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Fallout : la critique
Apocalypse now
On l’attendait avec enthousiasme et circonspection, l'adaptation du jeu vidéo culte est là, et peut-être pas au meilleur moment étant donné le contexte géopolitique actuel. Préparez votre sac à dos et votre Pip-boy : une excursion sans retour dans le wasteland radioactif vous attend.
Fallout (mot angl.) : retombées. Dom. nucléaire : substances radioactives se déposant sur le sol après leur émission dans l’atmosphère par une explosion atomique.
Le jour où la Terre s’arrêta
Le prélude de Fallout se situe dans monde uchronique assez paradoxal, où la technologie est plus avancée que la nôtre là où le mode de vie s’est arrêté à l’âge d’or des années cinquante américaines (voir Happy Days, pour situer). De façon toute aussi paradoxale, l’insouciance et la naïveté de l’époque y côtoient un contexte de Guerre Froide et de maccarthysme où la tension géopolitique est à son comble.
Ainsi, en 2077, une montée en pression des relations diplomatiques internationales trouve sa conclusion avec une série de frappes nucléaires sur le globe. En l’espace de deux heures, le monde est dévasté. Quelques survivants, qui avaient anticipé la catastrophe, trouvent refuge dans des abris d’où ils ne ressortiront jamais.
« Il faut se méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à coudre, ça finit par la bombe atomique. »
– Marcel Pagnol
La grande Geiger
Cette adaptation en série de huit épisodes, diffusée sur Amazon Prime, est produite par Jonathan Nolan (le frère de l’autre). Ironiquement, rappelons que Christoper Nolan a réalisé un film sur Oppenheimer, le père de la bombe atomique...
L’intrigue relate une histoire inédite, chronologiquement située après les jeux vidéo. Le background imaginé par les développeurs est extrêmement complexe et précis mais, pour résumer, le premier Fallout se déroule en 2161, et la série en 2296.
Une introduction glaçante nous relate la dévastation causée par les frappes nucléaires, avant d’enchaîner sur une exposition impeccable de la vie quotidienne dans les abris. Fidèlement à la saga ludique, l’aspect lisse et politiquement correct de la propagande qui les régit contraste parfaitement avec la sauvagerie de l’extérieur, que nous ne tardons pas à découvrir à travers la descente aux enfers d’une exilée. L’évolution des personnages les amènera ensuite à se déshumaniser, ou à s’humaniser, en fonction de leur personnalité initiale.
Comment tirer huit épisodes d’une heure d’une série de jeux vidéo qui, bien que formidablement riches et originaux, restent liés à l’expérience de chaque joueur ? La série répond à ce challenge avec un scénario astucieux, qui relate les destins croisés de trois protagonistes. Lucy, une citoyenne de refuge, Maximus, un aspirant à la Confrérie du Métal, et Conrad, une goule reconvertie en chasseur de primes. Une quête commune les amènera à se rencontrer. Parallèlement, une narration alternée nous ramènera régulièrement au refuge, moins paisible qu’il en a l’air. Histoire de corser le tout, si vous craignez une intrigue trop simpliste et linéaire, des flash-back réguliers nous renvoient à la période d’avant-guerre, afin de mieux cerner les événements ayant conduit à l’Apocalypse.
C’est de la bombe, bébé
C’est peut-être le moment de préciser que, derrière ses thèmes anxiogènes, Fallout est une violente satyre du capitalisme ultra-libéral, doublée d'un monument d’ironie et d’humour noir, souvent terrifiant et gore. Les craintes des fans portaient essentiellement sur ce point qui, rassurez-vous, est parfaitement respecté. La confrontation entre l’angélisme des idéalistes des refuges coupés d’un monde cradingue et le pragmatisme des survivants crasseux et mutilés de l’extérieur a de quoi faire rire jaune. Pour leur défense, rappelons toutefois que le temps s’est arrêté pour eux, et qu’ils ignorent tout des dangers du « dehors ». En essayant d’entretenir des communautés démocratiques (en apparence), les refuges constituent les derniers bastions de la civilisation.
Il s’agit-là de la grande question philosophique soulevée par Fallout : vaut-il mieux vivre librement dans l’anarchie en risquant sa peau, ou en sécurité dans un système fascisant ? On peut d'ailleurs y voir une critique du privilège occidental, et plus précisément des "no life", réfugiés dans le confort de leur "home", entre séries et jeux vidéo. Autant dire que Fallout se permet de se moquer de son propre public !
On peut enfin s’attarder un instant sur les effets spéciaux, dignes d’un long métrage. Une réussite d’autant plus bluffante que l’action de Fallout se déroule la plupart du temps en plein jour, où la lumière met en relief le moindre détail des créatures numériques.
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Le trailer, un peu trop lisse, et l'expression faciale du perso ne m'avaient pas convaincu, et paradoxalement la HD enlève au "grain" si particulier du jeu. Pour être clair, c'est un peu moins crado visuellement. Je ne suis toujours pas persuadé de l'intérêt d'une telle initiative, car les graphismes brumeux et la lourdeur de l'ergonomie participaient entièrement au gameplay. En plus de cela, on nous vend de l'action sur fond de guitare électrique, ce qui semble assez aberrant. Enfin... à voir.