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Balades Cosmiques

critiques bc (series)

Fallout : la critique

19 Avril 2024, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Fallout : la critique

Apocalypse now


On l’attendait avec enthousiasme et circonspection, l'adaptation du jeu vidéo culte est là, et peut-être pas au meilleur moment étant donné le contexte géopolitique actuel. Préparez votre sac à dos et votre Pip-boy : une excursion sans retour dans le wasteland radioactif vous attend.
 

Fallout (mot angl.) : retombées. Dom. nucléaire : substances radioactives se déposant sur le sol après leur émission dans l’atmosphère par une explosion atomique.

 

Le jour où la Terre s’arrêta

Le prélude de Fallout se situe dans monde uchronique assez paradoxal, où la technologie est plus avancée que la nôtre là où le mode de vie s’est arrêté à l’âge d’or des années cinquante américaines (voir Happy Days, pour situer). De façon toute aussi paradoxale, l’insouciance et la naïveté de l’époque y côtoient un contexte de Guerre Froide et de maccarthysme où la tension géopolitique est à son comble.
Ainsi, en 2077, une montée en pression des relations diplomatiques internationales trouve sa conclusion avec une série de frappes nucléaires sur le globe. En l’espace de deux heures, le monde est dévasté. Quelques survivants, qui avaient anticipé la catastrophe, trouvent refuge dans des abris d’où ils ne ressortiront jamais.

 

« Il faut se méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à coudre, ça finit par la bombe atomique. »

– Marcel Pagnol
 

La grande Geiger

Cette adaptation en série de huit épisodes, diffusée sur Amazon Prime, est produite par Jonathan Nolan (le frère de l’autre). Ironiquement, rappelons que Christoper Nolan a réalisé un film sur Oppenheimer, le père de la bombe atomique...
L’intrigue relate une histoire inédite, chronologiquement située après les jeux vidéo. Le background imaginé par les développeurs est extrêmement complexe et précis mais, pour résumer, le premier Fallout se déroule en 2161, et la série en 2296.
Une introduction glaçante nous relate la dévastation causée par les frappes nucléaires, avant d’enchaîner sur une exposition impeccable de la vie quotidienne dans les abris. Fidèlement à la saga ludique, l’aspect lisse et politiquement correct de la propagande qui les régit contraste parfaitement avec la sauvagerie de l’extérieur, que nous ne tardons pas à découvrir à travers la descente aux enfers d’une exilée. L’évolution des personnages les amènera ensuite à se déshumaniser, ou à s’humaniser, en fonction de leur personnalité initiale.

Comment tirer huit épisodes d’une heure d’une série de jeux vidéo qui, bien que formidablement riches et originaux, restent liés à l’expérience de chaque joueur ? La série répond à ce challenge avec un scénario astucieux, qui relate les destins croisés de trois protagonistes. Lucy, une citoyenne de refuge, Maximus, un aspirant à la Confrérie du Métal, et Conrad, une goule reconvertie en chasseur de primes. Une quête commune les amènera à se rencontrer. Parallèlement, une narration alternée nous ramènera régulièrement au refuge, moins paisible qu’il en a l’air. Histoire de corser le tout, si vous craignez une intrigue trop simpliste et linéaire, des flash-back réguliers nous renvoient à la période d’avant-guerre, afin de mieux cerner les événements ayant conduit à l’Apocalypse.

 

C’est de la bombe, bébé

C’est peut-être le moment de préciser que, derrière ses thèmes anxiogènes, Fallout est une violente satyre du capitalisme ultra-libéral, doublée d'un monument d’ironie et d’humour noir, souvent terrifiant et gore. Les craintes des fans portaient essentiellement sur ce point qui, rassurez-vous, est parfaitement respecté. La confrontation entre l’angélisme des idéalistes des refuges coupés d’un monde cradingue et le pragmatisme des survivants crasseux et mutilés de l’extérieur a de quoi faire rire jaune. Pour leur défense, rappelons toutefois que le temps s’est arrêté pour eux, et qu’ils ignorent tout des dangers du « dehors ». En essayant d’entretenir des communautés démocratiques (en apparence), les refuges constituent les derniers bastions de la civilisation.
Il s’agit-là de la grande question philosophique soulevée par Fallout : vaut-il mieux vivre librement dans l’anarchie en risquant sa peau, ou en sécurité dans un système fascisant ? On peut d'ailleurs y voir une critique du privilège occidental, et plus précisément des "no life", réfugiés dans le confort de leur "home", entre séries et jeux vidéo. Autant dire que Fallout se permet de se moquer de son propre public !


