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Balades Cosmiques

critiques

Le Livre de Boba Fett : le bilan de mi-saison

26 Janvier 2022, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Le Livre de Boba Fett : le bilan de mi-saison

     Après quatre épisodes, l'heure est au bilan, et si tout n'est pas totalement à jeter celui-ci est plutôt mi-figue mi-raisin. Attention, ça va spoiler. Passé un rite initiatique chez les Tusken façon Danse avec les Loups, plutôt bien traité, il faut le dire, la série nous a surpris par ses parti-pris consensuels. Boba est compatissant, Boba adopte un Rancor et le caresse comme un bon gros toutou, Boba aide des jeunes désœuvrés, Boba libère un ennemi qui a tenté de le tuer, Boba est défiguré, mais pas tellement et pas trop longtemps quand même Bref : Boba s'est ramolli.

     Là où the Mandalorian surprenait par son approche sans concession (le héros était un tueur assumé), LLDBF ressemble de plus en plus à... une production Disney, comme si the Mandalorian apparaissait comme un OVNI dans la continuité des nouvelles productions Star Wars. Un massacre des Tusken ou un bras arraché par un wookie hors-champ n'y changeront rien : l'ensemble paraît bien fade, et on ne peut qu'approuver Fennec lorsqu'elle reproche à Boba de s'être adouci lors de son passage chez les Tusken. La moindre amorce de violence (la vengeance des jumeaux hutt, la chute dans le repaire du Rancor...) est aussitôt désamorcée par la volonté de Fett de calmer le jeu. Surprenant, dans la mesure où sa première action fut de dézinguer un Bib Fortuna désarmé sur son trône pour prendre sa place.

     L'un ne va pas sans l'autre, et on sera d'accord : Star Wars n'a jamais été axé sur le bas de la ceinture. Néanmoins, la série nous a été vendue comme une histoire de gangsters, et il s'agirait d'assumer. Il semble ainsi étrange de ne pas exploiter - ne serait-ce qu'une certaine tension sexuelle - entre deux personnages individualistes amenés à briser une vie de solitude en passant le plus clair de leur temps ensemble. On pourrait citer en exemple X-Files, où la tension sexuelle entre Mulder et Scully est palpable, et apporte un plus à la série. Surtout dans la mesure où l'intrigue semble flirter avec un rapprochement physique (Boba porte Fennec dans ses bras, apparaît devant elle en slip kangourou...) sans jamais oser franchir le seuil, là où Han Solo n'hésitait pas à dragouiller Leïa durant toute une trilogie. Certes, la série affiche une certaine volonté d'aller sur ce terrain (le casino de Garsa Fwip et ses Twi'lek aux allures d'escorts) mais, tout comme pour sa violence timide, ne s'aventure jamais trop loin dans ces eaux troubles.

     Peut-être faudra-t-il chercher les causes de ce traitement chez le schizophrénique Robert Rodriguez, producteur exécutif et réalisateur de plusieurs épisodes. Le tournant mainstream est d'ailleurs confirmé dans le troisième épisode qu'il a lui-même réalisé, où l'on assistait médusés à une poursuite au ralenti entre des cyber-kids façon Inspecteur Gadget montés sur des vespas aux couleurs des Power Rangers. La ressemblance avec son Battle Angle Alita, où une ville-déchetterie devenait un parc d'attraction aux couleurs criardes, est d'ailleurs frappante, et je ne parlerai même pas des points communs avec son Spy Kids 3D. On aurait préféré retrouver le réalisateur de Desperado et Sin City avec son univers sombre et décadent.

     Pour finir, relevons les derniers défauts de la série, mais aussi ses atouts indéniables. Adepte du fan-service à tous les étages, LLDBF multiplie les apparitions de figures connues pour cacher la misère d'une intrigue visant à boucher les trous de la vie post-Retour du Jedi de Boba Fett. Souvent sympathiques, ces apparitions frôlent parfois la saturation. J'éviterai par ailleurs de relever quelques incohérences, la plus incroyable apparaissant dans le quatrième épisode. Boba et Fennec y prennent tous les risques pour pénétrer dans la gueule du Sarlaac afin d'y récupérer l'armure de Fett. Celui-ci a visiblement oublié qu'il la portait encore en s'extrayant de l'estomac de la créature. Un black-out dû au trauma, me direz-vous, si ce n'est qu'il a survécu aux sucs digestifs du Sarlaac uniquement grâce à elle. Difficile, donc, d'oublier qu'il la portait alors !

