X-Men - Apocalypse - La critique
X-Men Apocalypse est le sixième film consacré aux X-Men, en mettant de côté les deux "spin-offs" dédiés à Wolverine. Tel Star Wars, la série se divise en deux trilogies commençant par la fin : la première débutant avec un Professeur X (chauve) vieillissant en fauteuil roulant et la seconde avec la formation des X-Men et un Xavier valide (et chevelu). Apocalypse marque donc la fin d'un cycle avec aux commandes Bryan Singer, qui aura déjà oeuvré sur quasiment tous les X-Men en qualité de réalisateur ou producteur, une série que l'on pourra donc considérer comme sa "grande oeuvre" liée à des thèmes qui lui sont chers (l'adolescence, l'exclusion...).
Logiquement, ce dernier film nous promet donc du grand spectacle avec la présence du plus grand super-vilain affronté par les mutants en la personne d'Apocalypse, qui chamboula à lui seul tout l'univers des X-Men avec le crossover L'Ère d'Apocalypse (qui donna lieu à quelques excellents épisodes mis en scène par Scott Lobdell ou Chris Bachalo), et rien de moins que la promesse d'une fin du monde déjà entraperçue dans Days of the Future Past dans une version "post-apo".
L'introduction est plutôt bien torchée, si vous me passez l'expression, à défaut d'être originale, avec son rituel égyptien ambiance Indiana Jones/Stargate/La Momie, puis comme à son habitude Singer nous démontre qu'il n'a pas son pareil pour exposer des personnages et les rendre crédible en les inscrivant dans la réalité, quitte à prendre de larges libertés avec les origines des X-Men ou à entrer en contradiction avec les autres films. Quant au décor, de la même façon que sur First Class et Days of the Future Past un gros travail a été effectué pour restituer l'époque, ici les années quatre-vingt, afin de nous faire sentir le passage du temps d'un film à l'autre. Ambiance manches relevées et brushing, donc.
Si Oscar Isaac livre une interprétation souvent juste d'Apocalypse, un rôle très "casse-gueule", il faut bien reconnaître que les craintes ressenties en voyant les premières images de son maquillage s'avèrent fondées : on pense souvent plus à un méchant de Bioman, ou Power Rangers si vous êtes plus jeune, qu'à un mutant aspirant à la divinité. Les autres acteurs et actrices, fidèles à eux-mêmes, livrent une bonne prestation (Singer est connu pour sa direction d'acteurs), avec une présence assez importante de Jennifer Lawrence (ce dont on ne se plaindra pas).
On retrouve donc ici toutes les qualités et les défauts de Bryan Singer : du travail appliqué, soigné, beaucoup d'importance accordée aux personnages et aux relations qu'ils entretiennent mais, c'est plus fort que lui, une tendance à lorgner parfois du côté du téléfilm cheap, aussi bien sur le fond que sur la forme. C'est particulièrement flagrant lors des scènes finales quand les héros se retrouvent à discuter, un peu ridicules dans leur costume (dont Psylocke en slip mauve) au milieu d'un décor vide... Un défaut que l'on trouvait aussi dans les Avengers et propre aux "films de super-héros de groupe".
Les scènes d'action n'ayant jamais été son fort non plus, il peut remercier l'équipe des effets spéciaux pour les plans dantesques mettant en scène Magneto. On notera aussi une scène particulièrement ridicule liée à Vif Argent, annihilant tout le climax que le réalisateur était parvenu à mettre en place auparavant. On ne parlera pas non plus d'une sorte d'hommage ou clin d'œil à un classique de Barry Windsor-Smith dont je vous laisse la surprise, qui évoquera plus une parodie avec un acteur en roue libre qu'autre chose...
Bref, après un début magnifique avec X-Men First Class, on a un peu le sentiment d'une baisse de niveau d'un film à l'autre au sein de cette nouvelle trilogie, pour aboutir à cette conclusion relativement convenue et sans surprises malgré tout le soin apporté à l'ensemble, guère au niveau des ambitions affichées.