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Balades Cosmiques

critiques bc (cinema)

No Time to Die - La critique

10 Octobre 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

No Time to Die - La critique

     No Time to Die se veut une synthèse de tous les Bond période Daniel Craig, une fin de cycle destinée à ouvrir une nouvelle saga "révisée" à la tendance actuelle (mais nous y reviendrons...). Le ton réaliste imposé par les autres films, qui progressaient habilement d'un Bond brut de décoffrage vers le gentleman que l'on connaît (le smoking, Miss Moneypenny, M devenu un homme, Spectre, les gadgets...) laisse logiquement la place dans cette conclusion à un ton proche de la comédie totalement assumé, similaire aux épisodes des années 80 avec Roger Moore.

     Cette lecture un peu décalée est surprenante au premier abord, dans la mesure où le trailer et l'introduction (interminable !) nous vendent un film assez sérieux. Une scène de slasher s'enchaîne ainsi sur une romance de dolce vita, avant un recueillement sur une tombe faisant le lien avec Casino Royale... Au final, passé son générique particulièrement moche, No Time to Die s'avère la plupart du temps fun et déconnant, pour le meilleur (l'agent Paloma) et pour le pire (certaines punchlines).

     Le scénario est plutôt bien troussé. Bond, retraité du MI6 pour la énième fois, se la coule douce jusqu'à ce que son ami Felix Leiter le recrute pour une mission. 007, qui a perdu son matricule, se retrouve donc en concurrence avec son homologue, le nouveau (enfin la nouvelle, mais là encore nous y reviendrons) 007, sur la même mission... qui va donner lieu à un passage en revue des intrigues de la saga en suspens.

     La menace à combattre s'inscrit, elle aussi, dans l'air du temps, puisqu'il est question d'un virus potentiellement mortel pour des millions de victimes. A côté de ça, le script est truffé de petites choses intéressantes. Bond fait un peu l'inventaire de sa vie, finalement assez vide, il rejette sa dernière occasion de construire un couple durable, ne sait pas comment se comporter face à un enfant (une gamine à la candeur formidable !)... Bref, il reste bloqué au stade freudien du sale gosse, incapable de passer au stade adulte, dans une logique où, passé un certain âge, les amusements (femmes, combats...) ne lui sont plus accessibles, et où il ne lui reste plus beaucoup d'options... A ce titre, No Time to Die est cohérent avec toute la franchise, et même avec les romans de Fleming. Bond n'a aimé qu'une fois, une femme qui l'a trahi, et jamais plus il n'accordera confiance à qui que ce soit. On voit d'ailleurs dans cet opus que même son père de substitution, M, déçoit la confiance qu'il avait en lui...

     Notons au passage, avant d'enchaîner sur les spoils, que les scènes d'action, dynamiques et lisibles, sont très réussies (la moindre des choses dans un Bond...), et qui plus est ponctuées de petites originalités (le braquage de l'immeuble, le plan-séquence du final...).

     Le film a donc pour lui le mérite d'être cohérent, puisque d'une certaine façon, Craig aura rempli son rôle de précurseur à Sean Connery, et la saga de préquelle à James Bond contre Dr No. No Time to Die fait donc table rase de tout ce qui a été construit après avoir rempli la mission de la saga Craig : expliquer comment Bond est devenu Bond. Et il ne fait pas dans la dentelle. Spectre est décimé, pour laisser place à un méchant totalement bondien : un psychopathe défiguré propriétaire d'une île, avec une armée à ses ordres, et des plans de destruction massive. On ne cherche donc plus à être réaliste. Les gadgets et l'humour sont omniprésents, les canots de sauvetage surgissent comme par magie, on se téléporte en claquant des doigts, on cherche à venger son ami, et le méchant est très méchant. Attention, là encore : il ne s'agit pas d'un reproche, cette évolution étant parfaitement cohérente avec la liaison voulue. Si le film ne se terminait pas comme il se termine, il pourrait fort bien s'enchaîner directement avec James Bond contre Dr No. Il s'agit simplement d'un changement de codes cohérent avec la saga James Bond, devenue un genre à part entière.

     Notons par ailleurs, en aparté, que je reste persuadé que, dans le script original, Lyutsifer Safin était bel et bien No, avant un rétropédalage du studio craignant les accusations de "whitewashing"). Les indices sont multiples. Il porte un masque de théâtre "no", un kimono, on l'appelle "Professeur", et on peut interpréter le titre ainsi : " No (Time to Die)".

