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Balades Cosmiques

critiques bc (litterature)

Le Serpent Cosmique - L'ADN et les Origines du Savoir de Jérémy Narby

31 Mai 2016, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Le Serpent Cosmique - L'ADN et les Origines du Savoir de Jérémy Narby

Le Serpent Cosmique

L'ADN et les Origines du Savoir

de Jérémy Narby

 

  • Type : étude
  • Genre : anthropologie - sociologie
  • Auteur : Jérémy Narby
  • Éditeur : Georg
  • Collection : Terra Magna
  • Date de première parution : 16/07/1997
  • Format : grand format / broché / couverture souple
  • Dimensions : 210 X 140 mm
  • Nombre de pages : 240
  • Prix : 19,50 €
  • ISBN : 978-2-8257-0495-0

Résumé éditeur

     Depuis le XIXe siècle et le grand développement de la science occidentale, la pensée des peuples indigènes semble sans rapport avec les connaissances apportées par les sciences modernes en biologie, chimie et médecine.

     Cependant, de grands auteurs, et parmi eux Mircea Eliade, nous ont fait entrevoir que des cultures autres que celle de la pensée rationnelle étaient arrivées à un niveau de connaissance - exprimé le plus souvent dans le langage du symbolisme mythologique - par des moyens à nos yeux mystérieux, sans relation avec leur niveau de technologie.

     "La première fois qu'un homme ashaninca m'a dit que les propriétés médicinales des plantes s'apprenaient en absorbant une mixture hallucinogène, j'ai cru qu'il s'agissait d'une plaisanterie." Un anthropologue étudiant l'écologie d'un peuple indigène de l'Amazonie péruvienne se trouve confronté à une énigme: les Indiens, dont les connaissances botaniques sont admirées par les scientifiques, lui expliquent invariablement que leur savoir provient des hallucinations induites par certaines plantes. Dans une enquête qui s'étale sur dix ans, de la forêt amazonienne aux bibliothèques d'Europe, il réunit suffisamment d'indices pour être convaincu que la réponse à l'énigme se trouve dans l'ADN, la molécule de vie présente dans chaque cellule de chaque être vivant. Son hypothèse ouvre de nouvelles perspectives sur la biologie, le savoir des peuples indigènes, l'anthropologie et les limites du rationalisme.

Critique

Attention : même s'il ne s'agit pas d'un roman, je dévoile ici quelques conclusions des recherches de l'auteur dont vous souhaitez peut-être conserver la surprise à la lecture...

     Permettez-moi une nouvelle fois de m'écarter sensiblement des thèmes de prédilection de ce blog pour aborder un livre qui n'est, finalement, pas si hors-sujet que cela puisqu'il nous invite à suivre les balades cosmiques de son auteur...

     Soyons clairs tout de suite : il ne s'agit pas ici de l'œuvre d'un illuminé au profit d'une quelconque secte ou de je-ne-sais-quel prosélytisme, mais du fruit des études d'un anthropologue reconnu spécialisé dans les tribus d'Amazonie, et plus précisément leur "médecine". Médecine entre guillemets car, si 90% des médicaments de notre science médicinale sont en fait issus de la synthèse des molécules de plantes extraites d'Amazonie, véritable "bibliothèque" dont on est encore loin d'avoir exploré toutes les ressources, leur utilisation par les "shamans", sorte de "guérisseurs" locaux - tout cela encore une fois entre guillemets - diffère bien sûr de celle de nos médecins et de leurs prescriptions sur ordonnances.

     Bref, il n'est pas question dans ces recherches de promouvoir les soins par les plantes au détriment de la méthode scientifique, malgré les résultats réels obtenus par les shamans (peut-être psychosomatiques), mais dans un premier temps de s'intéresser à la façon dont ces guérisseurs choisissent les remèdes en fonction de chaque mal, parmi des dizaines de milliers de plantes à leur disposition dans la forêt. Tout cela nous amène à l'Ayahuasca.

