Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Balades Cosmiques

critiques bc (cinema)

Thor - Ragnarok - La critique

26 Octobre 2017, 02:00am

Publié par Norrin Radd

Quand la fête du slip s'invite dans la mythologie scandinave.

Quand la fête du slip s'invite dans la mythologie scandinave.

     À la vision du premier trailer de Thor – Ragnarok, dont la rupture de ton avec les deux films précédents sautait aux yeux, il semblait évident que le studio tentait de reproduire le coup de poker des Gardiens de la Galaxie, à savoir : placer un réalisateur sorti de nulle part à l’humour décalé aux manettes d’un énorme blockbuster, et prier pour qu’il soit à la hauteur. Pari réussi ? Et bien, je me contenterai de répondre… Oui, mille fois oui !

 

     Dès les premières minutes, le film affiche clairement la couleur : nous sommes en présence d’une comédie, et du genre gros rouge qui tache. Un parti pris risqué, voire complètement dingue car Taika Waititi, le réalisateur, n’est pas du genre à faire dans la dentelle et ose à peu près tout : des acteurs et des actrices qui parlent seuls face caméra, des dialogues visiblement improvisés, une musique synthétique qui semble tout droit sortie des années 80, des costumes et des décors kitsch aux couleurs flashys, des allusions graveleuses (cf. l'explosion de slime de l'introduction)… Sans aucune appréhension, il s’engouffre dans la brèche du mauvais goût en assumant la stratégie du « ça passe ou ça casse » et y investit une telle sincérité, une telle énergie et un tel humour que, contre toute attente, ça passe.

 

     Le film avance à cent à l’heure et se révèle vraiment très drôle (le public était hilare et, chose rare au cinéma, j’avoue avoir moi-même ri comme un idiot). Ainsi, le spectacle ne laisse pas une seule seconde de répit au spectateur, saute constamment du coq à l’âne en multipliant les décors, les personnages et les situations surréalistes sans nous laisser le temps de réfléchir, en reprenant plus ou moins les grandes lignes du comic-book Planète Hulk mais pourtant, le script ne se contente pas d’enchaîner les scènes de déconnade non-stop et nous offre de vrais instants d’émotion, des personnages écrits, une méchante sexy comme jamais ou encore une superbe séquence mettant en scène une chevauchée de Walkyries (les références à la mythologie scandinave sont, par ailleurs, assez nombreuses).

 

     Bref, Thor – Ragnarok réussit l’exploit d’être un nanar de haute catégorie : un très bon film totalement délirant du début à la fin où l’intrigue et les personnages tiennent malgré tout la route, et où on ne s’ennuie pas une seconde.

Voir les commentaires

Blade Runner 2049 - La critique

5 Octobre 2017, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Je ne vous ferai pas l'offense de vous expliquer ce que signifie "JOI".

Je ne vous ferai pas l'offense de vous expliquer ce que signifie "JOI".

     À l’annonce de la mise en chantier d'une suite au chef-d’œuvre de Ridley Scott, une stupéfaction générale mêlée de perplexité envahit les fans du monde entier. Une séquelle ? Mais pour quoi faire ? L’histoire de Deckard, chasseur de Réplicants – ces simili-humains clandestins – se terminait sur la fermeture d’une porte d’ascenseur, sans que l’on ne sache véritablement s’il comptait exécuter Rachel, la Réplicante qui l’accompagnait, tout en se demandant s’il n’était pas lui-même un Réplicant utilisé pour traquer ses congénères. La conclusion n’appelait pas de suite, et c’était très bien comme ça.

 

     Pourtant, une équipe de choc était là pour nous rassurer : Ridley Scott à la production, le scénariste du film original sur le script, Denis Villeneuve à la réalisation, Ryan Gosling dans le rôle-titre… Puis le premier trailer est tombé, et l'envie nous vint de donner sa chance au long-métrage. Alors, bonne ou mauvaise surprise ? Un peu des deux, mon Capitaine…

 

     Blade Runner 2049 débute comme une note d’intention : paradoxalement, Denis Villeneuve restera dans la lignée de Blade Runner, tout en prenant son contre-pied en imprimant sa marque. Le film original commençait sur un œil ouvert ? Sa suite nous présente une paupière fermée. Adieu le plan large d’un Los Angeles nocturne surpeuplé en flammes, l’introduction survole une immense exploitation agricole hivernale déserte et immaculée, en plein jour. On n’a jamais vraiment su si Deckard était un Réplicant, alors que l’Agent K se fait traiter de gueule d’humain dès son retour au commissariat.

