Il y a vingt-quatre ans déjà apparaissait sur Playstation le jeu culte Final Fantasy VII, suite du non moins culte Final Fantasy VI sorti sur Super Famicom, mais à cette date pas encore dans nos contrées (il finira par être adapté sur PSX). Autant dire que le concept de RPG tactique, à l’époque, c’était un peu flou. Pour nous, la fantasy en jeu vidéo, c’était encore Zelda et l’exploration de châteaux. Tout le monde s’est alors pris une bonne claque devant l'intensité et la richesse de l’univers proposé, et les situations inédites dans lesquelles le joueur se retrouvait plongé.
Nous sommes en 2021, et depuis nombre de RPG sont passés sous les ponts. Désormais, il n'est plus question d'envisager le genre sans "open world", un monde ouvert truffé de quêtes. Pourtant, FF VII assume son parti-pris linéaire mais en le développant. Ainsi, plus qu’un simple remake, il nous est proposé une relecture, sur le fond et la forme, du jeu culte de Square Enix. Les capacités techniques de la PS4, poussées dans leurs derniers retranchements (Red Projekt peut en prendre de la graine) permettent d’approfondir son environnement, rempli de vie et de micro-événements en temps réel, via un graphisme hallucinant. Les personnages sont plus fouillés, des expressions de leur visage à leur voix (excellemment doublées en français !). L’univers extrêmement détaillé mais un peu statique du jeu PSX prend ainsi une ampleur incroyable qui, tout en respectant l’esprit de l’original et son romantisme, nous amène à revivre l’aventure sur un nouveau rythme. Bref : c’est beaucoup plus vivant.
Exit les adversaires invisibles et intempestifs surgis de nulle part, qui hachuraient l’aventure. Vous les voyez maintenant arriver, comme dans un jeu d’arcade. Alors c’est fini, l’aspect tactique du combat, qui permettait de choisir son attaque ? Eh bien non. Fort astucieusement, vous pouvez mettre en pause le combat pour choisir une attaque spéciale, un sort ou, bien sûr, les fameuses incantations de divinités qui font toujours leur petit effet. Notons au passage qu'elles ne se contentent plus dune apparition, mais participent au combat l'espace de plusieurs minutes. N’espérez pas pour autant aligner les combos dévastateurs, une jauge se remplira avec vos attaques cumulées, et c’est seulement lorsqu’elle sera pleine que vous pourrez utiliser vos capacités spéciales.
FF VII Remake, un jeu nostalgique ? Oui, bien sûr. Mais pas une transposition bête et méchante. Une adaptation intelligente, pensée en fonction des nouveaux outils disponibles. Ou quand la technologie se met au service de l’art. Les personnages, déjà charismatiques, prennent vie sous nos yeux et on a ainsi l’impression de retrouver des vieux amis. Seuls bémols : le jeu n’est pas complet, il s’agit en fait d’une première partie. On ne joue que quatre personnages (Red fait de la figuration), et on a parfois l'impression de remplissage (sous-sols à explorer, manettes à baisser...). La difficulté des boss est assez mal dosée (moins ils sont gros et plus ils sont durs), et la fin abstraite et métaphysique nous laisse sur notre... faim. Précisons toutefois que le jeu compte 18 chapitres pour une bonne quarantaine d'heures, et qu'il ne coûte que 35€... Dans ces conditions, à quand un remake de Final Fantasy VI ?