On peut enfin s’attarder un instant sur les effets spéciaux, dignes d’un long métrage. Une réussite d’autant plus bluffante que l’action de Fallout se déroule la plupart du temps en plein jour, où la lumière met en relief le moindre détail des créatures numériques.

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One Piece - la série : la critique

5 Septembre 2023, 00:00am

Publié par Norrin Radd

One Piece - la série : la critique

One Master Piece

 

One Piece est l’adaptation du manga le plus vendu et lu au monde, y compris en France. Son thème, la piraterie, accompagnée des fantasmes qu'elle charrie (assez peu traité en manga, hormis dans Albator) n’est sans doute pas étranger à ce succès. Mais c’est sans nul doute l’originalité de son univers, le charisme de ses personnages et son graphisme surréaliste qui en font aujourd’hui une œuvre phare de la pop-culture. Monde parallèle ? Futur régressif ? Où et quand se situe cette histoire où des pirates sont habillés comme s'ils étaient en vacances ? Où des escargots remplacent les téléphones et où des mouettes livrent le courrier ? Aucune explication n’est livrée au lecteur, qui finalement se laisse rapidement emporter par les péripéties sans y réfléchir, malgré un synopsis simplissime : une hystérie collective incite des milliers de gens à chercher le trésor perdu d'un pirate.

La trame de One Piece ressemble à celle d’un RPG en open world : le héros (Monkey D. Luffy) débute l’aventure à la dérive sur un rafiot, sans le moindre bien, mais débordant d’enthousiasme. Sa progression dans un monde aussi vaste qu’un océan va lui permettre d’acquérir de l’expérience, du matériel, et surtout un équipage. Les personnages sont des archétypes de manga : le « ronin solitaire et mystérieux quasiment invulnérable », la « fille sexy à laquelle on ne peut pas trop se fier », etc. Cependant, leur personnalité est développée sur la longueur à travers des flash-backs jusqu'à les rendre attachants. Leurs adversaires, souvent ambigus, rarement "blancs ou noirs", se voient également traités avec une profondeur surprenante dans un programme a priori léger.

Dans cette drôle d'aventure, nos pirates sont portés par la motivation de Luffy, ce genre de héros innocent et naïf qui, logiquement, devrait mourir au bout de cinq minutes, s'il ne bénéficiait d’une chance relevant quasiment du surnaturel (son nom fait d'ailleurs penser à "lucky"). Tout du long, la série suit cette logique de jeu vidéo toute nipponne, où les boss toujours plus puissants s'accumulent en permettant au héros de se surpasser. Elle délaissera ainsi sa légereté pour devenir de plus en plus dark, à mesure que Luffy s'imposera comme un leader naturel. La logique de l'ensemble fait un peu penser à une cour d'école où "on joue au pirate", avant l'inévitable évolution vers le college, le lycée, et la vie adulte...

Toujours à l’affût d’un succès à adapter, Netflix s’est logiquement tourné vers One Piece. Premier constat, sans chercher la polémique : le réalisateur n’essaye pas de réinventer la roue, et physiquement le casting ressemble comme deux gouttes d’eau aux persos du manga. Ensuite, il assume totalement son côté loufoque, pour ne pas dire déjanté, un parti-pris ô combien casse-gueule (cf. l’échec de Cowboy Bebop). One Piece jongle en effet en permanence avec les genres (aventure, comédie, épouvante...) avec une cohérence assez bluffante. En outre, dans la plupart des fictions, les flash-backs font office de remplissage, mais ils exposent ici parfaitement les motivations de Luffy (et de ses camarades) en renforçant l’empathie et l’identification du spectateur à travers son humanité et ses rêves (qui n’a jamais eu envie de tout plaquer pour partir à l’aventure ?). Derrière l'alibi de la chasse au trésor et l'aspect fun, un message humaniste, une ôde au libre-arbitre et à la liberté transparait tout du long, en parvenant parfois presque à nous tirer une larmichette.

Alors, adaptation parfaite ? Non, la série souffrant des tares habituelles Netflix avec son aspect un peu cheap, mais pour une fois sans ce désagréable et agaçant fond idéologique asséné à coups de marteau, qui gâche souvent l'excellent travail d'adaptation fait sur les séries de la plate-forme (cf. The Witcher, The Sandman...). Mais aussi des angles larges qui permettent d'englober tout le décor dans un panorama, avec un "effet loupe" assez déconcertant. En outre, les épisodes sont un peu longs (huit épisodes d'une heure). Étant donné le rythme trépidant de l'intrigue, peut-être aurait-il mieux valu plus d'épisodes, et plus courts. Le troisième s'étire un peu en longueur (et s'étale en plus de cela sur deux épisodes), même si le suspense est rondement mené.

