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Balades Cosmiques

critiques bc (cinema)

Dune, deuxième partie : la critique

3 Mars 2024, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Dune, deuxième partie : la critique

La première partie de Dune nous avait laissés avec Paul et sa mère, Dame Jessica, recueillis par une tribu fremen après la destruction de leur famille par les Harkonnen et leur fuite dans le désert. Cette deuxième partie débute au même point pour nous relater la suite du roman, lui-même découpé en deux volumes dans son édition poche.
Trois actes, étalés sur deux heures quarante, prennent le temps d’exposer l’intégration de Paul et Jessica chez les Fremen, les manigances politiques menées par l’Empereur, les Harkonnen et le Bene Gesserit, et la conclusion théâtrale de cette épopée.

Si vous ne connaissez rien du roman, ça risque de spoiler un peu (en même temps, l'affiche révèle la scène finale...).

 

Acte 1 : touaregs et religion bidon

Nous retrouvons vite le même style éthéré, presque hypnotique, évoquant un mauvais rêve, porté par la musique planante de Hanz Zimmer, du premier épisode. Villeneuve prend le temps de nous décrire les Fremen, sans édulcorer l’influence orientale de Dune. Le film affiche un souci du détail dans la description de leurs tenues, tatouages, rituels, langage (sous-titré), et même de leurs prières, en évoquant irrémédiablement une imagerie « flaubérienne » issue d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ou plutôt National Geographic, diront les mauvaises langues). Il corrige là une tare – et cela n’est pas la seule, nous y  reviendrons – du premier film où l’on voyait surtout les Fremen vêtus de leur distille (combinaison) et parlant le langage commun. Une présence trop appuyée, selon les critiques négatives du film, mais rappelons que cette histoire est racontée du point de vue de Paul, en évitant la narration partagée et alternée du roman.

Autre point positif : il n’élude pas non plus la critique de la religion, très virulente chez Frank Herbert. Dans Dune, celle-ci est clairement décrite comme un outil de manipulation des masses. Dame Jessica développe ainsi les germes semés par son ordre depuis des millénaires sur Arrakis, en confirmant la rumeur instaurant son fils en tant que messie. Une intoxication subtilement menée par Villeneuve, qui installe un changement de comportement progressif chez ses personnages contraints à s’adapter pour survivre, après « avoir vu l’avenir » (ou les avenirs, pour être précis).

Globalement, ce premier acte est donc très audacieux, à l’image du roman, car il assume l’idée d’une guerre sainte (sans toutefois utiliser le terme de « Jihad » du bouquin) menée par des rebelles d’inspiration moyen-orientale, sur fond d’exploitation de ressource naturelle (l’Épice). Un concept effrayant étant donné le contexte géopolitique actuel (comme quoi, Herbert était décidément un visionnaire). Nous apprenons à cette occasion que les Fremen du Sud, beaucoup plus nombreux, sont également plus farouches, mais également des fondamentalistes plus sensibles à la prophétie du messie (référence aux Chiites et aux Sunnites ?). Ils représentent donc des cibles toutes indiquées pour la propagande de Dame Jessica.

Ainsi, le film ne rend pas ses personnages principaux – prêts à manipuler des indigènes pour servir leur soif de vengeance – spécialement sympathiques. Toute l’ambiguïté et le cynisme de Dune sont donc respectés.

 

Acte 2 : le grand échiquier

Le sujet des Fremen traité, dans une partie qui représente un film à elle seule, Villeneuve nous décrit le monde industriel fascisant des Harkonnen. Accordons-lui le mérite d’aller au bout de ses concepts, en nous présentant un monde monochrome noir et blanc et en exposant toute la cruauté de cette famille dégénérée.

Dune restant une histoire politique, il s’attarde aussi sur l’Empereur et sa fille, ainsi que sur l’Ordre Bene Gesserit auquel appartenait Dame Jessica. Cette partie nécessite peut-être de connaître à minima le livre, étant donné les luttes de pouvoir en jeu (et encore, le film omet la Guilde des Voyageurs Spatiaux et les commerçants de la CHOM).

