À la vision du premier trailer de Thor – Ragnarok, dont la rupture de ton avec les deux films précédents sautait aux yeux, il semblait évident que le studio tentait de reproduire le coup de poker des Gardiens de la Galaxie, à savoir : placer un réalisateur sorti de nulle part à l’humour décalé aux manettes d’un énorme blockbuster, et prier pour qu’il soit à la hauteur. Pari réussi ? Et bien, je me contenterai de répondre… Oui, mille fois oui !
Dès les premières minutes, le film affiche clairement la couleur : nous sommes en présence d’une comédie, et du genre gros rouge qui tache. Un parti pris risqué, voire complètement dingue car Taika Waititi, le réalisateur, n’est pas du genre à faire dans la dentelle et ose à peu près tout : des acteurs et des actrices qui parlent seuls face caméra, des dialogues visiblement improvisés, une musique synthétique qui semble tout droit sortie des années 80, des costumes et des décors kitsch aux couleurs flashys, des allusions graveleuses (cf. l'explosion de slime de l'introduction)… Sans aucune appréhension, il s’engouffre dans la brèche du mauvais goût en assumant la stratégie du « ça passe ou ça casse » et y investit une telle sincérité, une telle énergie et un tel humour que, contre toute attente, ça passe.
Le film avance à cent à l’heure et se révèle vraiment très drôle (le public était hilare et, chose rare au cinéma, j’avoue avoir moi-même ri comme un idiot). Ainsi, le spectacle ne laisse pas une seule seconde de répit au spectateur, saute constamment du coq à l’âne en multipliant les décors, les personnages et les situations surréalistes sans nous laisser le temps de réfléchir, en reprenant plus ou moins les grandes lignes du comic-book Planète Hulk mais pourtant, le script ne se contente pas d’enchaîner les scènes de déconnade non-stop et nous offre de vrais instants d’émotion, des personnages écrits, une méchante sexy comme jamais ou encore une superbe séquence mettant en scène une chevauchée de Walkyries (les références à la mythologie scandinave sont, par ailleurs, assez nombreuses).
Bref, Thor – Ragnarok réussit l’exploit d’être un nanar de haute catégorie : un très bon film totalement délirant du début à la fin où l’intrigue et les personnages tiennent malgré tout la route, et où on ne s’ennuie pas une seconde.