     Notons tout de même une excellent second épisode, et sa fameuse attaque de train menée à cent à l'heure. Contrairement à la poursuite molle de l'épisode suivant, la mise en scène nous fait alors ressentir la vitesse et le danger ressentis par les Tusken, à la manière d'une attaque de western. Quel dommage que le reste ne soit pas à l'avenant ! La série se débarrasse d'ailleurs un peu vite des nomades du désert, dans l'intention louable de faire avancer l'histoire parallèle relatée par les flash-backs. Hélas, sans vouloir être méchant, celle-ci s'avérait souvent plus intéressante que l'intrigue présente. Désormais, les souvenirs de Boba semblent avoir rejoint sa vie actuelle via la rencontre avec Fennec, afin d'aborder la deuxième partie de la saison sur un seul fil chronologique. Reste à espérer qu'elle parvienne à se renouveler avec l'apparition d'ores et déjà annoncée du Mandalorien, grâce au thème de son générique.

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Matrix Resurrections - la critique

31 Décembre 2021, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Introspection vertigineuse ou nanar indigeste ? Remise en question ou gros trollage de la fan-base ? Matrix Resurrections est un film déroutant sur bien des points. Peut-être est-il un peu tôt pour l'aborder, le premier Matrix alimentant encore des analyses vingt-deux ans après sa sortie. Cela n’est pas une raison pour ne pas commencer à y réfléchir. Soyez avertis : ça ne va pas plaire aux geeks !

Retour dans la Matrice

Retour dans la Matrice

Cinquante nuances de Matrix

     Décoder le code de Matrix est devenu au fil du temps un petit jeu pour les fans de la trilogie, qui s’est vue consacrer des ouvrages entiers où les citations de Platon côtoient celles de Jean Baudrillard et William Gibson. Difficile toutefois d’assimiler, de comprendre, de digérer et de régurgiter à chaud un film comme Matrix Resurrections, rempli jusqu’à la saturation de références, allusions, métaphores, allégories, sous-textes et j’en passe. Le métrage est en effet construit comme un mille-feuilles dont chaque couche représente un niveau de compréhension, une histoire indépendante relative à un thème particulier.

     Vous me direz, avec Matrix, on a l’habitude… Certes, mais ce quatrième opus ajoute une corde à son arc en s’interrogeant sur les répercussions de la saga dans une mise en abîme infinie. Un peu comme deux miroirs placés face-à-face, ou un galet qui rebondit sur l’eau en provoquant des ondes, pour vous donner une idée. Exit la relecture mythologique, le film attaque frontalement une société dominée par la psychologie à deux sous et le marketing utilisé comme instrument de manipulation des masses. Difficile, pour l’heure, de disséquer un par un ces niveaux de lecture, mais sans doute est-il préférable de commencer par la note d’intention de Lana Wachowski.

Le traditionnel jeu de miroir démultiplié

Le traditionnel jeu de miroir démultiplié

     Soyez tout de suite prévenus qu’il m’est indispensable, pour parler du film, de le spoiler un peu (beaucoup). Très tôt, passée l’introduction (sur laquelle nous reviendrons), un dialogue entre notre vieil ami Thomas Anderson et son supérieur nous indique qu’il est l’auteur de la trilogie d’un jeu vidéo en ligne à succès (Matrix, bien sûr !). Engoncé dans une vie solitaire au service d’un job chronophage, il a pour chef une autre vieille connaissance, l’Agent Smith, ancien virus désormais intégré à la nouvelle Matrice. L’ange déchu, l’Antéchrist, a retrouvé son rang et siège aujourd’hui aux côtés du Seigneur dans une étrange Trinité (le père : l’Analyste, le fils : Anderson, et le Saint Esprit : Smith). En gros : Smith s’est embourgeoisé et a réintégré le système. Ce dernier contribue à présent au statuquo de la société en produisant des MMORPG, une “matrice dans la Matrice” destinée à divertir les masses pour les conserver dans un état léthargique.

     Le studio a imposé à Anderson la conception d’une suite à son succès, quitte à le remplacer en cas de refus. Ce Matrix 4 (MIV) apparaît donc comme une séquelle forcée, que sa réalisatrice va transformer en outil satirique pour régler ses comptes. Autrement dit, une charge violente contre la Warner, l’industrie des jeux vidéos, l’évolution d’Internet, les geeks coupés de la réalité, la psychiatrie moderne, l’intolérance envers la “non binarité sexuelle”, mais aussi et surtout : contre le phénomène Matrix qu’elle a elle-même contribué à initier !

     Tout au long du film, Lana Wachowski n’aura de cesse de moquer ses propres personnages (l’ersatz de Morpheus !), les nombreuses analyses capilotractées de la trilogie, ou son merchandising… On assiste ainsi à une séance de brainstorming hallucinante (sûrement vécue) où des cadres de la Warner expliquent à son créateur à quoi doit ressembler la suite de Matrix ! Visiblement blasée par cette surexploitation, Lana W. s’appliquera ensuite à un exercice d’auto-sabordage de son propre jouet, dans une sorte de stratégie de la terre brulée (après moi, le Déluge…).