En évitant une narration parallèle, Villeneuve fait de cet acte un écho à la montée en puissance de Paul, qui n’est pas passée inaperçue, alors que tout le monde s’interroge sur cet étrange messie fremen (l’hériter des Atréides étant censé être mort, l'Empereur ignore qu'il s'agit de Paul).

 

Acte 3 : une conclusion shakespearienne

Là encore, le film suit le roman vaille que vaille avec sa conclusion étrange, où tous les protagonistes sont réunis sur Arrakis pour régler leurs divergences autour d’un simple duel, alors que le chaos règne autour d’eux. L'Empereur a en effet eu l'idée stupide de se rendre en personne sur Dune, après avoir reçu une lettre de Paul frappée du sceau des Atréide (en indiquant ainsi qu'il est le messie des Fremen). L'enjeu consiste alors pour lui à sanctionner les Harkonnen, qui en plus d'avoir laissé Paul en vie ont été incapables de mesurer l'ampleur de la menace fremen, au niveau de leur nombre et de leur ferveur religieuse. Un certain doute demeure d'ailleurs ce point : le baron sait-il que Paul est toujours en vie, et qu'il est le leader des fremen ?

Second enjeu de sa visite sur Dune : décidé à négocier la rédition du messie fremen, sous la pression de son armée, l'Empereur va se laisser prendre à son propre jeu. Il ignore alors que Paul dispose des atomiques de sa famille, qu'il contrôle les vers des sables, et qu'il est à la tête de millions de fremen. Il leur permettra ainsi de se répandre dans l'univers en utilisant ses vaissaux. Un final marquant la déshumanisation définitive de Paul et sa mère : à ce stade, tous deux sont prêts à provoquer des dizaines de milliards de morts en initiant une croisade, une fatalité qu'il voulait à tout prix éviter.

Notons d’ailleurs à quel point le film est généreux en action et en souffle épique, là où le premier en manquait cruellement avec ses combats mous et ses vers des sables filmés dans le noir. Il s’agissait-là de l’une de mes déceptions (voir ma critique), or ces deux heures quarante m’ont semblé passer d’une traite.

On regrettera peut-être des éléments passés à la trappe (non, le mentat Thufir Hawat n’est pas mort !), les casques bizarres de Florence Pugh, ou un Christopher Walken peu concerné (il nous est toutefois décrit comme dépressif par sa fille), tout en saluant la folle idée d’avoir « fait parler » le fœtus de Dame Jessica. Le film se permet également quelques changements « osés » (la défiance de Chania) et des seconds rôles apportant une réelle plus-value (Souheila Yacoub).

Bref, une suite boostée puissance dix par rapport à un premier film timide, qui au passage passe ce soir sur TF1 à 21h10.

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Mission Impossible - Dead Reckoning : la critique

31 Juillet 2023, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Mission Impossible - Dead Reckoning : la critique

Mission Impossible est aujourd’hui devenu - à l’image de la série dont il s’inspire - une saga à épisodes, avec pas moins de sept films au compteur (en attendant le prochain). Ce nouvel opus, Dead Reckoning, exploite un thème « tendance » : celui des intelligences artificielles. Un prototype de logiciel militaire devient ici conscient, et prend le contrôle de tous les outils numériques créés par l’Humanité. On pense donc fort naturellement à Terminator et Skynet, mais aussi à Tron Legacy, étant donné le traitement quasi-divin accordé à l’IA, omnipotente et omnisciente. Tributaires de leurs gadgets, devenus des outils de contrôle à distance pour l'IA, nos agents sont ainsi contraints de recourir aux bonnes vieilles méthodes de l’espionnage.