     En vivant parmi une tribu d'Amazonie dans le cadre de ses études, l'auteur n'eut aucun mal à obtenir d'un shaman ses "secrets", qu'il lui livra avec une franchise et une naïveté déconcertantes. Pour soigner ses patients, il lui suffisait en effet de boire une mixture à base d'une liane, l'Ayahuasca, lui permettant d'entrer en contact avec les esprits de la Nature qui lui révélaient les plantes à utiliser pour soigner chaque mal. Bien entendu, l'auteur désira tenter l'expérience et le guérisseur accepta sans aucune réticence. C'est ici que nous en venons au fameux "Serpent Cosmique" du titre, car l'auteur a ainsi rencontré ces "esprits", ou  plutôt cet esprit apparaissant sous la forme d'un double serpent lumineux multicolore, avec qui il put converser.

     Cette expérience initialement désagréable mais puissante, ce "cauchemar sous contrôle" plusieurs fois renouvelé l'amena, de retour au pays, à se documenter sur l'existence de serpents jumeaux ou de dragons dans les mythologies ou religions. Et à son grand étonnement, il découvrit sa présence depuis des milliers d'années dans quasiment toutes les croyances du monde, sous une forme ou sous une autre, de l'Ouroboros égyptien au serpent de la Genèse en passant par le Jörmungand scandinave... Un indice, s'il en est, que les shamans actuels ne furent sûrement pas les premiers "voyageurs spirituels" à avoir fait la "rencontre" du "Serpent Cosmique" !

     Mais ses recherches ne devaient pas s'arrêter là. Sur les conseils du guérisseur, qui lui indiqua de façon sous-jacente que, contrairement à son habitude, il ne trouverait les réponses à ses questions qu'en privilégiant la forme sur le fond, l'auteur réfléchit à l'une de ses anecdotes : pour soigner la morsure de tel serpent à crocs blancs, il lui fallait utiliser une plante où étaient dessinés des crocs blancs, car "la Nature nous donne des indices"... Ainsi c'est en se concentrant sur la forme, et par conséquent sur la forme de ces serpents jumeaux entrelacés, qu'il en vint à s'intéresser à l'ADN.

     En observant les tableaux d'un artiste à la mémoire photographique ayant ingéré l'Ayahuasca, Pablo C. Amaringo, il fut en effet frappé par la ressemblance des motifs avec la double hélice de l'ADN, mais aussi avec des gamètes et autres éléments organiques visibles au niveau moléculaire... Ainsi, l'Ayahuasca ne permettrait pas de communiquer avec des éléments extérieurs, mais plutôt intérieurs, avec des êtres conscients présents dans chaque chose vivante, y compris dans les végétaux... Mais sa réflexion ne s'arrête pas là, allant jusqu'à comparer l'hélice de l'ADN avec l'échelle des mythologies et religions liant le monde des hommes aux sphères supérieures de la réalité (par exemple l'"Échelle de Jacob").

     Ses conclusions, si l'on est pas obligés d'y adhérer, s'avèrent souvent vertigineuses et remettent totalement en perspective la perception classique des choses en faisant de l'ADN l'auteur primordial, intelligent et conscient, de toute chose vivante, dont l'action invisible au niveau de l'infiniment petit orienterait l'évolution de toute l'humanité. Ainsi, les solutions à toutes les questions ne se situeraient pas là où on a l'habitude de chercher, dans les étoiles, dans le monde de l'infiniment grand, mais au cœur de la matière...

     Une lecture indispensable pour vous faire votre propre idée.

 

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Les Évangiles Écarlates de Clive Barker

3 Mars 2016, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Les Évangiles Écarlates de Clive Barker

Les Évangiles Écarlates

de Clive Barker

 

RÉSERVÉ A UN PUBLIC AVERTI

  • Type : roman
  • Genre : fantastique/horreur
  • Auteur : Clive BARKER
  • Traducteur : Benoît DOMIS
  • Éditeur : Bragelonne
  • Collection : L'Ombre de Bragelonne
  • Date de parution : 20/01/2016
  • Format : grand format / broché / couverture cartonnée avec jaquette
  • Dimensions : 242 X 156 mm
  • Nombre de pages : 360
  • Prix : 25 €
  • ISBN : 9782352949206

Résumé éditeur

     On attendait depuis près de vingt ans le retour des deux personnages les plus célèbres de Clive Barker : Pinhead et Harry D’Amour. Un rendez-vous annoncé dans un ouvrage devenu mythique que des millions d’admirateurs n’osaient plus espérer. Ce livre, le voici.
     Un final grandiose qui oppose le fameux détective du surnaturel Harry D’Amour et le Prêtre de l’Enfer, immortel et sadomasochiste – Pinhead pour les intimes. La conclusion de l’histoire qui commença dans Hellraiser avec la découverte d’une étrange boîte, un cube-puzzle réputé ouvrir un portail sur l’enfer lui-même…
     Retrouvez l’univers visionnaire du maître de l’horreur dans un récit sanglant, terrifant et brillamment complexe qui ravira ses admirateurs de longue date, comme ceux qui vont découvrir pour la première fois son imagination unique en son genre. 
Le règne des Évangiles écarlates est arrivé. Êtes-vous prêt ?
 