 

     Par la suite, et plutôt courageusement en une époque du "tout, tout de suite", le film affiche constamment sa volonté de suivre les pas de son illustre prédécesseur, dans son atmosphère contemplative et hypnotique illustrée par la musique synthétique planante de Hans Zimmer (l’intrigue se déroule lentement, peut-être trop (2h45 !), mais se refuse constamment à la mode des montages nerveux ponctués de scènes d’action), ainsi que dans le développement de thèmes multiples et complexes (quête d’identité, libre-arbitre, citoyens de seconde zone, solitude…). Très vite, nous constatons que le propos sera intelligent et subtil, mais on n’en attendait pas moins de la part du réalisateur de Premier Contact.

 

     Ainsi, entre deux passages obligés (enseignes lumineuses, le test de Voigt-Kampf considérablement amélioré : nous avons fait un bond de trente ans dans le futur…), le film prend le temps d’exposer des idées et concepts en totale cohérence avec l’original, tout en proposant une réflexion sur notre époque dans une pure optique cyberpunk (l'urbanisme anxiogène, l’immense solitude du personnage principal, un PDG atteint du Complexe du Messie, des multinationales en quête de toujours plus de main d'oeuvre à bon marché, exploitation des enfants, peur de l'immigration massive, sexe virtuel…). Si Blade Runner anticipait sur notre époque, nous mettant en garde contre les dangers inhérents à l'évolution de notre civilisation, Blade Runner 2049 dresse un état des lieux, et chaque plan peut être interprété à l'infini (comme la musique du "smartphone" de l'Agent K qui ne cesse d'interrompre ses conversations, laissant faussement croire qu'il profite d'une vie sociale et affective).

 

     Colombo futuriste tenant plus du zombi qu'autre chose, Gosling traîne ainsi sa mine de Droopy dans des rues bondées, sous la pluie, et se contente d’accomplir sa tâche en bon Réplicant, réplique de l’homme occidental du troisième millénaire. Il vit avec l'avatar holographique d'une gentille "housewife" attentionnée et apprécie de se laisser dominer par l'hologramme gigantesque et fascinant d'une techno-déesse aux allures d'actrice porno inaccessible. Mais face aux "vraies" femmes de chair et d'os, il demeure indifférent, et ignore le racolage des putes croisées dans la rue ou les avances de sa supérieure ivre, dont on devine également le manque d’affection... Entre solitude et problèmes de communication (thèmes déjà abordés dans Premier Contact) K suit ainsi le cours d'une vie morose, jusqu’au jour où vient le moment inexorable de se poser la seule véritable bonne question : « Qui suis-je ? ». Et le script se paye même le luxe de nous emmener sur une fausse piste.

 

     Après Ça, nous découvrons un nouveau film audacieux, où la production a accordé sa confiance à un véritable auteur avec un propos et une vision de son époque, capable de nous faire partager son univers. Et le résultat est là. Il y aurait encore beaucoup à dire, au risque de spoiler, sur le lien entre le premier plan et la dernière scène, ou sur les nombreux indices ponctuant ce film qui, certes n’est pas parfait : il se mérite, et curieusement certaines idées sont peut-être trop développées (la « femme » du héros), Harrison Ford cachetonne, le final n’est pas à la hauteur, etc.  mais tout de même... On ne voit pas de tels films de SF tous les jours. Et quand on sait que Denis Villeneuve s'apprête à adapter Dune, ça laisse songeur...

L'Agent K en pourparler avec des dames.

L'Agent K en pourparler avec des dames.

Voir les commentaires

Ça - La critique

25 Septembre 2017, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Les rois de la lose.

Les rois de la lose.

     Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible, en 2017, de voir débarquer sur nos écrans un film comme Ça, dans tous les sens du terme. Cela pour plusieurs raisons.

 

     Mais commençons par le début. Ça est l’adaptation d’un roman de Stephen King qui abordait plusieurs thématiques de l’enfance et la métaphore de la pédophilie via la figure du croque-mitaine, incarné sous la forme d’un clown. Car, comme chacun sait, tout le monde a peur des clowns. L’histoire se déroulait dans le Maine, territoire de prédilection de l’auteur, à la fin des années cinquante.

 

     Véritable chef-d’œuvre, Ça réussissait l’exploit de raconter en parallèle le combat d’une bande d’enfants et celui du même groupe, devenu adulte, contre cette menace commune. Mais aussi et surtout de livrer un récit extrêmement juste, crédible et émouvant dans sa description de l’enfance, ou chacun pouvait se retrouver (surtout si vous en avez bavé).

