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Dune, deuxième partie : la critique
La première partie de Dune nous avait laissés avec Paul et sa mère, Dame Jessica, recueillis par une tribu fremen après la destruction de leur famille par les Harkonnen et leur fuite dans le désert. Cette deuxième partie débute au même point pour nous relater la suite du roman, lui-même découpé en deux volumes dans son édition poche.
Trois actes, étalés sur deux heures quarante, prennent le temps d’exposer l’intégration de Paul et Jessica chez les Fremen, les manigances politiques menées par l’Empereur, les Harkonnen et le Bene Gesserit, et la conclusion théâtrale de cette épopée.
Si vous ne connaissez rien du roman, ça risque de spoiler un peu (en même temps, l'affiche révèle la scène finale...).
Acte 1 : touaregs et religion bidon
Nous retrouvons vite le même style éthéré, presque hypnotique, évoquant un mauvais rêve, porté par la musique planante de Hanz Zimmer, du premier épisode. Villeneuve prend le temps de nous décrire les Fremen, sans édulcorer l’influence orientale de Dune. Le film affiche un souci du détail dans la description de leurs tenues, tatouages, rituels, langage (sous-titré), et même de leurs prières, en évoquant irrémédiablement une imagerie « flaubérienne » issue d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ou plutôt National Geographic, diront les mauvaises langues). Il corrige là une tare – et cela n’est pas la seule, nous y reviendrons – du premier film où l’on voyait surtout les Fremen vêtus de leur distille (combinaison) et parlant le langage commun. Une présence trop appuyée, selon les critiques négatives du film, mais rappelons que cette histoire est racontée du point de vue de Paul, en évitant la narration partagée et alternée du roman.
Autre point positif : il n’élude pas non plus la critique de la religion, très virulente chez Frank Herbert. Dans Dune, celle-ci est clairement décrite comme un outil de manipulation des masses. Dame Jessica développe ainsi les germes semés par son ordre depuis des millénaires sur Arrakis, en confirmant la rumeur instaurant son fils en tant que messie. Une intoxication subtilement menée par Villeneuve, qui installe un changement de comportement progressif chez ses personnages contraints à s’adapter pour survivre, après « avoir vu l’avenir » (ou les avenirs, pour être précis).
Globalement, ce premier acte est donc très audacieux, à l’image du roman, car il assume l’idée d’une guerre sainte (sans toutefois utiliser le terme de « Jihad » du bouquin) menée par des rebelles d’inspiration moyen-orientale, sur fond d’exploitation de ressource naturelle (l’Épice). Un concept effrayant étant donné le contexte géopolitique actuel (comme quoi, Herbert était décidément un visionnaire). Nous apprenons à cette occasion que les Fremen du Sud, beaucoup plus nombreux, sont également plus farouches, mais également des fondamentalistes plus sensibles à la prophétie du messie (référence aux Chiites et aux Sunnites ?). Ils représentent donc des cibles toutes indiquées pour la propagande de Dame Jessica.
Ainsi, le film ne rend pas ses personnages principaux – prêts à manipuler des indigènes pour servir leur soif de vengeance – spécialement sympathiques. Toute l’ambiguïté et le cynisme de Dune sont donc respectés.
Acte 2 : le grand échiquier
Le sujet des Fremen traité, dans une partie qui représente un film à elle seule, Villeneuve nous décrit le monde industriel fascisant des Harkonnen. Accordons-lui le mérite d’aller au bout de ses concepts, en nous présentant un monde monochrome noir et blanc et en exposant toute la cruauté de cette famille dégénérée.
Dune restant une histoire politique, il s’attarde aussi sur l’Empereur et sa fille, ainsi que sur l’Ordre Bene Gesserit auquel appartenait Dame Jessica. Cette partie nécessite peut-être de connaître à minima le livre, étant donné les luttes de pouvoir en jeu (et encore, le film omet la Guilde des Voyageurs Spatiaux et les commerçants de la CHOM).