Voilà donc une histoire au postulat simple qui s'assume pleinement, sans artefact à reconstituer ou de quête tarabiscotée : un trésor, un seul, situé on ne sait où, et des milliers de pirates à sa recherche. Le prétexte à tous les rebondissements. Et donc One Piece, c'est du fun, mais pas seulement. C'est aussi l'histoire d'un véritable leader qui transpire l'innocence, la bienveillance et l'humanité, et une histoire d'amitiés fraternelles. Et par les temps qui courent, ça fait du bien.

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Le Flambeau - les Aventuriers de Chupacabra : la critique

9 Juin 2022, 02:00am

Publié par Norrin Radd

Le Flambeau - les Aventuriers de Chupacabra : la critique

     J'avais ici-même dit tout le bien que je pensais de l'excellente surprise que fut La Flamme, parodie française du Bachelor, elle-même inspirée de la parodie américaine produite par Ben Stiller. La diffusion de sa suite, Le Flambeau, étant maintenant terminée sur Canal +, l'heure est au bilan.

     Le Flambeau délocalise l'action de La Flamme sur une île imaginaire pour en faire une parodie de Koh Lanta. Certaines têtes connues du casting sont de retour dans le même rôle, et d'autres font leur apparition. Première constatation : Jérôme Commandeur reproduit parfaitement les tics de présentation de Denis Brognard, là où avant lui Vincent Dedienne avait su capter la subtile condescendance des présentateurs du Bachelor.

     Ensuite, de nouveaux personnages font tout de suite mouche (la marginale, l'enfant-bulle, le pilier de bistro, l'adepte d'une secte, le parano complotiste, l'influenceur...) quand d'autres tombent un peu à plat, malgré le pedigree de leur interprète (la winneuse, interprétée par Natacha Lindinger, le baroudeur joué par Gérard Darmon...). Autant dire que certains ne semblent pas tout à fait à l'aise avec l'absurdité de l'humour propre à Jonathan Cohen (chose surprenante pour Gérard Darmon, habitué des comédies décalées).

     Les personnages que nous connaissons résonnent, quant à eux, un peu comme une redite boostée à deux-cent pour cent. Un cœur de gorille remplace le cœur de singe de Soraya, Alexandra - en totale roue libre - est toujours folle amoureuse de Marc, Anne est toujours aussi gentille et détestée, Tony Tonic est plus stupide que jamais, et ne parlons pas de Marc... C'est un peu le gros défaut de ce Flambeau : les personnages connus débarquent en mode over the top, sans apporter de réelle plus-value... Et un sentiment de déjà-vu (en mieux) nous gagne parfois. Au rayon des regrets : Jonathan Cohen s'enferme un peu dans son rôle en faisant de Marc un dégénéré irrécupérable. Logiquement, les scènes centrées sur son personnage sont aussi les plus faibles (la télé-novela, le SUV...).

     Les nouveaux remportent donc haut la main la compétition de l'humour, et on peut se demander s'ils n'auraient pas suffi au programme sans avoir à faire appel aux vétérans... Notons au passage qu'ils occupent une grande place dans les moments les plus hilarants du show (le un-deux-trois-Soleil, le concours de cuisine de "farine", l'épreuve des cordeaux...).

     En résumé, Le Flambeau se hisse à la hauteur de La Flamme quand il innove (le personnage de Jean-Guy, Soissons...) et patine dans la choucroute quand il se repose sur ses acquis, mis à part évidemment les scènes d'impro délirantes entre Marc et le Dr Juiphe ! Pour vous faire une idée, le premier épisode est gratuit.

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Obi-wan Kenobi - épisode quatre : la critique

9 Juin 2022, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Obi-wan Kenobi - épisode quatre : la critique

     Autant vous prévenir tout de suite, ça risque d'être un peu violent. A trois épisodes de la conclusion de la (mini) série Star Wars, on pouvait s'attendre à du lourd. Et ça commence fort. Ce quatrième épisode s'ouvre sur la trempette d'Obi-wan dans une cuve à bacta, suite logique de son affrontement contre Vader. Or celui-ci ne semble avoir subi aucune conséquence du bûcher (ses poils ne sont même pas brûlés !) et abandonne des soins visiblement inutiles pour partir à la recherche de Leïa.