     Venons-en aux sujets qui fâchent. Daniel Craig n'a pas toujours l'air convaincu par ce qu'il dit (on sait que le scénario a beaucoup été retouché en cours de tournage), en plus d'avoir l'air fatigué (il ressemble de plus en plus à Poutine). Il semble même parfois s'auto-parodier, y compris lors d'une scène censée être tendue, légèrement inspirée du Silence des Agneaux. Mais surtout, certains dialogues sont assez... dérangeants. Je pense ici au nouvel agent 007 (car oui, il est bel et bien remplacé, par une femme noire en l'occurrence) expliquant à Bond que les types comme lui (comprendre le mâle blanc hétéro) ont fait leur temps et qu'ils appartiennent à l'ancien monde (en le traitant même de "vieille épave"). Difficile de ne pas y voir un discours idéologique, surtout dans la mesure où il est à la ramasse et qu'elle a toujours une longueur d'avance sur lui. Bond, régulièrement humilié, se balade dans le MI6 avec un passe "visiteur", encadré par deux femmes, néo-OO7 le prend en stop alors qu'il marche tout penaud, elle pilote un planeur à sa place, car il est dépassé, il ramasse le doudou d'une petite fille... Or ce qui est drôle dans OSS 117 devient malaisant appliqué à son modèle, censé fonctionner au premier degré.

     L'assurance et l'aisance de Lashana Lynch dans le rôle de l'agent Nomi sont indéniables, là n'est pas le problème. Plus précisément, nous ne sommes plus dans la logique d'un Meurs un Autre Jour et Demain ne Meurs Jamais, où Bond faisait équipe avec Halle Berry et Michelle Yeoh, sur un plan d'égalité. L'intention (louable) de ne plus reléguer femmes et minorités ethniques au rôle de faire-valoir, et de se démarquer des préjugés conservateurs de Ian Fleming, laisse ici la place à l'objectif clairement assumé d'attribuer un matricule légendaire à un symbole, une égérie, l'antithèse de Bond. De l'effacer du paysage, comme s'il n'avait jamais existé, plutôt que d'attribuer un matricule 008 à son successeur.

     A voir la façon dont finit Bond, dans un esprit "pousse-toi de là que je m'y mette" qu'on pensait réservé aux productions Disney, on se dit que l'incarnation même du mâle politiquement incorrect est passée à la moulinette de l'idéologie "progressiste", du "canceling". Un triste constat. Un reniement, même, là où le magnifique plan-séquence d'ouverture de Spectre assumait totalement le concept d'assassin sexiste sur lequel est fondé le personnage. Bond aura survécu à tout, sauf aux wokes ! :-)

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Dune - La critique

19 Septembre 2021, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Dune - La critique

     Vous avez sans doute déjà lu ou entendu un peu partout des critiques dithyrambiques au sujet du film de Villeneuve. Dune restant mon roman préféré, je suis sans doute trop exigeant, et serais donc moins élogieux. Je ne reviendrai pas sur les qualités du film louées ici et là, fidèle à l’œuvre de Frank Herbert, dans son traitement de l’inspiration orientale ou de la religion. On retrouve bien son intelligence, sa richesse, sa profondeur, sa philosophie, ou même sa cruauté, sur le fond ou sur la forme, grâce au travail minutieux fait sur le script et sur l’aspect visuel (les vaisseaux ressemblent à des libellules et les Bene Genessit à des bonnes sœurs, on n’est pas perdus). Mais voilà, je reste un peu sur ma faim. Voici mes impressions à chaud, point par point, un peu pêle-mêle.

     Denis Villeneuve ouvre Dune en adoptant le point de vue des Fremen, un parti-pris assumé qui nous place du côté de l’indigène colonisé. Paul, le héros de l’histoire, est introduit peu après. Premier problème : Thimotée Chalamet a constamment l’air endormi, les paupières mi-closes, comme shooté à l’Épice… Le concept et les nombreuses thématiques de Dune sont ensuite exposés à travers un montage un peu brutal (on passe du coq à l’âne), où est présentée la maison Atréide. Globalement, le job est fait, on comprend de quoi ça cause, même si on peut toujours regretter certains oublis. Le rôle de la Guilde, ou l’explication de ce qu’est un Mentat, par exemple.

     Puis vient l’arrivée sur Arrakis, présentée auparavant comme une tragédie pour les Atréide. Une arrivée en fanfare, au son d’une cornemuse, comme lorsqu'un cirque arrive en ville… Pour le coup, je préférais la version de Lynch, qui nous faisait ressentir le poids suffocant de la chaleur à travers ses effets de flou, telle une entrée en enfer. Visuellement, Villeneuve opte quant à lui pour un désert délavé au ciel blanc, ma foi assez original qui traduit sa nature lumineuse aveuglante.