 

     Ça, le film, prend le parti de la fidélité en situant son action dans les décors naturels du Maine, mais dans les années quatre-vingt. Un pari audacieux car cela n’a l’air de rien, comme ça, mais le jeune public attiré par les films d’horreur habitué à Saw et The Walking Dead n’est pas forcément familier des eighties et de ses téléphones à cadran (la reconstitution est étonnante de réalisme). Ce choix laisse à penser que la suite se déroulera de nos jours, étant donné le décalage entre les deux histoires du livre.

Mais ce n’est pas tout : non content d’opter pour cet environnement, le film semble également avoir été tourné à la manière des années quatre-vingt quand il prend le temps d’exposer son contexte, ses personnages, de composer ses cadres… À l’heure des montages ultra-cut, il y a de quoi être surpris par ce radicalisme…

     Autre choix frappé de bon sens : dans son refus de condenser le pavé de King, afin de s'offrir le luxe de développer son intrigue et ses thèmes, contrairement à La Tour Sombrele film se concentre sur les chapitres dédiés aux enfants en gardant pour la suite ceux concernant les adultes. Nous découvrons au rythme du livre les portraits respectifs de ces petits losers, instantanément sympathiques et attachants (le casting est parfait), dignes des « films de gamins » des années quatre-vingt (E.T., Les Goonies…), et qui ne tarderont pas à constituer la fameuse « bande des ratés » à laquelle on s'identifiera aisément.

 

     Ça est donc un film à l’ancienne, old school, qui s’assume, avec son casting de tronches réalistes issues de l'Amérique profonde, et c’est très bien comme ça. Mais il n’oublie pas pour autant d’être un véritable film d’horreur, en s’aventurant sur les terres de la saga des Freddy (on peut apercevoir une affiche du film en clin-d'oeil) de par son jusqu’au-boutisme malsain. Le film se permet d’aller extrêmement loin à ce niveau, en touchant au tabou hollywoodien ultime : la maltraitance des enfants.

Attendez-vous à être réellement effrayé et choqué car, contrairement à la plupart des films d’horreur à la mode des années deux-mille où les effets tombent systématiquement à plat, ici chaque instant de tension fait mouche en parvenant à jouer avec les racines de la peur aussi intelligemment que la saga Silent Hill avait su le faire dans le domaine vidéo-ludique, qui plus est avec de simples "trucs" de mise en scène et une économie d'effets numériques.

 

     Bref, il va me falloir encore un peu de temps pour m’en remettre, mais Stephen King peut être fier : rarement une adaptation de son œuvre (et pourtant elles sont nombreuses) aura su à ce point capter et retranscrire son essence.

Voir les commentaires

Valérian et La Cité des Mille Planètes - La critique

27 Juillet 2017, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Valérian et la Cité des Quatre Mille

Valérian et la Cité des Quatre Mille

Quatrième incursion de Luc Besson dans la science-fiction, après Le Dernier Combat, Le Cinquième Élément et Lucy, Valérian et la Cité des Mille Planètes est l’adaptation d’une BD relativement populaire auprès des connaisseurs, dont la parution initiale remonte aux années 60 dans les pages de la revue Pilote. Tout cela, vous l’avez entendu maintes et maintes fois dans la campagne marketing calibrée « à l’américaine » par Europa, la société de production de Luc Besson, un réalisateur parfaitement rodé aux méthodes US dont le poids et l’influence dans le cinéma français restent un cas unique (rappelons que ce dernier film, budgété à 197 millions d’euros par des fonds internationaux, demeure un produit totalement franco-français). Les trailers, visuellement bluffants, n’étaient cependant pas pour nous rassurer, la faute à un duo assez peu charismatique et peu vendeur. Alors, qu’en est-il de ce Valérian ?

 

Autant être clair : visuellement, ça claque. Le film est généreux, l’argent est à l’écran, il n’y a rien à dire là-dessus. En faisant appel à Wetta (responsable des sfx du Seigneur des Anneaux), au dessinateur de la BD originale (qui collaborait déjà au Cinquième Élément) et à sa propre imagination, mais aussi en misant ses dépenses davantage sur le domaine visuel que dans les cachets des comédiens (« seulement » 1,4 millions pour les rôles principaux), Besson égale voire surpasse ce qui se fait actuellement de mieux en matière de film de SF, formellement s’entend. Ses délires visuels empruntés à droite à gauche impriment la rétine, de l’île paradisiaque digne d’Aquablue de l’introduction au marché virtuel en mode touristes d’un pseudo-Tatooine, on peut dire que le réalisateur du Grand Bleu a mis le paquet pour nous impressionner.

