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Balades Cosmiques

critiques bc (litterature)

La Légende de Hawkmoon - La critique

3 Mai 2018, 00:00am

Publié par Norrin Radd

La Légende de Hawkmoon - La critique

La Légende de Hawkmoon

Intégrale 1

  • Type : roman
  • Genre : science-fiction/fantasy
  • Auteur : Michael MOORCOCK
  • Traducteur : Jean-Luc FROMENTAL
  • Éditeur : Pocket
  • Collection : Science-fiction/Fantasy
  • Date de parution : 15/05/2015
  • Date de première parution en France : 01/04/1973
  • Date de parution originale : 1978
  • Format : poche/broché/couverture souple
  • Dimensions : 185 X 130 mm
  • Nombre de pages : 768
  • Prix :  13,90 €
  • ISBN : 978-2-266-24554-8

Résumé éditeur

 

     Notre monde n'est plus. Le Tragique Millénaire l'a emporté. Quelques ducs se sont partagés la France, retombée dans un Moyen Âge contaminé d'artefacts technologiques et de mutations monstrueuses.
     Depuis l'ouest, la Granbretanne étend son pouvoir, cruel et implacable, en s'appuyant sur sa science quasi démente. Bientôt, la Kamarg sera un îlot de résistance, esseulé face au Ténébreux Empire, protégé par les seules troupes du comte Airain, habile stratège et redoutable mercenaire.

     L'Histoire cherche encore son point d'équilibre et c'est sur les épaules enchaînées de Dorian Hawkmoon, duc de Köln déchu, qu'il repose...


 

Critique
 

     Imaginez une histoire un peu (voire complètement) dingue écrite par un auteur en plein mauvais trip, fiévreux, motivé par un sentiment d’oppression, harcelé par des cauchemars. Une histoire située dans un monde post-apocalyptique dont on ne sait pas très bien s’il s’agit du nôtre, peut-être victime d’une guerre nucléaire. Un univers où la civilisation a régressé à un stade médiéval pour certaines, ou proches de la révolution industrielle pour d’autres. Des royaumes où la Camargue devient la « Kamarg », paisible contrée gardée par des chevaliers montés sur des flamands roses mutants, et où la Grande Bretagne est l’Empire de « Granbretanne », avec pour capitale une « Londra » au fog verdâtre et à la Tamise rouge sang, peuplée de psychopathes aux loisirs cruels, de gardes impériaux à masque de cochon ou de mante religieuse et de savants fous. Vous aurez alors une toute petite idée de ce qu’est Hawkmoon.

 

     Le premier tome débute de façon somme toute assez conventionnelle pour de la fantasy : le brave Comte Airain veille sur ses terres de Kamarg battues par le Mistral et foulées par les taureaux sauvages, quand le Baron Meliadus de Granbretanne s’invite lors d’une visite diplomatique afin de lui proposer une sorte d’entente cordiale avec l’Empire. Ce prologue sera l’événement déclencheur de toute la saga. Le premier chapitre s’intéresse ensuite au véritable héros de l’histoire en la personne de Dorian Hawkmoon. Sorte de Vercingétorix du futur qui, après s’être enrôlé dans l’armée impériale, s’est retourné contre elle en levant une rébellion, le jeune duc se retrouve incarcéré, résigné, dans l’attente de son supplice public. Mais le Baron Meliadus a un autre plan en tête le concernant...

 

     Avec Hawkmoon, Moorcock étend sa théorie de la Balance Cosmique à plusieurs époques, et même à différentes dimensions tout en développant son thème de prédilection via la description d’une civilisation impérialiste décadente, finalement pas si éloigné de l’œuvre de Robert Howard (dont Moorcock n’est pourtant pas un fervent admirateur). Les saines valeurs du Comte Airain et de la Kamarg contrastent ainsi avec les mœurs immorales en cours à Londra, où une sorcellerie démoniaque est à la source d’une technologie avancée qui justifie les plus immondes expérimentations. D'ailleurs, Hawmoon retrouve son esprit rebelle et indépendantiste lors d’une « mission d’infiltration » en terre camarguaise, dont l’air pur et les traditions ancestrales viennent laver son esprit de la souillure d’un court séjour dans la modernité de la Granbretanne, où il se résignait à sa condition d’esclave. De l’impitoyable Melniboné d’Elric à la folie malsaine de la Granbretanne, on peut dès lors se demander si tout le propos de l’auteur ne s’articule finalement pas autour d’une critique de son propre pays... (Rappelons que 1979, date de publication du roman, a vu Margaret Thatcher accéder à la fonction de Premier Ministre en Grande Bretagne, le début d'une nouvelle ère).