Un retour aux fondamentaux imposé, donc, avec quand même un peu de technologie, avec des agents jouant au chat et à la souris dans un aéroport ou changeant d’identité comme de slip, ambiance Guerre Froide. Tout du long, Dead Reckoning fait un peu penser à un tournoi de Rubik’s Cube, avec son intrigue en constante reconfiguration sur un rythme trépidant. De nouveaux personnages, de nouvelles menaces et de nouveaux enjeux entrent constamment dans le champ de l’action, en redéfinissant le plan méticuleusement mis en place par nos agents pourtant rompus aux imprévus.

Cette montagne russe d’événements présente toutefois un inconvénient. Débutant sur un ton inhabituellement sombre et solennel, le film bascule dans la comédie (réussie) dans sa deuxième partie lors d’une course-poursuite folle à Rome, puis retrouve son sérieux, avant de retomber dans la gaudriole. « C’est le cas dans tous les MI », me direz-vous, mais Protocole Fantôme trouvait un certain équilibre moins brutal en mêlant l’humour au drame.

L’ennemi n’est pas seulement virtuel, et précisons que les méchants au service de l’IA sont parfaitement réussis, notamment Pom Klementieff (la Mantis des Gardiens de la Galaxie) dans un rôle de tueuse sadique à contre-emploi. Notons également que les acteurs et les actrices se battent clairement eux-mêmes, chose tout à fait appréciable qui évite des cuts pour masquer les visages. Les scènes d’action sont d’ailleurs monstrueuses. Nous avons déjà évoqué la course-poursuite, scène d’action classique mais que chaque MI parvient à faire innover, mais on pourrait également louer la scène finale. Sans spoiler, une énorme séquence à bord de l’Orient-Express ne peut que faire penser à Titanic...

Malgré sa durée conséquente, Dead Recokning reste toutefois une première partie. La fin nous laisse donc un peu sur notre... faim. Mais le film élimine des pions pour mieux en introduire d’autres, en nous donnant ainsi l’impression d’un plan parfaitement calculé sur la durée (à la différence d’un Star Wars, par exemple). En attendant la suite...

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Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : la critique

11 Juillet 2023, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : la critique

Papy fait de la résistance

(Une critique un peu brut de pomme, car initialement publiée sur les réseaux sociaux.)

Si Harrison Ford avait trente ans, j’aurais sans doute apprécié ce Cadran de la Destinée, et l’aurais placé au niveau de Temple of Doom. Mais il affiche plus de 80 balais, tient à peine debout, et un film d’aventures centré sur un vieux ronchon dépressif alcoolique présente peu d'intérêt. Sa premiere apparition avec blusoin et chapeau, censée etre iconique, est au final assez pathétique quand il tente de mettre la pression à un groupe d'antagonistes dans la fleur de l'âge.

On ne me fera pas croire qu'un grabataire met au tapis un type avec une patate bien placée, ou qu'il court sur un train. Et quand on le rajeunit c’est guère mieux, on a un peu l’impression de jouer avec une PS4 (contrairement à The Flash qui, lui, tient plus de la PS2). Le film est toutefois assez malin pour le placer en décalage avec son époque, les années 60 et leur libertarisme, ce que ne faisait pas le 4. Le héros de pulp des années 30 c’est dépassé, et on lui fait bien sentir. L'approche est faite intelligemment, notamment grâce à la fougue de son associée, contrairement à la déconstruction idéologique de James Bond dans le dernier film.

Indiana Jane

C'est en effet elle qui lui sauve la mise. C’est une révélation pour moi, elle irradie l’écran avec sa spontanéité sortie des années 80 à une heure où le cinéma est devenu cynique. J’aime bien l’idée qu’elle ne soit pas une cruche, et qu’elle roule dans la farine un peu tout le monde. Elle est jolie, drôle, elle a la classe... Ca ne me choquerait pas si elle prenait la suite d’Indy.
Mads Mikellsen est parfait en méchant, comme d’habitude. Je ne sais pas si c’est un compliment mais ça lui va tellement bien le costume de nazi...
Les scènes d’action sont ultra déjà-vues, mais bon au moins on trouve la note d’humour et d’ironie de la saga, avec des personnages qui s’invectivent en pleine poursuite et des entrées/sorties de champ vaudevillesques.

