La mère de la vertu est la femme la plus pure au monde. Pendant des siècles, elle a vécu sa vie au service des pauvres et des désœuvrés. Sa magie a soigné nombre d’os brisés et de maladies. Elle a aimé et s’est occupée d’enfants qui n’étaient pas les siens. Mais le jour où elle s’autorise enfin une pensée pour elle, un simple vœu de bonheur se transforme en cauchemar. Elle connaitra enfin la joie d’avoir une fille, mais elle enfantera la personne la plus maléfique que le monde ait jamais connu...
Lovern Kindzierski nous plonge dans un conte de fées sombre à la beauté troublante. Un univers fantastique digne de Lewis Carroll magnifié par la palette de couleurs oniriques de John Bolton.
Critique
Fable étrange, Shame emprunte à de nombreux récits de fées et de sorcières avec une prédilection pour l'atmosphère malsaine des contes cruels de Grimm. Nous assistons ainsi à la lutte entre deux envoûteuses, mère et fille et inversement (vous comprendrez à la lecture), sous l'apparence de jeunes femmes sublimées par le trait réaliste et sexy du légendaire John Bolton. Le résultat est assez déroutant, voire dérangeant, quand une méchante sorcière digne du Blanche Neige de Disney exerce sa vengeance à travers distorsions morphologiques et convocation de démons.
C'est graphiquement très beau, mais peut-être pas facilement accessible, s'agissant de ce que l'on pourrait qualifier de bel ouvrage de collection et non de comic-book "rapidement consommable". Shame s'apprécie par petites touches et non d'une traite (l'histoire est découpée en trois chapitres), le temps de découvrir page après page le travail méticuleux de John Bolton, un artiste au style photo-réaliste.
Ne vous y trompez pas : Shame n'est pas un exercice de style où la forme l'emporte sur le fond, car le récit concocté par Lovern Kindzierski s'avère profond et ponctué de rebondissements, mais il faut cependant noter qu'il a parfois tendance à s'étirer en longueur. L'ouvrage s'apparente ainsi davantage à la bande dessinée européenne, de par son format, son choix narratif et son style graphique, voire même par son aspect érotique le rangeant aux côtés des plus belles oeuvres de Manara.