Obi-wan Kenobi - épisode trois : la critique
Décidément, Obi-wan surprend par son ton résolument sombre et nihiliste, peut-être en réponse aux critiques ayant étrillé The Book of Boba Fett. Kenobi apparaît de plus en plus comme un vagabond affaibli, sale, parfois lâche, voire même fou quand il est victime de visions. Un parti-pris audacieux en rupture avec ce que les fans attendaient, ce dont on ne se plaindra pas. Après tout, la nouvelle trilogie était victime de son manque d'audace, et on aurait apprécié un tel traitement pour Luke Skywalker (qui, dans The Last Jedi, est aussi fou et lâche, mais de façon caricaturale).
Dans ce troisième épisode, la série confirme son orientation vers un trip d'escorte galactique (à ne pas confondre avec un road trip d'escorts en Thaïlande). Dans la même logique que dans The Mandolorian (lui-même inspiré de Baby Cart, lui-même inspiré de Lone Wolf & Cub), le maître jedi fait office de garde du corps un peu largué par les événements, loin du général Kenobi de la Guerre des Clones. Il passe son temps à fuir, peine à utiliser la Force, commet des gaffes, et provoque l'empathie du spectateur attaché au personnage depuis des décennies.
Obi-wan Kenobi est donc une série résolument mature, et incroyablement violente, mais non exempte de défauts. Les scènes d'actions sont d'une platitude absolue, la photo souvent bien trop sombre, et le casting repose essentiellement sur le talent d'Ewan Mc Gregor. Mais surtout, chose surprenante, vu la note d'intention consistant à faire de Kenobi un anti-héros : elle affiche un fan-service un peu trop appuyé.
A partir d'ici, je me vois contraint de spoiler un peu. L'exploitation du personnage de Leïa peut se comprendre. Après tout, nous ignorions jusque-là comment elle pouvait connaître un ermite en exil sur une planète désertique. Ce d'autant plus que l'actrice est parfaite, et que son jeu s'inscrit dans la continuité de celui de Carrie Fisher. Là où le bât blesse, c'est quand Darth Vader nous apparaît dès le troisième épisode pour un duel infernal (au sens propre) après seulement quelques plans d'introduction. Certes, la série ne compte que six épisodes. Certes, Vader est plus effrayant que jamais. Certes, sa voix est assurée par le légendaire James Earl Jones, voix originale du seigneur Sith depuis 1977. Mais il apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe (dsl pour toutes ces expressions désuètes). En outre, comment justifier un Kenobi à ce point dominé, alors qu'il tiendra en respect Vader dix ans plus tard dans l'Étoile Noire ? Par ailleurs, celui-ci lui faisait remarquer que lors de leur dernière rencontre, il était l'élève et Kenobi le maître, ce qui n'est visiblement pas le cas...
Bref, Obi-wan Kenobi excelle en relatant le chemin de croix et la déchéance - psychologique et physique - d'un archétype de "vieux sage" qui dut affronter ses propres démons avant de former Luke Skywalker. La série nous rappelle ainsi que nous sommes alors à l'apogée de la puissance de l'Empire, dix ans après sa proclamation et dix ans avant sa chute. Le sentiment d'oppression et de fuite en avant est bien là, la tension est palpable, mais la série pêche toutefois par quelques facilités et un manque d'aptitude au grand spectacle. Tout cela sonne un peu comme un fan-made, là où The Mandalorian ressemblait parfois à un long métrage. Encore trois épisodes où, quoi qu'il arrive, on sait d'ores et déjà que Kenobi, Leïa et Darh Vader survivront, mais on ignore encore comment.