Captain America - Civil War - La critique
Civil War surprend tout d'abord par son sérieux affiché, dès sa scène d'ouverture, après laquelle apparaît rapidement une thématique s'orientant sur les dégâts collatéraux causés par les super-héros, et de façon beaucoup plus approfondie que dans (le foireux) Batman v Superman. Ce parti-pris se prolonge assez logiquement avec un sujet hautement actuel, à savoir la question du droit d'ingérence. Rappelons ici qu'à l'origine, le comic-book s'inspirait du Patrioct Act limitant les libertés individuelles à la suite des attentats du 11 septembre, avec un Iron Man au service du gouvernement et un Captain America s'y opposant de façon assez ironique, pour l'icône des patriotes...
Très peu d'humour, donc, beaucoup de questionnements avec des scènes courageuses pour un blockbuster où des super-héros discutent autour d'une table, le tout illustré par une mise en scène carrée, appliquée. Dans la veine d'Avengers 2, Civil War s'inscrit dans une génération de films de super-héros plus sombre, indéniablement plus mature, malgré quelques maladresses. "Tout cela me parait bien austère" me direz-vous, "Nous on a payé pour s'amuser". Certes. Et c'est ici qu'intervient Peter Parker. Je ne vous cache pas le fait que je suis très dubitatif sur le prochain Spider-Man, rien de moins que la troisième incarnation du personnage en quelques années, qui fait donc ici sa première apparition afin d'habituer le public au personnage. Et bien qu'on se le dise : cette version-là est de loin ma préférée.
Peter Parker n'est ici pas un beau gosse branché déambulant en skate-board dont les filles raffolent, non, mais un ado complexé et timide qui récupère des Atari 520 ST à disquette 3,5" dans les poubelles et hébergé par une tante MILF qui, dès qu'il devient Spider-Man, n'en finit pas de sauter dans tous les sens en racontant des [co...ies] pour se défouler. Bavard, drôle, frais et juvénile, ce Spider-Man est bien celui de Steve Ditko et John Romita Jr, immédiatement attachant et plus fidèle que celui de Sam Raimi. Son apparition ne se limite pas à cinq secondes comme les membres de la Justice League dans (l'arnaque) Batman v Superman, mais s'étend à un combat complet. Soyons clair : pour la première fois sur grand écran, je retrouvais le copain de mon enfance.
Cette baston générale, parlons-en : véritable parenthèse incroyablement fun au milieu de tout ce sérieux affiché, où Spider-Man vole la vedette aux Avengers, où chaque personnage voit ses capacités exploitées alors qu'Ant-Man vient en ajouter une couche dans ce grand moment bigger than life en se faufilant sur les reliefs de la Veuve Noire et en... mais ne gâchons pas la surprise, l'idée est tellement géniale ! Du pur fan-service (on peut aussi citer la présence de Crossbones ou l'esquisse d'une idylle entre la Sorcière Rouge et Vision) qui trouve ici entièrement sa justification, contrairement à (la purge) Batman v Superman.
Le film a ses défauts bien sûr : Black Panther n'est pas très charismatique, on aurait préféré la version des Marvel Knights avec un N'tchalla au crâne rasé entouré de ses deux charmantes gardes du corps en tailleur (cela dit, on en aperçoit une lors d'une scène), il souffre d'une grosse demie-heure de trop, aurait pu se terminer après le combat des deux camps, et Zemo n'entretient absolument aucun point commun, si ce n'est son patronyme, avec le Baron Zemo des comics qui était un scientifique nazi au visage défiguré. C'est un peu gênant, dans la mesure où il s'agit censément du grand méchant du film... Du coup, la fin fait un peu figure de pétard mouillé, elle n'apporte rien si ce n'est une révélation en peau de boudin.
Quelque part, il faudra considérer Iron Man comme le véritable ennemi à abattre de l'intrigue, ce qui peut être difficile à admettre quand on l'a apprécié dans pas moins de quatre films...