     Globalement, l'épisode se résume à une énième opération de sauvetage. Des couloirs, encore des couloirs, des Stormtroopers qui se font assommer malgré leur casque et ratent leur cible, des combats toujours aussi mous, des grosses ficelles à la pelle, un Vader qui pète les plombs de façon comique, et un deus ex machina dans un enchaînement d'absurdités dignes de Spaceballs (Mel Brooks). Des clichés en-veux-tu-en-voilà qui ne font pas avancer le schmilblick, pour résumer, sous couvert d'enjeux à deux balles. Qui peut imaginer un instant qu'une petite fille de dix ans va être torturée dans une production Disney ? Et pourtant, il y avait tant à faire ! Pourquoi ne pas développer l'attirance entre Obi-wan, nu et vulnérable dans sa cuve à bacta, et la femme qui l'a sauvé, cheveux détachés et féminité affichée, visiblement seule après avoir consacré sa vie à l'Empire ?

     Remplissage et fan-service à gogo, donc. Obi-wan, qui refusait jusque-là d'utiliser son sabre-laser, multiplie les figures inutiles pour faire le kéké, et personne ne sent sa présence dans un lieu truffé d'êtres sensibles à la Force. Pour conclure en beauté, on nous sort les violons pour marquer la mort d'un personnage dont on ne sait absolument rien et dont on se contre-fiche... Plus que deux épisodes pour sauver les meubles !

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Obi-wan Kenobi - épisode trois : la critique

2 Juin 2022, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Obi-wan Kenobi - épisode trois : la critique

     Décidément, Obi-wan surprend par son ton résolument sombre et nihiliste, peut-être en réponse aux critiques ayant étrillé The Book of Boba Fett. Kenobi apparaît de plus en plus comme un vagabond affaibli, sale, parfois lâche, voire même fou quand il est victime de visions. Un parti-pris audacieux en rupture avec ce que les fans attendaient, ce dont on ne se plaindra pas. Après tout, la nouvelle trilogie était victime de son manque d'audace, et on aurait apprécié un tel traitement pour Luke Skywalker (qui, dans The Last Jedi, est aussi fou et lâche, mais de façon caricaturale).

     Dans ce troisième épisode, la série confirme son orientation vers un trip d'escorte galactique (à ne pas confondre avec un road trip d'escorts en Thaïlande). Dans la même logique que dans The Mandolorian (lui-même inspiré de Baby Cart, lui-même inspiré de Lone Wolf & Cub), le maître jedi fait office de garde du corps un peu largué par les événements, loin du général Kenobi de la Guerre des Clones. Il passe son temps à fuir, peine à utiliser la Force, commet des gaffes, et provoque l'empathie du spectateur attaché au personnage depuis des décennies.

     Obi-wan Kenobi est donc une série résolument mature, et incroyablement violente, mais non exempte de défauts. Les scènes d'actions sont d'une platitude absolue, la photo souvent bien trop sombre, et le casting repose essentiellement sur le talent d'Ewan Mc Gregor. Mais surtout, chose surprenante, vu la note d'intention consistant à faire de Kenobi un anti-héros : elle affiche un fan-service un peu trop appuyé.

     A partir d'ici, je me vois contraint de spoiler un peu. L'exploitation du personnage de Leïa peut se comprendre. Après tout, nous ignorions jusque-là comment elle pouvait connaître un ermite en exil sur une planète désertique. Ce d'autant plus que l'actrice est parfaite, et que son jeu s'inscrit dans la continuité de celui de Carrie Fisher. Là où le bât blesse, c'est quand Darth Vader nous apparaît dès le troisième épisode pour un duel infernal (au sens propre) après seulement quelques plans d'introduction. Certes, la série ne compte que six épisodes. Certes, Vader est plus effrayant que jamais. Certes, sa voix est assurée par le légendaire James Earl Jones, voix originale du seigneur Sith depuis 1977. Mais il apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe (dsl pour toutes ces expressions désuètes). En outre, comment justifier un Kenobi à ce point dominé, alors qu'il tiendra en respect Vader dix ans plus tard dans l'Étoile Noire ? Par ailleurs, celui-ci lui faisait remarquer que lors de leur dernière rencontre, il était l'élève et Kenobi le maître, ce qui n'est visiblement pas le cas...

     Bref, Obi-wan Kenobi excelle en relatant le chemin de croix et la déchéance - psychologique et physique - d'un archétype de "vieux sage" qui dut affronter ses propres démons avant de former Luke Skywalker. La série nous rappelle ainsi que nous sommes alors à l'apogée de la puissance de l'Empire, dix ans après sa proclamation et dix ans avant sa chute. Le sentiment d'oppression et de fuite en avant est bien là, la tension est palpable, mais la série pêche toutefois par quelques facilités et un manque d'aptitude au grand spectacle. Tout cela sonne un peu comme un fan-made, là où The Mandalorian ressemblait parfois à un long métrage. Encore trois épisodes où, quoi qu'il arrive, on sait d'ores et déjà que Kenobi, Leïa et Darh Vader survivront, mais on ignore encore comment.

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