En évitant une narration parallèle, Villeneuve fait de cet acte un écho à la montée en puissance de Paul, qui n’est pas passée inaperçue, alors que tout le monde s’interroge sur cet étrange messie fremen (l’hériter des Atréides étant censé être mort, l'Empereur ignore qu'il s'agit de Paul).
Acte 3 : une conclusion shakespearienne
Là encore, le film suit le roman vaille que vaille avec sa conclusion étrange, où tous les protagonistes sont réunis sur Arrakis pour régler leurs divergences autour d’un simple duel, alors que le chaos règne autour d’eux. L'Empereur a en effet eu l'idée stupide de se rendre en personne sur Dune, après avoir reçu une lettre de Paul frappée du sceau des Atréide (en indiquant ainsi qu'il est le messie des Fremen). L'enjeu consiste alors pour lui à sanctionner les Harkonnen, qui en plus d'avoir laissé Paul en vie ont été incapables de mesurer l'ampleur de la menace fremen, au niveau de leur nombre et de leur ferveur religieuse. Un certain doute demeure d'ailleurs ce point : le baron sait-il que Paul est toujours en vie, et qu'il est le leader des fremen ?
Second enjeu de sa visite sur Dune : décidé à négocier la rédition du messie fremen, sous la pression de son armée, l'Empereur va se laisser prendre à son propre jeu. Il ignore alors que Paul dispose des atomiques de sa famille, qu'il contrôle les vers des sables, et qu'il est à la tête de millions de fremen. Il leur permettra ainsi de se répandre dans l'univers en utilisant ses vaissaux. Un final marquant la déshumanisation définitive de Paul et sa mère : à ce stade, tous deux sont prêts à provoquer des dizaines de milliards de morts en initiant une croisade, une fatalité qu'il voulait à tout prix éviter.
Notons d’ailleurs à quel point le film est généreux en action et en souffle épique, là où le premier en manquait cruellement avec ses combats mous et ses vers des sables filmés dans le noir. Il s’agissait-là de l’une de mes déceptions (voir ma critique), or ces deux heures quarante m’ont semblé passer d’une traite.
On regrettera peut-être des éléments passés à la trappe (non, le mentat Thufir Hawat n’est pas mort !), les casques bizarres de Florence Pugh, ou un Christopher Walken peu concerné (il nous est toutefois décrit comme dépressif par sa fille), tout en saluant la folle idée d’avoir « fait parler » le fœtus de Dame Jessica. Le film se permet également quelques changements « osés » (la défiance de Chania) et des seconds rôles apportant une réelle plus-value (Souheila Yacoub).
Bref, une suite boostée puissance dix par rapport à un premier film timide, qui au passage passe ce soir sur TF1 à 21h10.
The Crow : les premières images
Les premières images du reboot de The Crow sont tombées, et elles ne sont pas rassurantes. J'avais cru comprendre que Jason Momoa reprenait le rôle d'Eric Draven, mais celui-ci est interprété par un certain Bill Skarsgård, qui a plus l'air d'un zadiste qu'un rocker néo-gothique punk (mention spéciale au téton représentant l'oeil du tatoo). Tout ça fait un peu penser au Dogman de Luc Besson, ce qui n'est pas forcément une bonne chose.
La bonne nouvelle, c'est qu'à côté de ça une version 4K du film original sort en blu-ray.
C'est signé Rupert Sanders (Snow White and the Huntsman, Ghost in the Shell), ça sort le 7 juin.
Les Guetteurs : le trailer
Les chiens ne font pas des chats, comme on dit, et c'est tout naturellement que Ishana Night Shyamalan (la fille de l'autre) se lance dans la réalisation avec Les Guetteurs. Le synopsis évoque d'ailleurs, curieusement, celui de son dernier film (un groupe reclus dans une cabane au fond des bois), mais le trailer laisse deviner un parti-pris bien plus porté sur l'horreur. Ca sort le 5 juin.