 

     Alors soyons honnêtes : Moorcock est peut-être un auteur souvent surévalué. Ses œuvres sont remplies de facilités (le retour d’Elric sur le trône, le navire survolant les terres, le voyage dans le Royaume des Ténèbres...) et qui plus est, pas toujours bien écrites (multiplication des mêmes mots d’une phrase à l’autre...), et il avoue lui-même avoir souvent produit une oeuvre alimentaire. Pourtant, Hawkmoon m’a paru plus passionnant qu’Elric, voire même fascinant de par sa nature extrême et jusqu’au-boutiste (le livre reste encore choquant aujourd’hui dans sa description des pratiques de la Granbretanne). Dans ses excès, dans son intrigue (on a franchement du mal à comprendre où il souhaite en venir) et dans son propos même. Le double niveau de lecture fonctionne à plein quand Hawkmoon aborde la question du libre-arbitre, lorsque son héros retrouve sa dignité en s’affranchissant de ses chaînes symbolisées par le joyau noir incrusté sur son front qui permet à ses maîtres de surveiller son environnement. On trouve là quelque chose de nietzschéen dans la façon dont il reprend son destin en mains, refusant d’être la marionnette de ses oppresseurs. Pour résumer : Hawkmoon est l’histoire d’un brave homme humilié, rabaissé. Quelque chose est mort en lui mais face à l’injustice, et en s’entourant de personnes saines, il va permettre au Champion Éternel qui sommeille en lui de s’éveiller pour changer le statu-quo. De là à trouver un écho dans notre société actuelle il n'y a qu'un pas...

 

PS : malheureusement, les éditions successives de Hawkmoon ne bénéficient pas d’illustrations à la hauteur de l’imagination de Moorcock (la plupart sont hideuses, n’ayons pas peur des mots). J’ai donc pris le parti d’illustrer la chronique avec le tome 1 de l’intégrale parue chez Pocket, regroupant les quatre premiers tomes de la saga.

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Sorceleur T.3 - Le Sang des Elfes - La critique

13 Novembre 2017, 02:00am

Publié par Norrin Radd

Sorceleur T.3 - Le Sang des Elfes - La critique

Sorceleur

Tome 3

Le Sang des Elfes

 

  • Type : nouvelles
  • Genre : fantasy
  • Auteur : Andrzej SAPKOWSKI
  • Traducteur : Lydia WALERYSZAK
  • Éditeur : Milady
  • Collection : Gaming
  • Date de parution : 26/08/2011
  • Date de première parution (France) : 14/11/2008
  • Date de parution originale (Pologne) : 1993
  • Format : poche/broché/couverture souple
  • Dimensions : 177 X 110 mm
  • Nombre de pages : 480
  • Prix : 7,60 €
  • ISBN : 978-2811205706

 

Résumé éditeur

     Le royaume de Cintra a été entièrement détruit. Seule la petite princesse Ciri a survécu. Alors qu'elle tente de fuir la capitale, elle croise le chemin de Geralt de Riv. Pressentant chez l'enfant des dons exceptionnels, il la conduit à Kaer Morhen, l'antre des sorceleurs. Initiée aux arts magiques, Ciri y révèle bien vite sa véritable nature et l'ampleur de ses pouvoirs. Mais la princesse est en danger. Un mystérieux sorcier est à sa recherche. Il est prêt à tout pour s'emparer d'elle et n'hésitera pas à menacer les amis du sorceleur pour arriver à ses fins...

Critique

     "Il est clair que nous ne perdrons pas notre temps ni notre énergie avec une chose aussi primaire qu'un Signe de sorceleur."

