Conan le Cimmérien : Xuthal la Crépusculaire - la critique
Une cité tentatrice aux secrets morbides.
Perdu dans l’infini d’un désert de sable, Conan avance accompagné de Natala, une esclave à la beauté sauvage. Les réserves d’eau et de nourriture sont dorénavant épuisées et sous ce soleil de plomb, cela ne signifie qu’une chose : la mort. Tandis que les dernières forces de Natala l’abandonnent progressivement, Conan aperçoit au loin, vers le sud, une cité aux allures de mirage. C’est Xuthal. À cet instant, elle symbolise la vie et le salut aux yeux des deux amants, mais en pénétrant dans sa cour intérieure, le vide et le silence qui y règnent laissent présager du pire. Sur le sol, seul le corps d’un homme gît, froid et abandonné. Sans le savoir, Conan et Natala viennent de s’engouffrer dans la gueule d’un loup à la forme innommable : Thog, dieu de la mystérieuse et imposante forteresse.
Christophe Bec et Stevan Subic donnent vie à un récit captivant, morbide et chargé de sous-entendus érotiques. Une œuvre aux multiples niveaux de lectures qui fascine par sa beauté graphique et son verbe raffiné.
Déjà le treizième tome pour cette collection à la folle ambition, qui consiste à adapter ou réadapter en BD (souvenez-vous des Arédit-Artima...) les nouvelles de Conan. Xuthal la Crépusculaire préfigure Les Clous Rouges et développe la même intrigue (Conan et une demoiselle en détresse se réfugient dans une cité perdue dans le désert).
Le trait de Stevan Subic parvient immédiatement à retranscrire la brutalité sauvage et l'érotisme présents dans chaque ligne de Howard. Les muscles de Conan dépassent du cadre, les têtes volent, les femmes sont systématiquement nues, et il ne s'en excuse même pas. A la manière de l'Elric récemment paru chez Glénat, les auteurs s'amusent à mettre en images tout ce qui est suggéré chez Robert Howard, impossible à décrire dans les années trente.
Mais il serait injuste de réduire cette histoire, et l'œuvre de l'auteur, au sexe et à la violence. Pour qui ne connaitrait pas encore ce classique, l'intrigue est rondement menée et nous tient en haleine jusqu'à sa terrifiante révélation. Le thème de la civilisation vs la barbarie si cher à Howard, ou bien le code d'honneur si particulier de Conan. Bref, une relecture on ne peut plus fidèle.