     Pour nous faire comprendre l’exaspération qu’inspire à Lana la récupération de son œuvre, le film commence par exposer une enseigne affichant " For those who love to eat shit ". Et pour les distraits, régulièrement, les personnages briseront le quatrième mur et s’adresseront quasi directement au spectateur pour lui dire “C’est bien ce que tu voulais, non ? Maintenant qu’elle est servie, mange ta soupe“. Encore plus explicite, Néo lui-même bredouillera un "C'est n'importe quoi" face à un Morpheus ridicule. Le Mérovingien crachera quant à lui (littéralement) sur les “séquelles/franchises/spin-off à la noix” de Néo ! Et pour enfoncer le clou, un effet bullet time foireux sera accompagné d’un “C’est ce que vous attendiez, non ?" narquois énoncé par l’Analyste. Enfin, pour ceux qui n’auraient toujours pas compris, les aller-retour entre la Matrice et le monde réel se feront désormais via… les toilettes.

     Le message est ainsi annoncé, répété à l’envi, jusque dans l’épilogue : vous avez besoin de votre came (la pilule bleue) pour alimenter des analyses et des discours sans fin (auxquels je m’apprête à contribuer) ? Vous avez abandonné le réel pour vous réfugier dans le virtuel ? Vous avez fait de moi votre déesse, l’Architecte de la matrice Matrix ? Très bien, je vais vous fournir une overdose de pilules bleues, tout en me moquant de vous et en faisant tout imploser. Voilà pour la note d’intention, rembobinons le fil pour revenir à cette introduction qui, en elle-même, annonce déjà cette immense farce.

No comment

No comment

Jésus revient

     Cette auto-critique, ou plutôt la critique du produit d’un système initialement pensé comme une satire dudit système, donne lieu dans une première partie à une mise en abîme vertigineuse. Revenons donc un peu en arrière, avant l’exposition de Thomas Anderson. Le film débute par un défilement vertical du code de la Matrice, comme dans chaque opus, mais le fait remonter ensuite, comme un symbole de la descente aux enfers et de l’Ascension du Christ dont Néo se veut l’équivalent moderne. L’intro reproduit celle du premier Matrix, plan par plan, avant que deux visiteurs issus du monde réel s’immiscent dans la pellicule comme des voyeurs, conscients de revoir une ancienne histoire déjà vue et revue (à la façon du spectateur). Ironiquement, l’un d’eux (“Bugs”, comme un bug informatique, mais aussi comme Bugs Bunny, autrement dit le lapin qui guide Néo, dont les droits appartiennent à la Warner !) est une ancienne laveuse de vitres, en écho au premier Matrix, où les “nettoyeurs” étaient interprétés par les frères W.

     Curieusement, les événements ne se déroulent pas tout à fait comme dans le premier film. L’action est mollassonne, et les personnages ont des aspects différents, comme dans une mauvaise copie. A cet instant, nous sommes déjà avertis par Bugs du traquenard dans lequel les fans de Matrix sont en train de tomber (“Ça ne ressemble pas à l’histoire à laquelle on s’attendait… Ça doit doit être un piège“). Nous apprenons ensuite qu’il s’agit-là d’une scène connue d’un fameux jeu vidéo, bloquée dans une boucle temporelle dans laquelle les persos ont été piégés par son créateur. Et devinez de qui il s’agit ?

     Comme nous l’avons évoqué, Thomas Anderson est donc retourné dans la Matrice en tant que créateur d’un jeu en ligne exploitant la Matrice et les personnages que nous connaissons, une sorte de Matrix Online (qui a d’ailleurs existé). Une espèce de dieu des mondes virtuels, un mini-Architecte, un démiurge, un peu comme dans Tron Legacy (la mention “Deus Machina” apparaît un peu partout sur les murs de sa société). Présenté comme dépressif, victime d’hallucinations, sous traitement (les pilules bleues) et abonné aux séances de psychanalyse, il va être “éveillé” juste avant une nouvelle tentative de suicide non pas par Morpheus, mais par Bugs, qui est en fait une rebelle échappée de la Matrice. Car Bugs voit les choses telles qu’elles sont et peut donc guider les âmes perdues vers le terrier de la réalité, comme le lapin blanc. Or ce qui apparaissait pour tous comme la tentative de suicide d’un vieux gars chauve exploité par sa boîte fut pour elle une révélation, la marche de foi dans le vide d’un Christ moderne.

Keanu Reeves plus christique que jamais

Keanu Reeves plus christique que jamais

Vertigo

     Cette accumulation de révélations surréalistes entraîne chez le spectateur un questionnement dickien sans réponse. Pour commencer, Anderson est-il sain d’esprit ? N’est-il pas simplement un homme lambda blasé en quête de sens existentiel ? S’est-il inspiré de réminiscences, de ses souvenirs, pour programmer à l’aide de ses connaissances informatiques un jeu inspiré de ses expériences tirées des trois autres films ? Ou bien, accrochez-vous, Matrix n’est-il pas, depuis le premier film, le délire d’un informaticien schizophrène paranoïde qui nous invite dans sa folie, à la manière du logiciel de Tron ou du rêve programmé de Total Recall ? C’est vers cette piste que semble nous amener la première partie, avec ses nombreuses séquences dans le cabinet d’un psy (le fameux Analyste, comme le Data Analyst d’un système informatique) truffé d’ouvrages sur le marketing et la conception d’environnements virtuels.