     Une fois les Atréide installés, l’apparition de Stilgar apparaît assez gênante, voire malaisante, de par le jeu de Javier Bardem qui surjoue la nonchalance, comme s'il interprétait un forain en colère prêt à coller une patate au duc Leto… L’attaque des Sardaukars s’avère également décevante. Trop sombre, peu lisible. En outre, les soldats sacrés tombent comme des mouches, alors même que la séquence qui la précède, où le caractère fanatique des légions de l’Empereur est parfaitement retranscrite, nous promettait du lourd. D'une manière générale, les scènes censées être épiques tombent d'ailleurs un peu à plat, filmées mollement ou dans un noir presque total (l'apparition d'un ver des sables est un gros pétard mouillé). Dans un cadre de grand spectacle, pourquoi ne pas trahir un peu le roman en filmant les scènes spectaculaires en plein jour ?

     Enfin, après beaucoup de longueurs, le film se clôt sur un anti-climax (une baston dans le désert), sous le regard d’une Chani sans charisme, en nous promettant plein de belles choses pour une suite encore loin d’être confirmée.

     Et donc voilà, encore une fois il s’agit d’une critique à chaud. J'ai retrouvé Dune, je ne me suis pas ennuyé, mais je n'ai pas été sidéré, un effet que peut provoquer le livre (dont j'ai, du coup, une furieuse envie de lire la traduction révisée). Villeneuve n’étant pas le dernier de la classe, le film réserve des moments intenses, et prend le temps de développer son fond religieux. La Voix est bien retranscrite, les Harkonen sont dégueulasses comme il faut et la musique est sublime… Mais l'ensemble est froid, vide... Des champs/contre-champs, des arrière-plans déserts, trois arbres qui brûlent et des silhouettes en contre-jour pour symboliser un massacre... Voilà à quoi se résume la plupart des plans où un manque de vie, de dynamisme, de vie, se fait cruellement sentir. Il ne s’agit donc pas selon moi de l’adaptation absolue, du moins tant qu’une suite n’aura pas conclu en beauté la saga.

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Bac Nord - La critique

8 Septembre 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Bac Nord - La critique

     La critique de Bac Nord trouve-t-elle sa place sur un blog dédié à la culture populaire ? De mon point de vue, oui. De par son approche réaliste, le film ressemble avant tout à un docu court, sec et nerveux, qui relève plus du trhiller d’action que de l’analyse sociologique. « Sans idéologie, discours, ou baratin », comme dirait l’autre. Sur cette base, évacuons d’emblée tout quiproquo. Bac Nord appartient à cette catégorie de film d’action sur fond social, dans la lignée des films d’Yves Boisset (Le Prix du Danger) et Bertrand Tavernier (L627) pour la France ou John Carpenter (Assaut) pour les USA.

     Le métrage relate en trois actes l’exposition du quotidien de trois « baqueux », leur « gros coup », puis leur déchéance. Basé sur des faits réels, le scénario décrit l’engrenage d’une enquête où ils doivent se procurer de la drogue, non pas pour trafiquer, mais pour rémunérer un indic’. Cette pratique, courante dans les années quatre-vingt, leur attire les foudres de l’IGPN et des médias, qui auront tôt fait de présenter le trio comme des « flics ripoux ». Après une exposition « dans ta face » tout en adrénaline, Bac Nord devient aussi effrayant que déprimant dans sa seconde partie. Cités aux airs de favelas, police considérée comme un gang adverse… Des faits connus de tous, surtout pour qui a vécu en « quartier sensible », mais qui prennent une autre dimension sur grand écran. Il n’évite cependant pas certains clichés (barbecue entre potes, femme enceinte…).

     Spot publicitaire pour l’extrême droite pour les uns, coup de projecteur sur une situation cataclysmique après des décennies de déni pour les autres, le film ne peut laisser indifférent. Prend-il partie ? Dans la mesure où il adopte le point de vue des policiers, forcément, oui. Leurs déboires, et l'absence de soutien de leur hiérarchie ne peut qu'attirer, sinon la symptahie, au moins de l'empathie. Y aurait-il un film à faire du point de vue des habitants des cités ? Certainement, et il y en a eu. Bac Nord a le mérite d’exposer brutalement des faits, sans jugement moral, en une sorte de bilan post La Haine qui s’achevait sur cette phrase : « L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »

     Sur la forme, dans ses scènes d’action, Bac Nord assume totalement son statut de divertissement en empruntant à Hard Boiled, The Raid, et même parfois The Walking Dead avec sa steady-cam et ses plans saccadés. Son casting à contre-emploi donne tout, parfois lors d'improvisations, face à des figurants issus des quartiers nord de Marseille. La montée de la tension est tellement bien menée que l’on se prend à avoir peur pour eux, tout en souhaitant ne jamais mettre les pieds dans ce qui apparaît comme un enfer sur Terre. À ce titre, le film n’a rien d’un spot de l’Office de Tourisme de la région PACA, mais cela n’était semble-t-il pas l’objectif.