Yennefer, magicienne, à Ciri, son élève

     J'aurais certes mis le temps, mais je suis enfin venu à bout de ce troisième tome du Sorceleur. Celui-ci est, il faut le dire, un peu plus ardu à lire que les deux premiers, qui se résument à des recueils de nouvelles. Après avoir exposé son univers et ses personnages dans des sketchs plus ou moins longs, l'auteur a choisi de poursuivre son intrigue par le biais du roman (d'habitude, on fait le contraire). On supposera que sa démarche répond au succès inespéré rencontré, et à la demande des lecteurs.

     Attention, pour la suite ça spoile un peu...

     Il est ici question de Ciri, petite princesse rencontrée par Geralt dans le second tome. Celle-ci s'avère être une sorte d'élue aux pouvoirs magiques très puissants sur qui tout le monde veut mettre la main. En réalité, c'est un peu plus compliqué que cela puisque Ciri était destinée, avant même sa naissance, à la suite d'un accord entre Geralt et ses parents, à rejoindre les rangs des sorceleurs. Ces derniers souhaitaient en effet veiller sur elle, en prévision de son destin d'élue.

     Ciri est dorénavant une adolescente. Les choses s'accélèrent, puis qu’après la destruction de son royaume, Geralt (qui avait renoncé à la garder auprès des sorceleurs) parvient à la sauver in extremis, et à l'abriter à Kaer Morthen. Dans la forteresse de sa confrérie, elle se voit ainsi formée (chose exceptionnelle pour une fille) au dur métier de sorceleur (mais sans lui faire subir de mutations). Cependant, ses nombreux amis et ennemis ne tardent pas à apprendre où elle se cache. Sans autre choix, Geralt doit recourir à ses alliées magiciennes et prêtresses afin de protéger Ciri, et l'aider à développer ses capacités pour la magie.

     Dans le détail, tout cela est encore peu plus compliqué, et c'est un peu le gros défaut que je reprocherais à la saga. En bon auteur d'héroïc fantasy, Sapkowski s'applique à complexifier les choses à outrance. Il nous décrit ainsi des contextes géopolitiques et autres prophéties de magiciens impliquant Ciri, en installant des longueurs qui n'ont pas lieu d'être. Cependant, il excelle quand il se contente de se concentrer sur ses personnages, extrêmement crédibles et attachants dans leur personnalité et leur comportement.

     Ainsi, tous les "éléments humains" axés sur des personnages au charisme indéniable me paraissent, mais cela n'est que mon humble avis, plus intéressants que les intrigues politiques et stratégiques autour de la future guerre en gestation dans ce tome. L'entraînement de Ciri à Kaer Morthen et ses petits soucis de jeune femme qui provoquent le désarroi des sorceleurs... Ou bien encore son apprentissage auprès de Yennefer, durant laquelle se développe la relation Geralt/Yennefer/Ciri pour en faire une sorte de famille recomposée (Geralt et Yennefer ne peuvent avoir d'enfants, et Ciri n'a plus de parents), dont les membres ne font que se croiser sans jamais rester unis...

     A tout cela s'ajoutent les rivalités affectives internes, quand le Complexe d'Oedipe s'invite dans la partie avec la jalousie de Ciri éprouvée envers Yennefer, pleinement femme et consciente de ses charmes, maîtresse occasionnelle de Geralt, auxquelles se succède la complicité, malgré la froideur et l'intransigeance de la magicienne progressivement conquise par le caractère bien trempé et l'intelligence de son élève...

     Ouf. Pour résumer, Sorceleur m'ennuie quand il se la joue grande fantasy, et me passionne quand il reste à hauteur humaine en faisant passer avec son intrigue l'évolution et le développement de personnages que nous avons appris à aimer. mais, avouons-le, quand arrive la dernière page, le besoin de lire la suite se fait sentir...

