous présentant un monde monochrome noir et blanc et en exposant toute la cruauté de cette famille dégénérée.

Dune restant une histoire politique, il s’attarde aussi sur l’Empereur et sa fille, ainsi que sur l’Ordre Bene Gesserit auquel appartenait Dame Jessica. Cette partie nécessite peut-être de connaître à minima le livre, étant donné les luttes de pouvoir en jeu (et encore, le film omet la Guilde des Voyageurs Spatiaux et les commerçants de la CHOM).

En évitant une narration parallèle, Villeneuve fait de cet acte un écho à la montée en puissance de Paul, qui n’est pas passée inaperçue, alors que tout le monde s’interroge sur cet étrange messie fremen (l’hériter des Atréides étant censé être mort, l'Empereur ignore qu'il s'agit de Paul).

 

Acte 3 : une conclusion shakespearienne

Là encore, le film suit le roman vaille que vaille avec sa conclusion étrange, où tous les protagonistes sont réunis sur Arrakis pour régler leurs divergences autour d’un simple duel, alors que le chaos règne autour d’eux. L'Empereur a en effet eu l'idée stupide de se rendre en personne sur Dune, après avoir reçu une lettre de Paul frappée du sceau des Atréide (en indiquant ainsi qu'il est le messie des Fremen). L'enjeu consiste alors pour lui à sanctionner les Harkonnen, qui en plus d'avoir laissé Paul en vie ont été incapables de mesurer l'ampleur de la menace fremen, au niveau de leur nombre et de leur ferveur religieuse. Un certain doute demeure d'ailleurs ce point : le baron sait-il que Paul est toujours en vie, et qu'il est le leader des fremen ?

Second enjeu de sa visite sur Dune : décidé à négocier la rédition du messie fremen, sous la pression de son armée, l'Empereur va se laisser prendre à son propre jeu. Il ignore alors que Paul dispose des atomiques de sa famille, qu'il contrôle les vers des sables, et qu'il est à la tête de millions de fremen. Il leur permettra ainsi de se répandre dans l'univers en utilisant ses vaissaux. Un final marquant la déshumanisation définitive de Paul et sa mère : à ce stade, tous deux sont prêts à provoquer des dizaines de milliards de morts en initiant une croisade, une fatalité qu'il voulait à tout prix éviter.

Notons d’ailleurs à quel point le film est généreux en action et en souffle épique, là où le premier en manquait cruellement avec ses combats mous et ses vers des sables filmés dans le noir. Il s’agissait-là de l’une de mes déceptions (voir ma critique), or ces deux heures quarante m’ont semblé passer d’une traite.

On regrettera peut-être des éléments passés à la trappe (non, le mentat Thufir Hawat n’est pas mort !), les casques bizarres de Florence Pugh, ou un Christopher Walken peu concerné (il nous est toutefois décrit comme dépressif par sa fille), tout en saluant la folle idée d’avoir « fait parler » le fœtus de Dame Jessica. Le film se permet également quelques changements « osés » (la défiance de Chania) et des seconds rôles apportant une réelle plus-value (Souheila Yacoub).

Bref, une suite boostée puissance dix par rapport à un premier film timide, qui au passage passe ce soir sur TF1 à 21h10.

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Mission Impossible - Dead Reckoning : la critique

31 Juillet 2023, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Mission Impossible - Dead Reckoning : la critique

Mission Impossible est aujourd’hui devenu - à l’image de la série dont il s’inspire - une saga à épisodes, avec pas moins de sept films au compteur (en attendant le prochain). Ce nouvel opus, Dead Reckoning, exploite un thème « tendance » : celui des intelligences artificielles. Un prototype de logiciel militaire devient ici conscient, et prend le contrôle de tous les outils numériques créés par l’Humanité. On pense donc fort naturellement à Terminator et Skynet, mais aussi à Tron Legacy, étant donné le traitement quasi-divin accordé à l’IA, omnipotente et omnisciente. Tributaires de leurs gadgets, devenus des outils de contrôle à distance pour l'IA, nos agents sont ainsi contraints de recourir aux bonnes vieilles méthodes de l’espionnage.

Un retour aux fondamentaux imposé, donc, avec quand même un peu de technologie, avec des agents jouant au chat et à la souris dans un aéroport ou changeant d’identité comme de slip, ambiance Guerre Froide. Tout du long, Dead Reckoning fait un peu penser à un tournoi de Rubik’s Cube, avec son intrigue en constante reconfiguration sur un rythme trépidant. De nouveaux personnages, de nouvelles menaces et de nouveaux enjeux entrent constamment dans le champ de l’action, en redéfinissant le plan méticuleusement mis en place par nos agents pourtant rompus aux imprévus.

Cette montagne russe d’événements présente toutefois un inconvénient. Débutant sur un ton inhabituellement sombre et solennel, le film bascule dans la comédie (réussie) dans sa deuxième partie lors d’une course-poursuite folle à Rome, puis retrouve son sérieux, avant de retomber dans la gaudriole. « C’est le cas dans tous les MI », me direz-vous, mais Protocole Fantôme trouvait un certain équilibre moins brutal en mêlant l’humour au drame.

L’ennemi n’est pas seulement virtuel, et précisons que les méchants au service de l’IA sont parfaitement réussis, notamment Pom Klementieff (la Mantis des Gardiens de la Galaxie) dans un rôle de tueuse sadique à contre-emploi. Notons également que les acteurs et les actrices se battent clairement eux-mêmes, chose tout à fait appréciable qui évite des cuts pour masquer les visages. Les scènes d’action sont d’ailleurs monstrueuses. Nous avons déjà évoqué la course-poursuite, scène d’action classique mais que chaque MI parvient à faire innover, mais on pourrait également louer la scène finale. Sans spoiler, une énorme séquence à bord de l’Orient-Express ne peut que faire penser à Titanic...

Malgré sa durée conséquente, Dead Recokning reste toutefois une première partie. La fin nous laisse donc un peu sur notre... faim. Mais le film élimine des pions pour mieux en introduire d’autres, en nous donnant ainsi l’impression d’un plan parfaitement calculé sur la durée (à la différence d’un Star Wars, par exemple). En attendant la suite...

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