     Lana Wachowski semble ainsi nous convier à son auto psychanalyse, face à un gardien du système dont la seule fonction est de la faire renoncer à son imaginaire, sa quête d’identité et ses idéaux pour la faire rentrer dans le rang à coup de pilules bleues. Car dans la nouvelle Matrice, toute originalité hors norme conduit à être psychanalysé, considéré comme anormal, nouvelle méthode inquisitrice pour inciter les récalcitrants à entrer dans le moule. Ce qui ne fait que soulever la fameuse question, qui m’a par moment évoqué le Cabal de Clive Barker : qui, du psy ou du patient, est vraiment fou ? Là encore, nous sommes dans une logique à la Alice au Pays des Merveilles, dans un monde barré où des personnages psychotiques tentent de convaincre le seul personnage sain d’esprit qu’il est malade. Un monde “through the looking-glass” où tout est inversé, comme dans le reflet d’un miroir. Autrement dit : la société d’inversion des valeurs annoncée par Nietzsche.

     En réalité, sans jeu de mots, l’Analyste est l’avatar du nouvel Architecte, autrement dit le big boss, le marionnettiste de la Matrice. Débarrassée de son aspect débonnaire l’autorité ici semble plus “sympa”, plus “cool”. Ce reset est matérialisé par une photo à la lumière chaude, dorée, douce, là où les autres Matrix baignaient dans une teinte monochrome verdâtre froide digne d’un moniteur d’Amstrad CPC 464. Ambiance start-upopen work-space, ping-pong, bermuda et baskets sans chaussettes, sushis, tout le monde se tutoie… Biden est président, Ellon Musk milliardaire… Pourtant, ces apparats plus “funs” cachent une Matrice restructurée afin d’être plus acceptable.

     Ses dirigeants et ses esclaves n’ont pas changé. Ces derniers sont présentés sous la forme d’individus enfermés dans leur bulle. Les accrocs aux portables, aux jeux virtuels, le “geek chauve”, avatar d’un Néo inconscient du décalage entre l’image de lui-même qu’il croit renvoyer et son apparence réelle… “Tu te vois comme Keanu Reeves mais regarde-toi…” semble nous dire Lana W., “… tu es ce type aux airs de chien battu, dominé par son chef, qui pleurniche chez son psy et a peur d’aborder la fille du café du coin“. Soit autant de “moutons” mentalement manipulés par des cadres du marketing, nouveaux Agents de la Matrice engagés dans une lutte de pouvoir avec l’Architecte, ou l’Analyste : le psy déterminé à nous faire gober la supercherie, la Grande Arnaque.

     Ces prisonniers de la Matrice, individualistes et repliés sur eux-mêmes, parfois transformés en “bots” agressifs, sont par ailleurs prêts à se sacrifier en fonçant sur les héros tels des zombis décérébrés, pour protéger une Matrice dont la puissance de contrôle les rassure et les conforte dans leur cocon de vie et leur zone de confort (un message explicitement répété en conclusion). Une charge extrêmement violente dans la mesure où, dans les autres Matrix, les esclaves de la Matrice étaient considérés comme des civils neutres et subissaient les choses. Ils étaient même protégés par les Agents, souvenez-vous de la mise en garde de Smith au policier dans l’intro du premier film. Dans ce changement de paradigme, désormais possédés par Smith, incarnation du marketing façon Disney/Marvel/Warner etc. les civils n’hésitent plus à s’attaquer directement aux héros comme (amateurs de productions Marvel fermez les yeux) un fan du MCU agressif envers ses détracteurs sur un forum de discussion, malgré lui au service d’un plan marketing cynique et manipulateur. Ainsi, dans Resurrections, les as du marketing considèrent le public visé comme de la chair à canon ! Une métaphore hyper-violente renvoyant au concept de kamikaze que l’on a rarement, voire jamais vu dans un film de cette ampleur.

Un moment de solitude

Un moment de solitude

Il faut sauver le soldat Trinity

     Paradoxalement, le soufflet retombe et le film devient moins intéressant dans sa seconde moitié. Après avoir singé les remakes et autres reboots hollywoodiens en parodiant les scènes-clés de Matrix, il fait symboliquement la jointure entre les deux parties de l’intrigue via un TGV (nouveau mode de passage mobile entre deux interfaces). Resurrections nous emmène par la suite vers le “monde réel” et retombe dans les travers de la SF kitch façon Wachowski (ce qui était déjà le cas dans les autres films). Vieux concepts, esthétique digne des 80’s… On a l’impression qu’après avoir lâché tout ce qu’elle avait sur le cœur Lana W. n’a plus rien à dire, et comble le vide avec des sous-intrigues de fond de tiroir.