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Plantes & Chamanisme - Conversations Autour de l'Ayahuasca & de l'Iboga

16 Janvier 2017, 01:00am

Publié par Norrin Radd

Plantes & Chamanisme - Conversations Autour de l'Ayahuasca & de l'Iboga

Plantes & Chamanisme

Conversations Autour de l'Ayahuasca & de l'Iboga

Collectif

 

  • Type : entretien
  • Genre : anthropologie/chamanisme/sociologie
  • Auteurs : Ian KOUNEN/Jérémy NARBY/Vincent RAVALEC
  • Éditeur : Mama Éditions
  • Collection : Chamanismes
  • Date de parution : 01/03/2008
  • Format : grand format / broché / couverture souple
  • Dimensions : 220 X 140 mm
  • Nombre de pages : 208
  • Prix : 24 €
  • ISBN : 978-284594020

 

Résumé éditeur

Trois personnalités venant d'horizons divers mêlent pour la première fois leurs voix et témoignent librement d'une pratique qui échappe à l'ordinaire : la découverte et l'expérience du chamanisme par un Occidental.

Plantes sacrées, hallucinogènes, initiations, états modifiés de conscience, bénéfices ou dangers possibles pour ceux qui s'y essaient… Jan Kounen, Jeremy Narby et Vincent Ravalec explorent ces sujets avec une sincérité rare.

Leurs regards croisés, bienveillants mais sans compromis, livrent une nouvelle approche du monde indigène, et une autre vision de la réalité.

Jan Kounen est cinéaste.

Jeremy Narby est anthropologue. Il a notamment écrit Le Serpent cosmique (publié en douze langues) et Chamanes au fil du temps.

Vincent Ravalec est écrivain. Il a publié, entre autres, Cantique de la racaille (prix de Flore) et Bois sacré, initiation à l'iboga.

Critique

Si vous avez lu ma critique de l’ouvrage Le Serpent Cosmique, le sujet de l’ayahuasca vous sera déjà familier. Cette substance psychotrope cent pour cent naturelle utilisée par les « chamanes », ces guérisseurs des tribus amazoniennes et popularisée dans le monde occidental par le livre culte de l’anthropologue Jérémy Narby, fait ici l’objet de plusieurs entretiens entre l’auteur du Serpent Cosmique, le cinéaste Ian Kounen (Doberman, 99 Francs) qui a déjà abordé le sujet dans le film Blueberry et son documentaire D’Autres Mondes, et enfin l’auteur Vincent Ravalec.

Passionnante de bout en bout, cette discussion entre habitués de l’expérience ayahuasca apparaît souvent comme une mise en garde envers les jeunes occidentaux attirés par le « voyage », dans tous les sens du terme, et s'attarde parfois sur son « côté obscur » pour résonner tel un avertissement à ceux qui seraient tentés d’y voir un jeu anodin.

Les voyageurs trop naïfs doivent en effet être prévenus, comme un touriste entamant une escapade en montagne, des précautions à prendre. Car l’ayahuasca agit dans sa première phase comme un purgatif mental et physique. Une personne dont l’esprit et le corps ne seraient pas prêts et n’ayant pas déjà affronté ses propres démons, quelqu’un qui ne serait pas « bien dans ses baskets » vivra l’absorption de l’ayahuasca d’une façon plus éprouvante. L’« esprit de la Nature » luttera en effet contre tous les éléments toxiques qui parasitent l’esprit et le corps du sujet, et sa conscience vivra ce combat intérieur très intense à travers des visions angoissantes (mygales, monstres marins...). Le chamane (qui, comme le rappellent les intervenants, est avant tout un guerrier et un chasseur), assistera continuellement le sujet en le guidant via ses chants, et testera ainsi sa détermination en constatant ses réactions.

En outre, comme le rappelle les auteurs, il serait absurde de placer trop d’espoirs dans une « médecine » naturelle qui excelle dans le soin de problèmes psychologiques comme les dépressions, mais ne saura bien sûr remédier à des maladies graves ou une fracture par exemple. Les chamanes eux-mêmes se font soigner à l'hôpital quand ils le peuvent !

Mais le danger repose aussi sur le « complexe du messie », ce sentiment d’être un élu ayant été choisi pour avoir accès à des vérités cachées associé au besoin, de retour au pays, d’« éveiller » les autres. Car cette attitude prosélytique va à l’encontre de l’indispensable humilité nécessaire à l’expérience, qui peut s’avérer bénéfique ou néfaste pour la vie future du sujet selon la façon dont il l’a appréhendée, vécue, et les enseignements qu’il en a tirée. Comme le précise Jérémy Naby, mieux vaut se montrer humble en prenant l'ayahuasca, sans quoi l'esprit vous remettra rapidement à votre place de toute petite chose vivant au milieu d'infinies dimensions.

