Romulus a le mérite de s’inscrire dans l’esprit Alien, aussi bien sur le fond que sur la forme. De sa technologie rétrofuturiste où les ordinateurs ressemblent à des moniteurs Amstrad CPC à son exposition contemplative, l’intention est là. Fede Álvarez (Evil Dead, Don’t Breath) est de cette génération de réalisateurs qui prennent le temps d’installer leur décor, et son style colle parfaitement à Alien.
Logiquement, le film reprend bon nombre d’éléments à la saga, mais aussi à la mythologie injectée par Prométheus dans la franchise. Parfois de façon un peu trop appuyée et lourdingue (le résumé du premier film, sans doute destiné au jeune public), mais les références à la Weyland-Yutani, l’apparition de têtes connues ou des mitrailleuses d’Aliens ne font que renforcer la cohérence de l’ensemble.
Le film nous embarque avec une bande de jeunes mineurs de la Weyland-Yutani (majeurs, mineur c’est leur métier) en quête d’un ailleurs. Un mauvais choix les entraînera dans une fuite en avant sur un vaisseau en orbite, sans possibilité de retour. L’intrigue prend ainsi la forme d’un slasher, sans doute un peu trop. Il use et abuse des facilités avec son groupe de jeunes qui prennent les mauvaises décisions, ses portes qui ne s’ouvrent pas et ses jump scares aux airs de pétard mouillé. Restent quelques bonnes idées qui sauvent la mise, comme son androïde « autistique » qui se déshumanise en s’upgradant et en devenant plus cynique (et non pas plus intelligent). Ou bien cette scène empruntée à Don’t Breath où les personnages doivent traverser une salle sans un bruit.
On connaît la formule, aussi bien celle d’Alien que des slashers, et on devine rapidement comment ce cauchemar va finir. Les personnages martyrisés ont le charisme de la chair à canon, excepté l’androïde, et globalement on se désintéresse autant de leur sort que dans un Vendredi 13. Le tout ressemble un peu trop à un jeu de massacre où le réalisateur essaye de meubler l’intrigue avec des morceaux (voire des plans entiers) des films Alien, Prometheus ou Alien Covenant, et même le jeu vidéo culte Alien Isolation.
Le cahier des charges est rempli, mais sans l’effet de surprise d’un Aliens, Alien 3, ou même Prometheus et Alien Covenant, malgré leurs maladresses. Disons que tout cela reste convenu, et n’apporte pas grand chose à la saga (la créature finale est une idée reprise à Alien Resurrection).
Au final, ce que l'on nous avait vendu comme une relecture mythologique de la saga n'est donc qu'un banal slasher regorgeant de fan-service et enrobé, il est vrai, de belles images et de quelques bonnes idées.