Eureka !


Je ne cache pas que je m’assoupissais un peu jusqu’à la fameuse scène d’exploration de ruines enfouies avec énigme. Bon là c’est un peu une énigme Pif Gadget, mais elle a le mérite d’exister.
Par contre j’ai beaucoup aimé la fin complètement WTF qu’ils ont dû écrire sous acide. J’aime bien quand une histoire va jusqu’au bout de son idée et qu’elle assume son concept. Je ne spoilerai pas mais c’est du niveau des aliens du 4, ça donne l’impression de scénaristes défoncés allongés sur un canapé qui cherche une fin à leur histoire.

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Avatar - La Voie de l'Eau : la critique

19 Décembre 2022, 02:00am

Publié par Norrin Radd

Avatar - La Voie de l'Eau : la critique

Après trois heures de projection sans pause pipi, je sors à l’instant d’une séance d’Avatar en 3D avec la tête qui tourne, et un avis mitigé.

Alors, soyons clairs : les progrès du numérique, de la capture de mouvements et de la 3D depuis le premier Avatar sont tout à fait bluffants. La texture de la peau, les expressions faciales, l’immersion... Tout cela atteint un niveau jamais vu où le vrai et le faux se mêlent sans choquer la rétine. Je dois maintenant préciser que je suis avec passion la carrière de James Cameron depuis le début, soit le premier Terminator. Et si l’on ne peut pas reprocher quelque chose à Cameron, c’est d’être un mauvais scénariste. Chaque intro de ses films est un modèle d’exposition où le réalisateur prend le temps de poser le décor, les personnages, les enjeux...

Or curieusement, Avatar 2 débute par un speed-run d’informations fouillis destiné à combler le trou de treize ans qui nous sépare du premier film. Malgré ce résumé à base de voix off calquée sur une cascade de lieux et de plans, nous finissons par comprendre que l’intrigue tient en une phrase : les militaires sont de retour, et ils ne sont pas contents. Voilà. C’est tout.

Cameron emprunte une idée de Neuromancien, où la mémoire humaine peut être stockée en barrette, et ressucite son méchant comme si de rien n'était. Un peu facile. Le reste ressemble à une fuite en avant qui se transforme en un film d’ados en vacances, où Cameron raconte une histoire de famille pétrie de clichés. Tout y passe, dans le genre « intégrons-nous à ce groupe qui ne souhaite pas notre présence », en faisant parfois penser à Karaté Kid ou à l’épisode de South Park Asspen.

Cameron oblige, on retrouve plusieurs de ses thèmes de prédilection, et le film réserve de purs instants de poésie. En outre, les personnages ont un charisme qui permet de ne pas voir le temps passer, mais on ne peut s’empêcher de se poser parfois les questions « qu’est-ce que ce film raconte ? » et « treize ans et 250 millions de dollars pour ça ? ». Car passé l’effet de surprise du premier Avatar, qui en soit n’était guère original sur le fond, voir des ados bleus copiner avec des crustacés pour ensuite se faire enguirlander par leurs parents durant des scènes dépassant les vingt minutes... Sans parler du personnage gênant de Spider, ersatz de Rahan, l'enfant des âges farouches. Tout cela n’est pas forcément au niveau du potentiel de Cameron. On a un peu l'impression que personne n'a osé lui pointer du doigt les longueurs, ou les clichés du métrage, étant donné sa renommée (et son caractère).