Dans un échange avant tout convivial et très abordable, les trois hommes comparent leurs expériences et approfondissent le sujet en essayant de rendre l’indicible compréhensible en fonction de notre culture occidentale, comparant par exemple les chamanes à des chasseurs d’esprits qui identifient la vibration propre à chaque essence de la Nature en l’associant à un chant, et en utilisant ces chants pour les attirer comme un appât, tout en identifiant esprits bienveillants et malveillants pour savoir comment leur résister et ne pas se laisser dominer (encore une fois, la pratique peut se révéler très risquée car lors de son initiation le chamane lui-même devient la cible d’esprits négatifs).

On est par ailleurs surpris d’apprendre que ces esprits sont finalement assez humains, bousculant un sujet qui se sera mal comporté envers ses semblables entre deux séances, ménageant ceux qui savent s’isoler (« Les esprits aiment bien ceux qui ont connu la solitude et ont souffert un peu », dixit un chamane), ou même faire preuve de jalousie en apprenant que le sujet compte expérimenter une autre plante !

Bref, ce livre passionnant, je le répète, approfondit le thème du Serpent Cosmique et, comme tout bon ouvrage, répond à des questions tout en soulevant d’autres interrogations. On ne sait toujours pas vraiment où nous emmène le trip de l’ayahuasca : voyage intérieur dans la psyché ? Découverte de son propre corps à l’échelle moléculaire ? Voyage à travers d’autres dimensions ? Perception de la réalité derrière le voile de la matière ? Rencontre avec la conscience des plantes ? Avec les esprits de la Nature ? L’ADN ? Des dieux ? Dieu ? Des extra-terrestres ? Voilà qui donne le vertige et nécessite un sas de dépressurisation après la lecture, un peu comme après une séance d’ayahuasca…

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Sorceleur T.2 - L'Épée de la Providence - La critique

29 Septembre 2016, 02:00am

Publié par Norrin Radd

Sorceleur T.2 - L'Épée de la Providence - La critique

Sorceleur

Tome 2

L'Épée de la Providence

  • Type : nouvelles
  • Genre : fantasy
  • Auteur : Andrzej SAPKOWSKI
  • Traducteur : Alexandra DAYET
  • Éditeur : Milady
  • Collection : Gaming
  • Date de parution : 20/05/2011
  • Date de première parution (France) : 17/01/2008
  • Date de parution originale (Pologne) : 1993
  • Format : poche/broché/couverture souple
  • Dimensions : 177 X 110 mm
  • Nombre de pages : 464
  • Prix : 7,60 €
  • ISBN : 9782811205072

Résumé éditeur

     Geralt de Riv n’en a pas fini avec sa vie errante de tueur de monstres. Fidèle aux règles de la corporation maudite des sorceleurs, Geralt assume sa mission sans faillir dans un monde hostile et corrompu qui ne laisse aucune place à l’espoir. Mais la rencontre avec la petite Ciri, l’Enfant élue, va donner un sens nouveau à l’existence de ce héros solitaire. Geralt cessera-t-il enfin de fuir devant la mort pour affronter la providence et percer à jour son véritable destin ?

Critique

     « - Je ne chasse pas les dragons, répondit sèchement Geralt. Les diploures géant, oui. Les gluasses, les dermoptères. Mais pas les dragons authentiques, les verts, les noirs ou les rouges. Sache-le, voilà tout. »

     Fidèle à son approche "howardienne" de l'heroïc fantasy, basée sur la méthode "je tape fort dès l'intro pour ensuite raconter tranquillement mon histoire", Sapkowski entre directement dans le vif du sujet en présentant notre Sorceleur préféré aux prises avec un basilic. Cette mission "anodine" apparaîtra vite comme le prétexte au véritable motif de la première nouvelle du recueil : la chasse au dragon.

     Dès lors, l'auteur développe une galerie de personnages pittoresques digne de Donjons & Dragons pour lancer aux trousses du gros lézard un groupe disparate composé de nains mercenaires, d'un magicien, d'un paladin et, bien entendu, du barde facétieux Jaskiel ou encore Yennefer, la sorcière caractérielle, une femme si charismatique qu'il eut été dommage de ne pas continuer à l'exploiter.

