Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Balades Cosmiques

Bac Nord - La critique

8 Septembre 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Bac Nord - La critique

     La critique de Bac Nord trouve-t-elle sa place sur un blog dédié à la culture populaire ? De mon point de vue, oui. De par son approche réaliste, le film ressemble avant tout à un docu court, sec et nerveux, qui relève plus du trhiller d’action que de l’analyse sociologique. « Sans idéologie, discours, ou baratin », comme dirait l’autre. Sur cette base, évacuons d’emblée tout quiproquo. Bac Nord appartient à cette catégorie de film d’action sur fond social, dans la lignée des films d’Yves Boisset (Le Prix du Danger) et Bertrand Tavernier (L627) pour la France ou John Carpenter (Assaut) pour les USA.

     Le métrage relate en trois actes l’exposition du quotidien de trois « baqueux », leur « gros coup », puis leur déchéance. Basé sur des faits réels, le scénario décrit l’engrenage d’une enquête où ils doivent se procurer de la drogue, non pas pour trafiquer, mais pour rémunérer un indic’. Cette pratique, courante dans les années quatre-vingt, leur attire les foudres de l’IGPN et des médias, qui auront tôt fait de présenter le trio comme des « flics ripoux ». Après une exposition « dans ta face » tout en adrénaline, Bac Nord devient aussi effrayant que déprimant dans sa seconde partie. Cités aux airs de favelas, police considérée comme un gang adverse… Des faits connus de tous, surtout pour qui a vécu en « quartier sensible », mais qui prennent une autre dimension sur grand écran. Il n’évite cependant pas certains clichés (barbecue entre potes, femme enceinte…).

     Spot publicitaire pour l’extrême droite pour les uns, coup de projecteur sur une situation cataclysmique après des décennies de déni pour les autres, le film ne peut laisser indifférent. Prend-il partie ? Dans la mesure où il adopte le point de vue des policiers, forcément, oui. Leurs déboires, et l'absence de soutien de leur hiérarchie ne peut qu'attirer, sinon la symptahie, au moins de l'empathie. Y aurait-il un film à faire du point de vue des habitants des cités ? Certainement, et il y en a eu. Bac Nord a le mérite d’exposer brutalement des faits, sans jugement moral, en une sorte de bilan post La Haine qui s’achevait sur cette phrase : « L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »

     Sur la forme, dans ses scènes d’action, Bac Nord assume totalement son statut de divertissement en empruntant à Hard Boiled, The Raid, et même parfois The Walking Dead avec sa steady-cam et ses plans saccadés. Son casting à contre-emploi donne tout, parfois lors d'improvisations, face à des figurants issus des quartiers nord de Marseille. La montée de la tension est tellement bien menée que l’on se prend à avoir peur pour eux, tout en souhaitant ne jamais mettre les pieds dans ce qui apparaît comme un enfer sur Terre. À ce titre, le film n’a rien d’un spot de l’Office de Tourisme de la région PACA, mais cela n’était semble-t-il pas l’objectif.

Commenter cet article