Preacher
Livre I
- Type : comics
- Genre : fantastique
- Scénario : Garth ENNIS
- Dessin : Steve DILLON
- Couverture : Glenn FABRY
- Traduction : Jérémy MANESSE
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Vertigo Essentiels
- Date de parution : 23/01/2015
- Épisodes originaux :
- - (1995) Preacher 1 à 12
- Précédentes éditions vf :
- - (1997-1999) Le Téméraire
- - (2007-2011) Panini Comics
- Format : cartonné/couleurs
- Dimensions : 186 X 281 mm
- Nombre de pages : 352
- Prix : 28 €
- ISBN : 978-2-365-77582-3
Résumé éditeur
Au premier abord, le révérend Jesse Custer ne semble pas différent des autres petits pasteurs de province des États-Unis. Isolé dans une petite ville du Texas, le temps s’y dilue sans agitation, et avec lui, l’ardeur de sa foi. Jusqu’au jour où un terrible accident vient anéantir son église et décimer l’ensemble de ses fidèles. Depuis lors, Jesse développe d’étranges pouvoirs émanant d’une force spirituelle appelée Genesis. En proie au doute et à de multiples interrogations, l’homme se lance alors à la recherche de Dieu et, chemin faisant, croise la route de Tulip, son ex-fiancée, et de Cassidy, un vampire irlandais. Un pèlerinage au coeur de l’Amérique, où le Bien et le Mal ne font qu’un.
Critique
POUR PUBLIC AVERTI
Cela fait déjà un moment – depuis la création d’Urban Comics et sa reprise du catalogue DC, à vrai dire – que les lecteurs de comics attendent la publication de Preacher, pourtant réédité en albums chez Panini entre 2007 et 2011. Quasiment devenu une arlésienne, peut-être à cause de son thème religieux et de son caractère extrême, Preacher aura mis le temps mais le voilà débarquer, en ce début d’année, dans un énorme pavé doté des qualités habituelles pourvues par Urban Comics.
Le ton est donné avec un emballage cellophane et un énorme sticker rouge POUR PUBLIC AVERTI, une précaution à laquelle l’éditeur ne songeait pas toujours à ses débuts… Mais ici largement justifiée par la réputation sulfureuse de l’ouvrage. Le plastique délicatement ôté, l’album peut libérer cette délicieuse odeur de neuf due à l’encre fraîche…
Il est inutile et vain de vouloir expliquer Preacher. D’abord parce que vous avez sans doute lu les précédentes éditions parues depuis 1997 aux (feu) éditions Le Téméraire (sinon, autant vous reporter au résumé de l’éditeur, forcément réducteur), mais aussi parce que le comic-book de Garth Ennis ne ressemble à aucun autre. Religion, western, vampires, rednecks… Des éléments aussi disparates s’y rencontrent et se culbutent pour former une sorte de road-movie « tarantinesque » à l’humour ravageur, au mauvais goût assumé et à la violence parfois insoutenable. Autant dire qu’à l’époque, à l’approche du nouveau millénaire, l’effet de surprise fut total et Preacher bénéficia d’un bouche-à-oreille entre initiés, ouvrant la voie à une nouvelle catégorie de comics plus « intenses » sortant des sentiers super-héroïques et nécessitant la création d’une nouvelle collection, Vertigo, futur berceau d’œuvres cultes comme Hellblazer ou Sandman.
Pourtant, Preacher se différenciait d’une simple diatribe puérile grâce à l’incroyable maîtrise narrative de ses auteurs qui, s’ils ne semblaient pas trop bien savoir où mener leur histoire, bien que sachant très précisément à quel numéro elle se terminerait, démontraient une parfaite connaissance des codes permettant de transcender leur intrigue. Ainsi, malgré l’aspect résolument rock n’ roll de Preacher, le nombre de thèmes abordés et son intrigue déstructurée, sa narration adopte une facture très classique, dans le bon sens du terme (l’enfance de Jesse Custer racontée en flash-back reste une leçon du genre).
Aujourd’hui, Garth Ennis n’est plus ce jeune scénariste irlandais impertinent éméché mais une star des comics, l’homme qui a totalement réécrit le Punisher et produit une quantité impressionnante d’œuvres originales ou de reprises en tant que guest (The Authority, Ghost Rider, Thor…) avec plus ou moins de réussite. Son style fait de provocation, d’humour noir, de losers charismatiques et de dialogues punchy plus vrais que nature continue à faire des merveilles sur les univers adaptés à sa personnalité (c'est-à-dire en dehors des super-héros classiques, qu'Ennis a toujours déclaré détester). Cependant, il aura aussi prouvé sa capacité à évoluer sur un terrain plus « mature », notamment avec le Punisher : un personnage pour lequel il aura œuvré sur deux fronts en livrant une série très sérieuse prenant en compte l’âge avancé de Frank Castle tout en assurant, en parallèle, une seconde série dessinée par son comparse de Preacher Steve Dillon, et complètement déjantée !
À l’image de Preacher, cette édition ne fait pas dans la dentelle puisqu’elle nous propose rien de moins que douze épisodes, là où le premier album Panini nous en proposait sept : de quoi boucler toute la première partie de l’intrigue concernant, sans trop en dévoiler, la grand-mère de Jesse Custer. Ajoutez à cela plusieurs textes des auteurs, les superbes couvertures originales de Glenn Fabry, les illustrations de dessinateurs invités et même le courrier des lecteurs (!) séparant chaque épisode, et vous obtenez une édition largement à la hauteur de l’attente.
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