 

Venons-en au sujet qui fâche, qui est un peu un leitmotiv avec les films d’un technicien confirmé rompu à l’exercice de style, mais qui gagnerait à s’entourer de scénaristes aux cursus solides. Pour résumer, Valérian conte la fuite en avant de deux agents fédéraux intergalactiques (genre Capitaine Flam) à la poursuite d’un petit cochon qui chie des perles volé à un peuple indigène évoquant beaucoup celui d’Avatar, qui faisait lui-même penser à celui d’Aquablue, qui nous rappelait par ailleurs les Fremens de Dune (1965, tout de même). C'est un peu léger, vous en conviendrez.

 

Au final, le film souffre de certaines longueurs inutiles et de facilités (la méduse !) assurant la liaison (le remplissage ?) entre des scènes visuellement époustouflantes et/ou rigolotes (le dîner de l'Empereur !). On retiendra donc surtout le tour de force, déjà évoqué, du marché virtuel, mais le métrage ne parvient malheureusement jamais à égaler sa folie décomplexée - sauf peut-être durant la course-poursuite de Valérian à travers une série d’obstacles – et, curieusement, le strip-tease de Rihanna qui, bien qu’un peu putassier (on ne se refait pas), a le mérite de présenter un personnage original, drôle et touchant (on pensera forcément aux androïdes de Blade Runner), qui vole un instant la vedette aux deux héros.

 

Alors oui, on n’a jamais vu ça dans un film français, il est vrai assez avare dans le genre de la SF, mais sur le fond Valérian demeure aussi inconsistant que Le Cinquième Élément, mis à part pour nous apprendre que, décidément, les militaires sont vraiment des gros bourrins, et que l’amour triomphe de tout. Sinon, il y a plein de créatures rigolotes.

Voir les commentaires

Spider-Man - Homecoming - La critique

13 Juillet 2017, 00:00am

Publié par Norrin Radd

"La sortie de la salle ? La porte au fond tout en haut à gauche madame."

"La sortie de la salle ? La porte au fond tout en haut à gauche madame."

N’y allons pas par quatre chemins, ne tournons pas autour du pot et disons les choses en face, inutile de tergiverser pendant des heures et allons droit au but : Spider-Man - Homecoming s’est avéré pour moi une immense déception. Je m’explique.

Vendu comme une énième relance de la franchise Spider-Man, le film souffre essentiellement d’un problème fort gênant, bien que répandu ces temps-ci : il ne s’appuie sur aucun scénario. Mais, il est vrai qu'un scénario c'est ringard, un truc de vieux.

 

Suite de sketches plus ou moins drôles surfant entièrement sur le charisme (indéniable) de Tom Holland et les gadgets hi-tech de son costume, en contradiction totale avec l’esprit de la création de Steve Ditko (un bout de tissu bricolé par un ado), Spider-Man n’est construit sur aucune structure scénaristique et se contente de se débarrasser rapidement des passages obligés (l’exposition du super-vilain balancée en cinq minutes chrono dès l’introduction, les origines des pouvoirs de Spider-Man livrées au détour d’une réplique) pour enquiller une série de gags pour ados et des scènes d’action vues mille fois ailleurs (et en mieux).

 

Les films de Sam Raimi, s’ils n’étaient pas exempts de défauts, avaient le mérite de reposer sur des scénarios en béton (les deux premiers du moins) respectant une totale cohérence dans le parcours initiatique du super-héros et distillant en sous-texte une métaphore sur l’adolescence. Ici, Peter Parker est dans l’air du temps et, en véritable geek, il se filme, est fan des Avengers, multiplie les gaffes et construit une Étoile Noire en Légos tout en gérant ses problèmes d’ados. C’est à peu près tout, n’espérez pas une quelconque dimension dramatique, une scène d’action de malade ou le moindre climax, vous n’aurez droit qu’à un épisode de série TV pour teenagers étiré sur 2h15 où le méchant n’est qu’un vulgaire trafiquant d’armes (Michal Keaton en roues libres, qui cabotine comme jamais) et qui, non content de rater toutes ses scènes d’action, se permet d’en piquer une à Sam Raimi (remplacez un train par un bateau) avec Iron Man en guest histoire de faire passer la pilule.

 

Alors certes, il s’agit-là d’une comédie et d’un personnage traditionnellement moins « ambitieux » que les super-héros plus prestigieux mais l’argument ne tient pas : Les Gardiens de la Galaxie ou Deadpool, derrière leur aspect potache, se montraient davantage respectueux des codes du genre en développant des origin story parfaitement travaillées et de vrais instants d’émotion pure. N’ayons pas peur de le dire : très souvent, à la vision de ce Spider-Man – Homecoming, l’ennui pointait et j’avais hâte d’assister au générique de fin.

 

Heureusement, les fans de comics sont plutôt gâtés ces derniers temps, avec Les Gardiens de la Galaxie 2 et Wonder Woman, deux films ayant su trouver l’équilibre entre premier degré assumé et comédie débridée.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>