Ghost in the Shell - La critique
Disons-le tout net : Ghost in the Shell, le film, s’est avéré pour moi une excellente surprise. Il faut dire qu’on revient de loin... Souvenez-vous, ces teasers cheapos sur fond noir censés rassurer les fans en nous présentant les principaux protagonistes... Au final, GITS est un film visuellement très léché une fois ses effets spéciaux plaqués sur l’image, malgré quelques fautes de goût comme l’accumulation de ces multiples plans d’une cité écrasée par des hologrammes géants moches (mais sans doute est-ce volontaire, afin de traduire ce sentiment d'oppression par des publicités nazes que nous ressentons tous chaque jour. Bref).
GITS mérite donc son titre d’œuvre cyberpunk du nouveau millénaire, un genre finalement assez rarement exploité au cinéma (Blade Runner, Strange Days, Johnny Mnemonic, voire Matrix...) tant il paraît tout droit sorti du cerveau de William Gibson (Neuromancien) dans ses thématiques développées (politiques, commerciales, technologiques...) et son atmosphère futuriste déprimante, quand les multinationales font la nique aux états.
Le discours propre au genre (exploitation de l’homme au profit du business) résonnera sans doute comme un air de déjà-vu pour ses aficionados, mais le film parvient malgré tout à surprendre par son audace formelle (certains plans vous impriment la rétine : l’ouverture est de toute beauté, les déstructurations corporelles sont dérangeantes, et accessoirement Scarlett Johannson apparaît quasiment nue la plupart du temps dans sa combi couleur chair), ou bien sur le fond quand il pousse avec intelligence sa logique dans ses retranchements (l’étonnante scène de la prostituée, l’excellente trouvaille du « méchant » et de ses motivations...). Le film assume même ses indispensables piratages informatiques, passage obligé d’une bonne histoire cyberpunk mais toujours délicat à mettre en images.
Au passage, on sera étonné de découvrir Juliette Binoche, dans un rôle très important, qui pendant longtemps a refusé les offres de Steven Spielberg par peur de tourner en anglais et qui se débrouille plus que bien ici, semble même tout donner dans un genre auquel elle ne nous a pas habitués...
Alors oui gnagnagna, la quête d’identité descartienne, les rues bondées, les pubs omniprésentes tout ça c’était déjà dans Blade Runner, mais d’une, dans BR Scarlett Johannson ne se battait pas en combi moulante, et de deux tant qu’à boire dans le puits autant avoir une bonne source, comme dirait l’autre...
Donc voilà, j'arrive un peu après la bataille mais GITS est toujours à l'affiche, n'écoutez pas les intégristes du manga, de l'anime, de la SF cyberpunk, de Blade Runner ou je-ne-sais-quoi d'autre : vous passerez un bon moment.