     La réalisatrice semble délaisser sa critique du système hollywoodien, après en avoir fait le tour, pour aborder un thème plus personnel, l’une des couches du “mille-feuilles” : celui du changement de sexe. Binary, le nouveau jeu qui vampirise la vie de Néo, sera ainsi remplacé par Trinity, l’incarnation du troisième sexe. La variante à trois chiffres venue casser la combinaison de “0” et de “1” du code de la Matrice. L’enjeu consiste désormais à la réveiller pour la libérer de l’emprise des machines. Il ne s’agit pas seulement de la délivrer de sa capsule dans le monde réel, mais de faire en sorte que son avatar dans la Matrice (Tiffany, une Mme Bovary moderne) accepte l’idée de retrouver son véritable “moi”. Il n’y a qu’un pas à faire (la “marche de foi” de Néo dans le vide) pour elle afin d’accéder à son plein épanouissement, ou plutôt à sa Transfiguration, pour rester dans un registre christique. Une interprétation validée par une scène d’envol où Néo s’avère incapable de “planer”, alors que Trinity y parvient tout en le soutenant (dans un effet de suspension complètement foiré, où Carie-Anne Moss a l’air d’une pinata). Une conclusion en écho au papillon prisonnier car épinglé – symbole de transformation – aperçu dans le cabinet de l’Analyste, auquel Néo et Trinity viennent faire la leçon dans un épilogue très lourdingue (il se fait tabasser et il est question d’un “arc-en-ciel”, on aura compris l’allusion appuyée).

     Le générique final reprend le Wake Up! des Rage Against the Machine, cette fois logiquement chanté par… une femme. Ultime critique de Lana Wachovski, qui comme tout le monde semble passée du progressisme au conservatisme avec l’âge (le discours du Mérovingien est en cela assez éloquent !) : une scène post-générique qui nous annonce la mort du cinéma au profit des vidéos de chatons sur le Net…

Le Yin et le Yang

Le Yin et le Yang

Et l'action, au fait ?

     Vous noterez que je ne me suis pas attardé sur les scènes d’action, qui jadis représentaient des petites révolutions cinématographiques, réduites ici à des maelstroms mous et illisibles. Globalement, on ne comprend rien à la gestion de l’espace et au déroulé des combats, qu’ils prennent place dans un simple wagon de train ou dans une salle. L’apogée du n’importe quoi est atteint lors de la rencontre avec le Mérovingien, où les cascadeurs semblent gesticuler pendant que la seconde équipe de tournage les filme. Un je m’en foutisme qui ne peut que renvoyer au “You love shit” du début, dans cette façon d’expédier négligemment ce que les fans attendent depuis vingt-deux ans.

WTF ?

WTF ?

Synthèse et dolipranes

     Satire aigrie et nihiliste, chantre du “C’était mieux avant“, film conservateur anti-geeks, ou bien ode à l’espoir (je ne l’ai pas précisé, mais les humains travaillent désormais de concert avec les machines pour un meilleur futur) ? Matrix Resurrections ressemble décidément à une œuvre schizophrène qui dézingue à tout-va, à commencer par son propre culte. Dans tous les cas, une charge très agressive contre une société d’individualisme, d’égoïsme, dénuée d’empathie, à la manière de Joker. Notons d’ailleurs que Morpheus est vêtu comme lui et se comporte comme un clown !

     Au final, le film évoque le pamphlet d’une créatrice en colère contre tout le monde, y compris elle-même. Un peu comme le Dr Frankenstein réalisant trop tard qu’il a créé un monstre. Matrix, destiné à réveiller les consciences, a ainsi contribué à générer (de son point de vue) une génération née avec Internet piégée dans les univers virtuels, plus que jamais enfermée dans sa “capsule” cybernétique et soumise à la Matrice. Soit l’exact inverse de ce que souhaitaient les Wachovski. La trilogie Matrix aura ainsi créé sa propre matrice, et Lana W. n’hésite pas à appuyer sur le bouton rouge pour atomiser son golem. Le baroud d'honneur d'une artiste qui, sans doute, ne tournera plus rien par la suite et a organnisé son suicide artistique et financier.

     En fin de compte, je ne sais toujours pas si j'ai adoré ou détesté ce film. Cela n'est pas tous les jours qu'une œuvre vous balance ce que vous êtes venu chercher tout en vous incitant à une remise en question. Pourtant, le thème du miroir a toujours été au centre des Matrix, et plutôt que de flatter son public ce quatrième opus n'hésite pas à le mettre face à sa propre image de geek consommateur nourrissant un système qui le méprise. A la réflexion, il agit comme un étrange agent dormant qui se révèle et s'agite dans votre cerveau avec le temps. En résumé, un faux mauvais film construit pour s'insinuer en vous et vous réveiller, mais de façon plus insidieuse que la trilogie.