Critique

     Oyez oyez, j'ai l'honneur de vous annoncer l'extension du domaine de la lutte du blog avec la création d'une rubrique littéraire ; il ne se limitera donc plus au seul univers de l'image. Et pour ouvrir le bal, je vous propose une critique des Évangiles Écarlates (Scarlet Gospels).

     Exactement trente ans après la parution de la nouvelle Hellraiser, où nous découvrions de terrifiants démons sado-masochistes dénommés les "Cénobites", et après huit films, Clive Barker se décide enfin à nous proposer une suite sous la forme d'un roman.

     Une résurrection dans un mausolée, cinq occultistes en panique traqués par un démon... L'auteur a la bonne idée d'entrer directement dans le vif du sujet et d'installer dès les premières pages une tension palpable, un sentiment d'imminence, une urgence qui vous prend aux tripes. C'est un Barker que l'on sent pressé par le temps qui nous revient plus cruel que jamais, sans aucune intention de perdre cent pages en exposition interminable à préparer la venue de celui que tout le monde espère tout en le redoutant. Car il sait pertinemment que son lecteur connaît ce démon, attend depuis longtemps son retour littéraire et n'ignore pas toutes les horreurs dont il est capable. Il ne viendra pas pour rigoler, pour notre plus grand déplaisir. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne déçoit pas : âmes sensibles s'abstenir...

     Ainsi, dès l'introduction, l'auteur s'affranchit rapidement de l'obligation de mettre en scène Pinhead, une façon pour lui de nous dire "OK vous le vouliez, le voilà", en nous "offrant" toutefois quelques concessions : la description du Cénobite correspond davantage à celle des films qu'à celle de la nouvelle originale, et Barker s'essaye même à la mise en abyme en reprenant le surnom imaginé par les fans... pour s'en plaindre ! L'intrigue peut ensuite débuter avec l'apparition d'Harry d'Amour, détective du paranormal aux airs de John Constantine, avec ses tatouages ésotériques protecteurs. Le roman prend alors une tournure particulièrement excitante en nous promettant un affrontement entre le Cénobite et le seul homme sur Terre dont les connaissances occultes permettent de rivaliser avec l'Enfer...

     Pour résumer, la réussite des Évangiles Écarlates repose sur deux principaux atouts : des chapitres courts au rythme infernal - si j'ose dire - où s'enchaînent les événements, et une volonté de l'auteur d'approfondir et développer la mythologie liée aux Cénobites déjà évoquée dans le film Hellraiser II. Barker nous fait enfin traverser le miroir et l'Enfer devient un véritable décor soigneusement décrit. Loin de moi l'envie de vous gâcher la surprise, mais vous ne risquez pas d'oublier de sitôt les peintures cauchemardesques qu'il s'emploie à graver dans nos crânes, telle cette procession de Cénobites avançant en file indienne dans la désolation de l'Enfer battu par un vent glacial... Pinhead, quant à lui, ne se limite plus à quelques apparitions théâtrales, il est désormais un acteur à part entière de l'histoire avec ses propres motivations et enjeux.

     Les Évangiles Écarlates peuvent donc être considérés comme un cadeau fait aux fans de Hellraiser, apportant des réponses à toutes les questions qu'ils ont pu se poser sur la saga (où vivent les Cénobites ? Existe-t-il une hiérarchie dans leur Ordre ? Quelle place Pinhead y occupe-t-il ? Est-il vraiment invulnérable ? Etc.). Bien davantage qu'un simple coup de pub basé sur son œuvre la plus connue, le roman apporte considérablement à l'univers mis en place par l'auteur en revisitant La Divine Comédie de Dante et le mythe d'Orphée, rien de moins...

     Entre Éros et Thanatos, fascination et répulsion, du pur Clive Barker.

 
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