On continue sur notre lancée avec ce Bumblebee, spin-off de Transformers d’excellente réputation. Le film prend le parti-pris, assez cohérent avec l’« esprit Transformers », de situer son action dans les années quatre-vingt, en surfant ainsi sur une espèce de mode nostalgique actuellement en vogue chez une jeune génération qui, paradoxalement, ne les a pas vécues. Formellement, la réalisation s’harmonise astucieusement avec le fond en proposant une narration et un aspect visuel typique des films de divertissement des eighties ciblés ados, du type Karaté Kid. Toutefois, la principale source d’inspiration du réalisateur semble être E.T., dont le film reprend des scènes entières.
Avouons-le, la volonté affichée de prendre le contre-pied des blockbusters beaufs et racoleurs des films de Michael Bay était assez osée, vu leur succès au box office. Bumblebee se destine clairement à un public jeune, de son héroïne juvénile à l’aspect original du robot susnommé : une jolie petite coccinelle jaune, en lieu et place de la Camaro qui lui a succédé. Passée une intro spectaculaire aux effets spéciaux démentiels, le film opte pour une narration intimiste, joue avec subtilité la carte du sentimentalisme, tout en ponctuant son intrigue de touches d’humour qui sonnent juste, toujours dans le ton, et jamais hors de propos. Dans son refus du sensationnalisme, sans pour autant se priver de scènes d’action spectaculaire, le film réussit ainsi l’exploit de rendre attachant un tas de boulons, là où Spielberg nous tirait une larme avec un alien marron à tête plate.
Et donc, pour résumer, ça fonctionne. On notera au passage que les films qui reviennent à cette « formule 80 », au premier degré assumé et dénuée de cynisme, en apparence basique et naïve, font souvent mouche. On pensera par exemple à Wonder Woman. Certes, je le répète, le film s’adresse surtout aux enfants et trouve parfois ses limites sur des questions de cohérence (une planète de robots qui se transforment en voitures et parlent notre langue, WTF ???), mais accomplit un travail remarquable dans la caractérisation de ses personnages et le développement de leurs relations, aidé en cela par les prouesses d’ILM dans l’animation des robots et l’expression de leurs « visages », avec un niveau de détail assez hallucinant.
Bref, Bumblebee fonctionne un peu comme un grand bol d’air frais, et Dieu sait que l’on en a besoin en ce moment.