Alors, Mégalopolis, ça vaut quoi ?
Je ne saurais pas trop dire, j’ai quitté la salle avant la fin de la première heure, ponctuée de micro siestes.
Nanar cosmique à la photo dégueulasse (c’est jaune pisse et flou), le film est incompréhensible, sans queue ni tête, et enchaîne les dialogues complètement surréalistes dignes d'Au Théâtre ce Soir. Personne ne parle comme ça ! Alors certes, c’est une fable (c’est marqué sous le titre au début : UNE FABLE, pour bien qu’on comprenne), mais l’ensemble m’a rappelé les Farfadets de Limoge d’Elie Seimoun.
Je n’en pouvais plus, de ça des gros plans sur le visage boutonneux d’Adam Driver et des sourcils broussailleux de Nathalie Emmanuel, de leurs gesticulations... Parfois, ils remuent les bras et tournent sur eux-mêmes, on ne sait pas trop pourquoi, si c’est improvisé ou si on leur a demandé... Coppola multiplie les plans de coupe pour montrer les réactions, sans intérêt, du casting... Giancarlo Esposito sourit bêtement sans raison... En l’absence de direction d’acteur, sans doute s’est-il dit : "Je vais sourire, je donnerai l’impression d’être sûr de moi". Lawrence Fishburne est relegué au rang de majordome, comme dans une comédie de boulevard... Shia Leboeuf ressemble à Michael Youn sous acide, j’ai un moment cru que c’était lui. John Voight est en mode mort-vivant... Tout le monde est en roue libre, en fait des caisses, ce qui semble confirmer les rumeurs autour d’un tournage désastreux où Coppola était aux abonnés absents. Ce film est juste gênant. J’ai eu l’impression de voir des gens bourrés faire une impro théâtrale devant moi.
J’ai en fait quitté la salle au moment où (spoiler) Adam Driver rend visite à sa femme défunte, et dont on l’accuse du meurtre pour servir de « carburant » à ses créations architecturales. Si j’ai bien compris.
Ce que j’ai bien saisi, c’est qu’il s’agit d’une référence à l’épouse de Coppola, récemment décédée. A la rigueur, ça aurait pu faire une bonne scène. Driver s’éloigne du centre ville, le jaune laisse place à la noirceur, on découvre une banlieue déliquescente où des statues symbolisant la justice s’effondrent. Au milieu, une oasis de lumière abrite le souvenir précieux de son épouse, endormie telle la Belle au Bois Dormant.
Là où le bât blesse, c’est que ce genre de scène doit être amené. Or les personnages ne sont pas exposés, en fait rien n’est exposé, si ce n’est par des textes et une voix off très explicatifs. Au final, on comprend plus ou moins que la ville est endettée et qu’il existe une rivalité entre le maire et son architecte de génie qui la reconstruit (comme dans Robocop 2, où c’est mieux exposé 😊). L’intrigue est intéressante, pourquoi la noyer sous une avalanche de dialogues et monologues grotesques où Driver se prend les pieds dans le tapis et parle à sa maîtresse comme s’il jouait une pièce de Shakespeare ?
Un dernier mot sur les effets spéciaux, immondes (le studio de SFX a été remplacé en cours de tournage, on ne sait pas pourquoi). Où sont passés les 120 millions de dollars ? Coppola a vraiment hypothéqué son vignoble pour ça ? Même le ciel nuageux semble faux !
Bref, ça fait quarante ans que Coppola nous parle de son Mégalopolis, l'oeuvre d'une vie selon lui. Auto-produit et sans regard extérieur, on se rend compte que les producteurs ne sont pas forcément les ennemis des réalisateurs.