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No Time to Die - La critique

10 Octobre 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

No Time to Die - La critique

     No Time to Die se veut une synthèse de tous les Bond période Daniel Craig, une fin de cycle destinée à ouvrir une nouvelle saga "révisée" à la tendance actuelle (mais nous y reviendrons...). Le ton réaliste imposé par les autres films, qui progressaient habilement d'un Bond brut de décoffrage vers le gentleman que l'on connaît (le smoking, Miss Moneypenny, M devenu un homme, Spectre, les gadgets...) laisse logiquement la place dans cette conclusion à un ton proche de la comédie totalement assumé, similaire aux épisodes des années 80 avec Roger Moore.

     Cette lecture un peu décalée est surprenante au premier abord, dans la mesure où le trailer et l'introduction (interminable !) nous vendent un film assez sérieux. Une scène de slasher s'enchaîne ainsi sur une romance de dolce vita, avant un recueillement sur une tombe faisant le lien avec Casino Royale... Au final, passé son générique particulièrement moche, No Time to Die s'avère la plupart du temps fun et déconnant, pour le meilleur (l'agent Paloma) et pour le pire (certaines punchlines).

     Le scénario est plutôt bien troussé. Bond, retraité du MI6 pour la énième fois, se la coule douce jusqu'à ce que son ami Felix Leiter le recrute pour une mission. 007, qui a perdu son matricule, se retrouve donc en concurrence avec son homologue, le nouveau (enfin la nouvelle, mais là encore nous y reviendrons) 007, sur la même mission... qui va donner lieu à un passage en revue des intrigues de la saga en suspens.

     La menace à combattre s'inscrit, elle aussi, dans l'air du temps, puisqu'il est question d'un virus potentiellement mortel pour des millions de victimes. A côté de ça, le script est truffé de petites choses intéressantes. Bond fait un peu l'inventaire de sa vie, finalement assez vide, il rejette sa dernière occasion de construire un couple durable, ne sait pas comment se comporter face à un enfant (une gamine à la candeur formidable !)... Bref, il reste bloqué au stade freudien du sale gosse, incapable de passer au stade adulte, dans une logique où, passé un certain âge, les amusements (femmes, combats...) ne lui sont plus accessibles, et où il ne lui reste plus beaucoup d'options... A ce titre, No Time to Die est cohérent avec toute la franchise, et même avec les romans de Fleming. Bond n'a aimé qu'une fois, une femme qui l'a trahi, et jamais plus il n'accordera confiance à qui que ce soit. On voit d'ailleurs dans cet opus que même son père de substitution, M, déçoit la confiance qu'il avait en lui...

     Notons au passage, avant d'enchaîner sur les spoils, que les scènes d'action, dynamiques et lisibles, sont très réussies (la moindre des choses dans un Bond...), et qui plus est ponctuées de petites originalités (le braquage de l'immeuble, le plan-séquence du final...).

     Le film a donc pour lui le mérite d'être cohérent, puisque d'une certaine façon, Craig aura rempli son rôle de précurseur à Sean Connery, et la saga de préquelle à James Bond contre Dr No. No Time to Die fait donc table rase de tout ce qui a été construit après avoir rempli la mission de la saga Craig : expliquer comment Bond est devenu Bond. Et il ne fait pas dans la dentelle. Spectre est décimé, pour laisser place à un méchant totalement bondien : un psychopathe défiguré propriétaire d'une île, avec une armée à ses ordres, et des plans de destruction massive. On ne cherche donc plus à être réaliste. Les gadgets et l'humour sont omniprésents, les canots de sauvetage surgissent comme par magie, on se téléporte en claquant des doigts, on cherche à venger son ami, et le méchant est très méchant. Attention, là encore : il ne s'agit pas d'un reproche, cette évolution étant parfaitement cohérente avec la liaison voulue. Si le film ne se terminait pas comme il se termine, il pourrait fort bien s'enchaîner directement avec James Bond contre Dr No. Il s'agit simplement d'un changement de codes cohérent avec la saga James Bond, devenue un genre à part entière.

     Notons par ailleurs, en aparté, que je reste persuadé que, dans le script original, Lyutsifer Safin était bel et bien No, avant un rétropédalage du studio craignant les accusations de "whitewashing"). Les indices sont multiples. Il porte un masque de théâtre "no", un kimono, on l'appelle "Professeur", et on peut interpréter le titre ainsi : " No (Time to Die)".