     On retrouve ici toutes les qualités du premier tome : des personnages plus complexes et ambigus qu'ils n'y paraissent, des retournements de situation, un humour décalé et, bien sûr, un zeste d'érotisme lié à deux amazones sexy et redoutables escortant un guerrier bon-vivant, mais aussi bien sûr à l'envoûtante Yennefer. Ainsi, on sent la volonté de Sapkowski d'approfondir la relation contrariée entre elle et Geralt, que tout rapproche (l'âge avancé malgré les apparences, la magie, l'infertilité, la solitude...), mais basée sur un mode "je t'aime moi non plus" quand la belle magicienne au parfum de lilas et de groseille en fait voir de toutes les couleurs au pauvre sorceleur.

Une relation tumultueuse qui fera l'objet de la seconde nouvelle, pour le moins surprenante, uniquement centrée sur un triangle amoureux digne d'un soap mais contée avec une sensibilité touchante, où Geralt nous révèle enfin sa vulnérabilité.

     La troisième histoire nous embarque une nouvelle fois dans une direction imprévisible avec une critique humoristique des marchés financiers et de la spéculation, sans trop en révéler sur cette course-poursuite vaudevillesque menée tambour battant par le sorceleur, son ami Jaskiel et... un hobbit.

     Dans la quatrième, un nouveau personnage particulièrement touchant fait son apparition avec Essi, jeune troubadour amie de Jaskiel, avec pour prétexte la chasse au monstre marin.

     La cinquième nouvelle, qui donne son titre au recueil, revêt une importance toute particulière car elle introduit également un personnage très important dans la saga en la personne de Ciri, la peste adorable déjà connue des joueurs de Witcher 3. Après avoir "procuré" à Geralt une femme, l'auteur confirme sa volonté de fournir à un personnage par définition solitaire un ersatz de famille avec cette petite fille au caractère aussi trempé que celui de Yennefer, et toujours cette incroyable capacité à rendre un personnage attachant en quelques lignes.

     La dernière nouvelle est un peu difficile à suivre, car relatée sous la forme de flash-backs remémorés par le sorceleur au cours de ses délires suite à une blessure grave, et donc assez décousue. Elle a toutefois le mérite de nous en apprendre un peu plus sur son background, sur son passé, son présent et son avenir...

     Ainsi, l'aspect le plus remarquable de la saga, qui explique sans doute son succès au sein d'une énorme production fantasy plus ou moins intéressante, réside dans la profondeur apportée à son oeuvre par Sapkowski qui décidément, s'avère le digne successeur de Robert Howard. Derrière l'humour omniprésent, "la politesse du désespoir" comme disait l'autre, resurgissent souvent les thèmes de la solitude et de l'exclusion, semble-t-il très personnels pour l'auteur. Il n'est pas rare d'assister aussi, au gré d'une discussion, à des réflexions philosophiques sur l'équilibre entre ordre et chaos, la monstruosité des hommes et l'humanité des monstres, ou bien à des analyses psychologiques d'une pertinence rare... Et, toujours, cette sensibilité palpable quand les blessures de l'âme contenues par Geralt sous son austérité pudique refont surface lors de dialogues déchirants.

     Cette alternance entre humour et sensibilité à fleur de peau, typique de l'Europe de l'Est, en un mot : cet humanisme, incarne véritablement la "marque de fabrique" d'une série capable de nous faire passer du rire aux larmes.

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Sorceleur T.1 - Le Dernier Voeu

5 Juillet 2016, 00:00am

Publié par Norrin Radd

Sorceleur T.1 - Le Dernier Voeu

Sorceleur

Tome 1

Le Dernier Voeu

  • Type : nouvelles
  • Genre : fantasy
  • Auteur : Andrzej SAPKOWSKI
  • Traducteur : Laurence DYÈVRE
  • Éditeur : Milady
  • Collection : Gaming
  • Date de parution : 22/04/2011
  • Date de première parution (France) : 17/01/2008
  • Date de parution originale (Pologne) : 1993
  • Format : poche/broché/couverture souple
  • Dimensions : 177 X 110 mm
  • Nombre de pages : 384
  • Prix : 7,10 €
  • ISBN : 3391891980906

Résumé éditeur

     Geralt de Riv est un homme inquiétant, un mutant devenu le parfait assassin grâce à la magie et à un long entraînement. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur, et Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un sorceleur.
     Au cours de ses aventures, il rencontrera une magicienne capricieuse aux charmes vénéneux, un troubadour paillard au grand cœur… et, au terme de sa quête, peut-être réalisera-t-il son dernier vœu : retrouver son humanité perdue.

