Terminator - Dark Fate - La critique
Il va falloir se faire une raison : il n’existe, et n’existera que deux Terminator, les autres films demeurant pour l’éternité des apocryphes. Terminator – Dark Fate, présenté comme une suite directe de Terminator 2, adoubé par James Cameron en personne, était censé laver l’affront des trois films qui l’ont suivi (peut-être plus, je ne sais plus, j’ai fini par décrocher). Hélas, autant le dire sans détour : il semblerait qu’une malédiction liée à la franchise ait pour effet de donner à tout Terminator non filmé par Cameron des allures de nanar. Dark Fate ne fait pas exception à la règle.
Pourtant, ça commence plutôt bien, dans la tradition des Terminator, avec des gens tout nu qui voyagent dans le temps. Histoire de varier un peu, on les fait ici apparaître un peu n’importe où, au milieu du trafic, sur un pont, en hauteur, etc. Mais passée cette intro « dans le ton », le film révèle bien vite ses lacunes. Dès que les personnages commencent à parler, à vrai dire. Je dois ici préciser que j’ai vu la VF, mais les dialogues sont assez affligeants, on a souvent l’impression qu’ils ont été écrits par un enfant. Reprenant parfois au mot près ceux de T1 et T2, ils enfilent les perles, appuient bien lourdement ce qui paraît évident, et à l'occasion s’essayent à un humour complètement hors de propos. Pour être honnête, j’ai à plusieurs reprises eu le sentiment de regarder une parodie des ZAZ (Y a-t-il un Pilote dans l’Avion ?).
Ensuite, là où les personnages de Cameron passaient pour des fous et s’évertuaient à convaincre un monde incrédule, ceux de Miller acceptent tout comme si de rien n’était. L’apparition d’un cyborg tueur venu du futur, l’imminence de l’Apocalypse, la mort de leurs proches ? Oui bon, pourquoi pas... Une petite larmichette au passage, histoire de dire qu’on est ému, puis sans transition le film enchaîne les scènes d’une façon artificielle et, c’est le cas de le dire, robotique.
Quant à l'interprétation... À la rigueur, un script moyen peut parfois être sublimé par le jeu des acteurs, mais force est de constater que l’ensemble du casting – exceptée Davis Mackenzie qui fait ce qu’elle peut, mais nous y reviendrons – est à la ramasse, avec une Linda Hamilton qui ressemble plus à un mix entre une Françoise Hardy énervée et Sam le Pirate qu’à Sarah Connor, et une Natalia Reyes au jeu épouvantable qui nous fait réévaluer Emilia Clarke.
Ajoutez à ça des ressorts scénaristiques bien lourdingues (la relation conflictuelle entre Sarah et le T800), des twists qui tombent à l’eau, des scènes d’action ringardes vues et revues, parfois filmées dans le noir, des effets numériques ratés (ceux de T2 semblent plus récents), et vous obtenez un spectacle d’un ennui mortel qui n’apporte rien à la saga. Et histoire de se donner du fond, le film se pare d’un discours idéologique convenu, entre girl power et sous-texte anti-Trump bien appuyé, avec passage de frontière et centre de détention compris, où les Mexicains immigrés deviennent les futurs sauveurs de l’Amérique (ce qui en fait, par une étrange coïncidence, comme si la politique contaminait le cinéma, mais quoi de plus logique au fond, l’antithèse de Rambo – Last Blood).
Rien à sauver, donc ? Si, quelques idées intéressantes. Une nouvelle timeline (et oui, encore une) sans Skynet et sans la famille Connor. Un nouveau type de soldat augmenté, basé sur le concept nietzschéen « Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même. » Un personnage central féminin, porté par le charisme de Davis Mackenzie, aperçue dans Blade Runner 2049 et qui mérite franchement mieux que ça...
Sinon, certains cinémas diffusent Terminator 1 & 2 en 4D. J’dis ça j’dis rien.