Once Upon a Time in Hollywood - La critique
Pour la faire courte, Once Upon... est le dernier film de Tarantino. Cette espèce d’OVNI cinématographique se veut une sorte de conte, comme son titre l’indique, relatant le microcosme d’Hollywood dans les années soixante. Comme chacun sait, une période charnière de l’Histoire des USA qui débuta par l'assassinat de Kennedy, et se conclut par le premier pas de l’homme sur la Lune. La fin d’une époque naïve marquée par le massacre de Sharon Tate alors enceinte, l'épouse de Roman Polanski, mais nous y reviendrons. Pour cela, le film prend pour fil rouge la carrière de Rick Dalton (Leonardo Di Caprio), un acteur de seconde zone épaulé par son homme de main, doublure cascade et meilleur (seul ?) ami (Brad Pitt, qui ressemble de plus en plus à Robert Redford).
C’est un film de Tarantino, avec le « style Tarantino », ses qualités et ses défauts. Pour le meilleur, on se souvient de la narration éclatée innovante de Pulp Fiction, et pour le pire de la progression laborieuse de Jackie Brown, avec ses gros plans gênants et ses dialogues interminables. Malheureusement, Tarantino reprend ici le pire de ses « tics » de mise en scène. Les scénettes gratuites sans valeur ajoutée, les dialogues sans fin et les effets "gadgets" se succèdent via une narration incohérente et déstabilisante. Par exemple, le film s'extrait à un moment des longueurs d'une intrigue stagnante via une accélération des événements contée par une voix-off sortie de nulle part. Une partie essentielle de la biographie de Rick Dalton nous est ainsi balancée en mode Scorcese, alors qu'il ne se passait pas grand chose depuis deux heures.
Au final, bien qu'on sente la volonté de mise en abîme, avec son mix d'extraits de films réels, reconstitués ou originaux, le film ne va pas bien loin. L’histoire de cet acteur sur le déclin est vue et revue, et son statut d'alibi au décor hollywoodien des sixties (magnifiquement reconstitué, ceci dit) n'en fait pas une intrigue passionnante. Reconnaissons tout de même qu’il est toujours sympathique d’assister à une soirée de la Playboy Mansion, de (re)voir un Steve Mac Queen ou un Bruce Lee (ici totalement ridiculisé) plus vrai que nature.
Cependant, le film trouve ses moments de grâce quand il s’attarde sur la « famille Manson ». Tarantino filme avec maestria la secte à la manière d’un film d’horreur ancré dans l’Amérique profonde, où la menace apparaît en pleine lumière (on pense immédiatement à Massacre à la Tronçonneuse), d’une façon extrêmement angoissante. Les jeunes adeptes lobotomisées sont au naturel, sans maquillage, d’une crédibilité à faire peur. Pour le coup, on aurait préféré que le film dure une heure de moins, et qu’il se consacre entièrement à Charles Manson et à ses "filles", au lieu de nous montrer d’interminables tournages de western, ou Leonard Di Caprio se saouler et tousser.
Pour finir sur un aspect qui m’a beaucoup dérangé, en essayant de ne pas trop spoiler, le film se permet de réécrire l’histoire en décrivant, non pas la réalité des faits concernant le meurtre de Sharon Tate, mais la vision fantasmée de l’auteur avec un spectacle grand-guignolesque très « tarantinesque ». En somme, le déroulé des événements tel qu’il l’aurait souhaité, et non ce qu’il s’est réellement passé. La réappropriation d’un drame extrêmement gênante, même si rappelons-le, il s’agit d’un conte, et non d’un documentaire.