Critique

     Si vous êtes un "gamer", vous avez sans doute déjà pris les commandes du "Witcher" sur votre écran. Cette série de trois jeux vidéos (plus les extensions), dont le dernier fut unanimement salué comme un chef-d'œuvre artistique et technique, est en fait tirée d'une saga littéraire polonaise où Geralt de Riv, un "sorceleur" ("le terme "witcher" étant un dérivé masculin de "witch", "sorcière"), albinos mi-sorcier mi-druide, loue ses services au gré de ses pérégrinations dans un monde d'inspiration médiévale... Non sans évoquer d'autres personnages littéraires, notamment le puritain Solomon Kane de Robert Howard ou Vampire Hunter D (l'alcool en plus et la chasteté en moins), avec qui il partage une personnalité solitaire, taciturne et un sens de l'honneur tout particulier malgré son statut de tueur de monstres à gages.

     Les premiers livres mettant en scène Geralt se présentent sous la forme d'une suite de nouvelles. La première d'entre elles, Le Dernier Voeu, est assez trompeuse et fait un peu peur - dans le mauvais sens du terme - car, destinée à exposer le personnage et son univers, elle s'avère d'une facture relativement classique et sérieuse. Le sorceleur y est engagé pour affronter et guérir, s'il en a la possibilité, une princesse transformée en strige et réfugiée dans un château, d'où elle ne sort que la nuit pour se nourrir (d'êtres humains, s'entend). C'est l'occasion de se familiariser avec le statut de paria des sorceleurs, rejetés partout où ils se rendent, et avec leurs méthodes basées sur l'utilisation de signes magiques et d'herbes destinées à augmenter leurs capacités. La seconde nouvelle, intercalée entre les autres histoires fera ensuite office de leitmotiv pour enchaîner les intrigues sous forme de flash-backs où nous faisons la connaissance des personnages prochainement récurrents de cet univers.

     La suite devient plus originale car les intentions de l'auteur se concrétisent avec des trouvailles et des personnages toujours plus improbables, des situations souvent drôles et cocasses parées d'un humour décalé typique des pays de l'est. Pourtant, derrière la blague se profile une approche davantage sophistiquée qu'il n'y paraît de Geralt de Riv, un anti-héros plus complexe qu'un fanatique massacrant à vue tout ce qui ressemble de près ou de loin à un monstre, prenant parfois même leur partie et limitant autant que possible les pertes de vies, humaines ou inhumaines.

     L'influence de Robert Howard se fait sentir à chaque page, et Andrzej Sapkowski a bien retenu ses leçons : des introductions ne tardant pas à entrer dans le vif du sujet, des personnages forts et ambigus, quand le "gentil" du début devient le "méchant" à la fin et inversement, des retournements de situation, des dilemmes moraux et, bien sûr, le tout saupoudré de bastons et d'un peu d'érotisme soft. Mais son influence ne s'arrête pas là et les allusions aux contes pour enfants comme La Belle et la Bête, Blanche Neige ou Cendrillon, et même à la mythologie sont constantes dans un univers inscrit dans le genre de la dark fantasy.

Une excellente surprise, donc, pour peu que l'on ne se limite pas à la monotone austérité de la première nouvelle. Sorceleur possède cette atmosphère assez étrange typique des auteurs des pays de l'est, un peu comme Stalker, dans un autre registre, où l'on parle peu et où l'on agit, où l'humour permet de survivre dans un monde déprimant et hostile... Ce premier tome donne envie de lire la suite, de jouer aux jeux vidéos, de voir la série TV, lire les BD (l'univers étendu de Witcher est assez impressionnant), d'explorer davantage ce monde et ses personnages charismatiques, sexys et drôles. La marque des grandes oeuvres.

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