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The Suicide Squad - La critique

8 Août 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

The Suicide Squad - La critique

     Passé l’effet de surprise des Gardiens de la Galaxie 1 & 2, James Gunn est devenu un réalisateur attendu, pour ne pas dire attendu au tournant. Après quelques embrouilles avec Marvel, le voilà aux commandes non pas des Gardiens de la Galaxie 3, mais de The Suicide Squad. Suite, sans être la suite, de Suicide Squad (sans le « The »), le film ne reprend quasiment aucun personnage du premier, et se veut une sorte de grand délire gore sans prétention.

     Bon, tout ça vous l’avez déjà lu et entendu un peu partout. Mais ça vaut quoi ? Retrouve-t-on ce savant mélange d’humour et de sentiments dont Gunn s’est fait une spécialité ? Avant tout, The Suicide Squad se veut irrévérencieux. Sans spoiler, le film s’applique à présenter des personnages destinés à disparaître plus ou moins rapidement, en exposant la nature suicidaire de la team. À ce niveau-là, il assume, en reprenant meme le look ringard des personnages des comics, et on ne peut que féliciter un réalisateur d’aller jusqu’au bout de son concept. Le recrutement et le traitement des détenus de la Suicide Squad par le gouvernement, dans la logique de New York 1997 (tu rates ta mission ou tu fuis, tu exploses) est sans pitié.

     Ensuite, le casting est impeccable. Du poids lourd (Iris Elba), des nouvelles têtes (coup de cœur pour Daniela Melchior…)… L’ensemble apporte de la crédibilité à une histoire improbable. Le postulat, par ailleurs, est surtout un alibi (une vague histoire de coup d’état en Amérique du Sud et d’expérimentations secrètes). C’est un peu le point faible du film : beaucoup de facilités et de clichés utilisés comme véhicules aux personnages et aux blagues de Gunn, qui ne s’intéresse pas vraiment à l’histoire qu’il raconte.

     Au final, on a l’impression d’un premier montage trop long et mal rythmé, là où les Gardiens de la Galaxie s’appuyait sur un scénario solide avec des révélations à la clé. À voir pour le traitement des personnages, donc, le point fort de James Gunn.

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OSS 117 - Alerte Rouge en Afrique Noire - La critique

8 Août 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

OSS 117 - Alerte Rouge en Afrique Noire - La critique

     Après deux OSS, qui ont signé le renouveau de la comédie française, le scénariste Jean-François Halin (ex-auteur des Guignols) reprend du service mais Michel Hazanavicius, réalisateur de Les Nuls – L’Emission et du Grand Détournement, laisse sa place à Nicolas Bedos. En homme de préjugés, je le sentais moyen, surtout après une bande-annonce qui sentait un peu le pétard mouillé (décidément, en France, on ne sait pas vendre un film).
     Finalement, c’est un peu le syndrome Kaamelott. Dès les premières minutes, on découvre une réalisation soignée, fluide, et une photo léchée. Cette fois, logiquement, OSS poursuit ses bonds de 10 ans dans le temps et nous projette à l’aube des années 80. Un environnement superbement reproduit, pour qui les a connues, où évolue un Hubert là encore, logiquement, vieillissant. Passé un générique somptueux en hommage à James Bond (et aux films des ZAZ), relégué aux limbes du service informatique, le voilà remplacé par un jeune blanc-bec aux airs de Crockeet dans Miami Vice (Pierre Niney, impeccable comme d’habitude).
     Bedos remplit son cahier des charges avec soin, en traitant le passage de flambeau d’une génération à une autre (non sans heurts), le rapport France-Afrique et le changement d’époque, d’une France conservatrice à la France branchée des eighties. Beaucoup d’allusions sont bien vues, sans être trop donneuses de leçons, et parfois proches de la réalité si on les compare au règne de Bokassa.
     L’humour est un peu différent des deux autres films, moins appuyé dans l’absurde, mais les gags s’inscrivent dans la continuité de l’intrigue sans nous en faire sortir. Tout fait sens et sert les thématiques du films, en nous arrachant souvent des sourires (OSS devenu un nerd, Micheline, les dictateurs remplaçables…).

     Bref, le contrat est rempli. Ce troisième opus reste cohérent sans trahir l’humour décalé d’un espion à la ramasse qui finit toujours par se sortir miraculeusement de toutes les situations.

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