Le final, un remake de Titanic (avec un peu des Dents de la Mer), parce qu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, ressemble un peu à un déballage d’effets en relief, mais sans le fond auquel Cameron nous a habitués dans les Terminator ou Aliens. Après une banale histoire de vengeance, on revient un peu au point de départ, pour enchaîner sur deux ou trois films de plus... Est-ce vraiment nécessaire ? Cette histoire ayant déjà été racontée depuis les années soixante, avec Dune. Encore une fois, les personnages sont formidables, les scènes sous-marines magiques et la 3D bien exploitée (avec ses petits poissons qui nagent littéralement dans la salle), mais sans véritable innovation de fond dans la suite d’un film déjà sous influence, le tout ressemble trop souvent à une cinématique de PS5.

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Top Gun 2 - Maverick : la critique

26 Mai 2022, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Top Gun 2 - Maverick : la critique

Eighties forever...

     Maverick débute comme un hommage, avec une séquence d'ouverture reproduisant plan par plan l'introduction culte de Top Gun (le film est d'ailleurs dédié à Tony Scott dans son générique de fin). L'exposition d'items iconiques (le blouson, la moto...) confirme ensuite la note d'intention, au risque de faire passer le film pour un remake nostalgique des eighties. Ce qu'il n'est pas.

Tom Gun

     Très vite, le script se démarque en jouant le contre-pied. Contre toute attente, Maverick n'est pas plus un remake à l'odeur de naphtaline qu'une ode à la gloire de Tom Cruise. Pour mémoire, l'acteur était âgé de vingt-cinq ans en 1986, date de sortie du premier Top Gun. Trente-six ans plus tard, c'est la soixantaine fringante qu'il aborde cette suite en n'hésitant pas à suivre les conditions d'entraînement d'un pilote de chasse pour filmer les scènes de vol en conditions réelles.

Que sont nos héros devenus ?

     Fidèle à lui-même, et incapable de s'intégrer à notre époque, Maverick est devenu un outsider incarnant les années quatre-vingt, en décalage avec un monde morose qui ne lui correspond pas. Refusant les promotions pour continuer à piloter, célibataire, sans enfants, il consacre sa fin de carrière à son job en tant que pilote d'essai, risquant sa vie dans des vols suicidaires, à la manière de Martin Riggs cherchant la mort en service dans L'Arme Fatale.

     Astucieux, le scénario replace Maverick dans le bain Top Gun pour le confronter à une nouvelle génération de pilotes. Raillé, traité de grand-père, le vieux briscard leur apprend à se surpasser en brisant les règles (il commence par jeter à la poubelle le manuel de vol !), et injecte de la folie dans leur façon de piloter très formatée. Faut-il y voir une critique du cinéma actuel, et de la culture populaire en général ? Toujours est-il que, si au sol Maverick est un has been, dans le ciel il reste un dieu.

Highway to the danger zone

     Là où Maverick surclasse Top Gun, c'est en proposant un véritable enjeu. Le premier film ne montrait, en fin de compte, que des séances d'entraînement, validées par un affrontement improvisé en conclusion. Or Maverick s'articule autour d'une mission (impossible), briefée dès le début. À mission folle pilote fou, et c'est tout naturellement que l'on va chercher Maverick pour la mener. Cette logique de jeu vidéo façon Ace Combat (images de synthèse inclues) fait parfaitement le lien avec notre époque technologique, et après avoir entendu parler pendant une heure de cette fameuse mission dans tous ses détails, le spectateur se retrouve calé au fond de son siège (oui, comme au Futuroscope) et remonté à bloc lorsqu'elle débute. Mais nous y reviendrons, dans un paragraphe largement consacré aux spoilers.

Une histoire de transmission

     Comme nous l'avons vu, les clins d'œil au premier film sont légion (la scène de foot sur la plage !), mais s'intègrent de façon organique au récit, et sont au service du déroulé narratif. Ainsi, le fils de Goose, mort tragiquement lors d'une éjection dans Top Gun, fait figure d'axe central de l'intrigue. Maverick, tenu pour responsable, se retrouve en conflit avec le fils devenu pilote, et devra gagner son respect. Et pour des pilotes, le respect se gagne en vol.