     Venons-en aux sujets qui fâchent. Daniel Craig n'a pas toujours l'air convaincu par ce qu'il dit (on sait que le scénario a beaucoup été retouché en cours de tournage), en plus d'avoir l'air fatigué (il ressemble de plus en plus à Poutine). Il semble même parfois s'auto-parodier, y compris lors d'une scène censée être tendue, légèrement inspirée du Silence des Agneaux. Mais surtout, certains dialogues sont assez... dérangeants. Je pense ici au nouvel agent 007 (car oui, il est bel et bien remplacé, par une femme noire en l'occurrence) expliquant à Bond que les types comme lui (comprendre le mâle blanc hétéro) ont fait leur temps et qu'ils appartiennent à l'ancien monde (en le traitant même de "vieille épave"). Difficile de ne pas y voir un discours idéologique, surtout dans la mesure où il est à la ramasse et qu'elle a toujours une longueur d'avance sur lui. Bond, régulièrement humilié, se balade dans le MI6 avec un passe "visiteur", encadré par deux femmes, néo-OO7 le prend en stop alors qu'il marche tout penaud, elle pilote un planeur à sa place, car il est dépassé, il ramasse le doudou d'une petite fille... Or ce qui est drôle dans OSS 117 devient malaisant appliqué à son modèle, censé fonctionner au premier degré.

     L'assurance et l'aisance de Lashana Lynch dans le rôle de l'agent Nomi sont indéniables, là n'est pas le problème. Plus précisément, nous ne sommes plus dans la logique d'un Meurs un Autre Jour et Demain ne Meurs Jamais, où Bond faisait équipe avec Halle Berry et Michelle Yeoh, sur un plan d'égalité. L'intention (louable) de ne plus reléguer femmes et minorités ethniques au rôle de faire-valoir, et de se démarquer des préjugés conservateurs de Ian Fleming, laisse ici la place à l'objectif clairement assumé d'attribuer un matricule légendaire à un symbole, une égérie, l'antithèse de Bond. De l'effacer du paysage, comme s'il n'avait jamais existé, plutôt que d'attribuer un matricule 008 à son successeur.

     A voir la façon dont finit Bond, dans un esprit "pousse-toi de là que je m'y mette" qu'on pensait réservé aux productions Disney, on se dit que l'incarnation même du mâle politiquement incorrect est passée à la moulinette de l'idéologie "progressiste", du "canceling". Un triste constat. Un reniement, même, là où le magnifique plan-séquence d'ouverture de Spectre assumait totalement le concept d'assassin sexiste sur lequel est fondé le personnage. Bond aura survécu à tout, sauf aux wokes ! :-)

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Dune - La critique

19 Septembre 2021, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Dune - La critique

     Vous avez sans doute déjà lu ou entendu un peu partout des critiques dithyrambiques au sujet du film de Villeneuve. Dune restant mon roman préféré, je suis sans doute trop exigeant, et serais donc moins élogieux. Je ne reviendrai pas sur les qualités du film louées ici et là, fidèle à l’œuvre de Frank Herbert, dans son traitement de l’inspiration orientale ou de la religion. On retrouve bien son intelligence, sa richesse, sa profondeur, sa philosophie, ou même sa cruauté, sur le fond ou sur la forme, grâce au travail minutieux fait sur le script et sur l’aspect visuel (les vaisseaux ressemblent à des libellules et les Bene Genessit à des bonnes sœurs, on n’est pas perdus). Mais voilà, je reste un peu sur ma faim. Voici mes impressions à chaud, point par point, un peu pêle-mêle.

     Denis Villeneuve ouvre Dune en adoptant le point de vue des Fremen, un parti-pris assumé qui nous place du côté de l’indigène colonisé. Paul, le héros de l’histoire, est introduit peu après. Premier problème : Thimotée Chalamet a constamment l’air endormi, les paupières mi-closes, comme shooté à l’Épice… Le concept et les nombreuses thématiques de Dune sont ensuite exposés à travers un montage un peu brutal (on passe du coq à l’âne), où est présentée la maison Atréide. Globalement, le job est fait, on comprend de quoi ça cause, même si on peut toujours regretter certains oublis. Le rôle de la Guilde, ou l’explication de ce qu’est un Mentat, par exemple.

     Puis vient l’arrivée sur Arrakis, présentée auparavant comme une tragédie pour les Atréide. Une arrivée en fanfare, au son d’une cornemuse, comme lorsqu'un cirque arrive en ville… Pour le coup, je préférais la version de Lynch, qui nous faisait ressentir le poids suffocant de la chaleur à travers ses effets de flou, telle une entrée en enfer. Visuellement, Villeneuve opte quant à lui pour un désert délavé au ciel blanc, ma foi assez original qui traduit sa nature lumineuse aveuglante.

