Mayans M.C. - Saison 1 - La critique
Spin-off de la série Sons of Anarchy, Mayans M.C. propose un changement de contexte intéressant en proposant le point de vue du gang – pardon, du club de motards – mexicain, parfois allié ou parfois opposé aux Sons. Exit le nord de la Californie, on se rapproche de la frontière du sud pour s’immerger dans un contexte latino parfaitement retranscrit à base de mariachis, de pinadas et de tacos (non, je n’ai pas peur des clichés). Même formule, avec des gros durs confrontés à des ordures dans une première saison de dix épisodes d’une heure chacun au programme.
Quel intérêt ? me direz-vous. Les histoires de bikers, c’est bien, mais entre le Whisky, les bagarres, les runs, les trafics et les strip-teaseuses, ça tourne un peu en rond. Eh bien justement, ce nouveau contexte est un formidable terrain de jeu pour des outlaws. Le quotidien des Sons of Anarchy était déjà dur en soi, mais ici on ne joue plus dans la même cour. Les cartels sont plus puissants que l’État, les flics corrompus, les fusillades en pleine rue monnaie courante, on découpe ses ennemis en morceaux, on n’hésite pas à tuer des enfants et des mineures se prostituent, le tout accompagné de musique folklorique dans un environnement où, paradoxalement, le catholicisme est omniprésent.
Et là, vous me direz que ce tableau apocalyptique n’est pas exclusif au Mexique, et que je ne rends pas service à l’office de tourisme locale. Certes, mais disons qu’ici les choses se font au grand jour, de manière un peu moins hypocrite qu’aux USA. Notons au passage que tout est parfaitement réaliste et documenté, entre tunnel souterrain creusé sous le mur de la frontière, fonctionnement des cartels ou méthodes limites des Fédéraux, mais on n’en attendait pas moins de la part du showrunner Kurt Sutter (The Shield).
Un environnement extrême (qui peut paraître exagéré, mais pourtant en dessous de la réalité des cartels), donc, passionnant si on aime le genre. L’intrigue, en revanche, sent un peu le réchauffé pour les habitués de Sons of Anarchy. Taupe infiltrée, relations familiales compliquées, embrouilles entre gangs... Le casting de gueules burinées est assez inégal, allant du raté (un chef de cartel qui ne fait pas peur, c’est gênant) au réussi (le personnage principal, au charisme indéniable, « El Presidente », « Coco »...). Notons là aussi que la plupart des acteurs sont d’anciens gangsters passés par la case prison, ce qui ajoute un cachet d’authenticité à l’ensemble.
Bref, on retrouve dans Mayans les mêmes défauts et les mêmes qualités que sans SoA : une heure, c’est long, et on se passerait volontiers des états d’âme de la femme du chef de cartel (les passages axés sur leur relation sont les plus faibles). Toutefois, Kurt Sutter demeure un excellent narrateur, qui sait savamment poser ses pions sans être trop démonstratif. Une fois exposés le rôle de chacun et les enjeux en présence, les scènes de tensions et les rebondissements fonctionnement à plein pot. En outre, il n'a plus rien à prouver pour ce qui est de créer des personnages forts et de faire évoluer leurs relations. Le vieux Felipe et l'agent des stups, "Coco" et sa fille cachée... Autant de portraits et de tranches de vie formidablement justes dans leur écriture et leur interprétation. Rien que pour ça, Mayans M.C. vaut le coup d’œil.