     Dans le même ordre d'idée, on notera aussi l'apparition de nombreuses têtes du casting original, dont l'une très émouvante dont je vous laisse la surprise.

ATTENTION A PARTIR D'ICI CA SPOILE

     Cette surprise concerne l'apparition d'Iceman, devenu amiral. Le scénario intègre la maladie de Val Kilmer, atteint d'un cancer de la gorge, car celui-ci ne peut dorénavant s'exprimer qu'à l'aide d'un clavier et d'un écran. Le "dialogue" entre Iceman et Maverick confirme alors l'idée de transmission, car il s'agit plus, à proprement parler, d'une discussion entre Val Kilmer et Tom Cruise.

     Les deux hommes ont en effet connu un parcours de star similaire et parallèle. Or, là où Kilmer a dû arrêter sa carrière en raison de son cancer, Cruise a continué, à la façon de Maverick, en sacrifiant sa vie privée et en prenant des risques avec sa vie (il assure lui-même ses cascades). Le "let it go" d'Iceman prend alors tout son sens, quand il conseille à Maverick de se mettre en retrait et de laisser la nouvelle génération prendre le relais.

     Concernant le final, je ne saurais toutefois cacher ma surprise face à un épilogue de mission WTF, mais tellement fun qu'il ma totalement embarqué. Après s'être sacrifié pour sauver le fils de Goose, Maverick se crashe. Celui-ci vient le sauver en désobéissant aux ordres (à la façon des 80's), et se fait shooter à son tour. Et voilà nos deux hommes à pied, en territoire ennemi (qu'on évite soigneusement de citer), qui profitent du chaos ambiant pour entrer dans la base de leur adversaire. Et qu'y trouvent-t-ils ? Un bon vieux F14 Tomcat des années quatre-vingt ! Maverick prend les commandes avec le fils de Goose comme co-pilote, et se retrouve à affronter des avions de chasse dernière génération avec son vieux coucou.

     Le F14, fleuron technologique des années quatre-vingt, devient ici un élément comique vu le décalage affiché avec les F18 actuels. Nous découvrons à cette occasion que le Tomcat est rempli d'interrupteurs, de boutons, et que ses munitions sont affichées avec un compteur de magnétophone ! Toutefois, Maverick retrouve alors son arme de prédilection, un outil quasiment dénué d'électronique laissant toute latitude au pilote.

     Le film renoue alors, encore une fois, avec le premier en réunissant le duo, et exploite en plus de cela tout son concept "freestyle des années quatre-vingt vs formatage des années deux-mille". Là où (au risque de sur-interpréter) les pilotes ténébreux et anonymes de Top Gun incarnaient l'URSS, leurs successeurs semblent représenter une époque froide et impitoyable. Malgré son infériorité technologique, Maverick enchaîne alors des figures qu'aucune école de vol n'oserait enseigner, et déstabilise les pilotes ennemis habitués au "dog fight" classique ! En l'absence de radar, Rooster doit le guider, et se voit ainsi contraint d'assumer le rôle de son père dans un passage de relais où deux générations doivent travailler ensemble - et non se tirer dans les pattes - pour survivre.

C'EST BON VOUS POUVEZ REPRENDRE

     Que dire d'autre... si ce n'est que, aimé ou détesté, Tom Cruise reste un acteur exceptionnel au jeu toujours juste... Ou bien que les acteurs sont filmés en vol, et que l'on voit nettement la différence quand leur peau s'écrase littéralement sous l'effet des G... Rien n'est fake, et ça se voit.

     Bref, un film intelligent, on ne le répétera jamais assez, qui ressemble à une réponse en pied-de-nez à une époque, quand la liberté d'esprit et de ton des années quatre-vingt donne une leçon de fun à une époque où sortir des clous du formatage expose à la vindicte et l'exclusion. "Là-haut, si tu penses, t'es mort !"

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