     Une fois les Atréide installés, l’apparition de Stilgar apparaît assez gênante, voire malaisante, de par le jeu de Javier Bardem qui surjoue la nonchalance, comme s'il interprétait un forain en colère prêt à coller une patate au duc Leto… L’attaque des Sardaukars s’avère également décevante. Trop sombre, peu lisible. En outre, les soldats sacrés tombent comme des mouches, alors même que la séquence qui la précède, où le caractère fanatique des légions de l’Empereur est parfaitement retranscrite, nous promettait du lourd. D'une manière générale, les scènes censées être épiques tombent d'ailleurs un peu à plat, filmées mollement ou dans un noir presque total (l'apparition d'un ver des sables est un gros pétard mouillé). Dans un cadre de grand spectacle, pourquoi ne pas trahir un peu le roman en filmant les scènes spectaculaires en plein jour ?

     Enfin, après beaucoup de longueurs, le film se clôt sur un anti-climax (une baston dans le désert), sous le regard d’une Chani sans charisme, en nous promettant plein de belles choses pour une suite encore loin d’être confirmée.

     Et donc voilà, encore une fois il s’agit d’une critique à chaud. J'ai retrouvé Dune, je ne me suis pas ennuyé, mais je n'ai pas été sidéré, un effet que peut provoquer le livre (dont j'ai, du coup, une furieuse envie de lire la traduction révisée). Villeneuve n’étant pas le dernier de la classe, le film réserve des moments intenses, et prend le temps de développer son fond religieux. La Voix est bien retranscrite, les Harkonen sont dégueulasses comme il faut et la musique est sublime… Mais l'ensemble est froid, vide... Des champs/contre-champs, des arrière-plans déserts, trois arbres qui brûlent et des silhouettes en contre-jour pour symboliser un massacre... Voilà à quoi se résume la plupart des plans où un manque de vie, de dynamisme, de vie, se fait cruellement sentir. Il ne s’agit donc pas selon moi de l’adaptation absolue, du moins tant qu’une suite n’aura pas conclu en beauté la saga.

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Bac Nord - La critique

8 Septembre 2021, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Bac Nord - La critique

     La critique de Bac Nord trouve-t-elle sa place sur un blog dédié à la culture populaire ? De mon point de vue, oui. De par son approche réaliste, le film ressemble avant tout à un docu court, sec et nerveux, qui relève plus du trhiller d’action que de l’analyse sociologique. « Sans idéologie, discours, ou baratin », comme dirait l’autre. Sur cette base, évacuons d’emblée tout quiproquo. Bac Nord appartient à cette catégorie de film d’action sur fond social, dans la lignée des films d’Yves Boisset (Le Prix du Danger) et Bertrand Tavernier (L627) pour la France ou John Carpenter (Assaut) pour les USA.

     Le métrage relate en trois actes l’exposition du quotidien de trois « baqueux », leur « gros coup », puis leur déchéance. Basé sur des faits réels, le scénario décrit l’engrenage d’une enquête où ils doivent se procurer de la drogue, non pas pour trafiquer, mais pour rémunérer un indic’. Cette pratique, courante dans les années quatre-vingt, leur attire les foudres de l’IGPN et des médias, qui auront tôt fait de présenter le trio comme des « flics ripoux ». Après une exposition « dans ta face » tout en adrénaline, Bac Nord devient aussi effrayant que déprimant dans sa seconde partie. Cités aux airs de favelas, police considérée comme un gang adverse… Des faits connus de tous, surtout pour qui a vécu en « quartier sensible », mais qui prennent une autre dimension sur grand écran. Il n’évite cependant pas certains clichés (barbecue entre potes, femme enceinte…).

     Spot publicitaire pour l’extrême droite pour les uns, coup de projecteur sur une situation cataclysmique après des décennies de déni pour les autres, le film ne peut laisser indifférent. Prend-il partie ? Dans la mesure où il adopte le point de vue des policiers, forcément, oui. Leurs déboires, et l'absence de soutien de leur hiérarchie ne peut qu'attirer, sinon la symptahie, au moins de l'empathie. Y aurait-il un film à faire du point de vue des habitants des cités ? Certainement, et il y en a eu. Bac Nord a le mérite d’exposer brutalement des faits, sans jugement moral, en une sorte de bilan post La Haine qui s’achevait sur cette phrase : « L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »

     Sur la forme, dans ses scènes d’action, Bac Nord assume totalement son statut de divertissement en empruntant à Hard Boiled, The Raid, et même parfois The Walking Dead avec sa steady-cam et ses plans saccadés. Son casting à contre-emploi donne tout, parfois lors d'improvisations, face à des figurants issus des quartiers nord de Marseille. La montée de la tension est tellement bien menée que l’on se prend à avoir peur pour eux, tout en souhaitant ne jamais mettre les pieds dans ce qui apparaît comme un enfer sur Terre. À ce titre, le film n’a rien d’un spot de l’Office de Tourisme de la région PACA, mais cela n’était semble-t-il pas l’objectif.

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